Au Parc des Princes,

C’est la marque des très grands: même absents, ils accaparent les pensées et leur ombre plane en permanence. C’est un peu ce qu’il s’est passé mercredi soir, lors de la victoire tranquille du PSG face à Guingamp en 16es de finale de Coupe de France. Tout avait commencé avant même le début des hostilités, quelques heures plus tôt, dans les pages du journal L’Equipe.

Le quotidien a laissé entendre que Neymar regrettait (déjà) son choix d’avoir rejoint la Ligue 1, et qu’il traînait avec lui un spleen de mauvais augure avant le 8e de finale aller de Ligue des champions face au Real Madrid. Une rumeur balayée des deux poings par Kevin Trapp en zone mixte après la qualif’: « Moi, de ce que je vois depuis qu’il est là, c’est qu’il n’a pas l’air d’être triste. La presse dit beaucoup de choses mais évidemment cela ne veut pas dire que c’est vrai ».

« Neymar-PSG-CUP unis pour Paris »

S’il trouve notre championnat « trop défensif et rude physiquement », ce n’est pas le seul motif qui expliquerait le mal-être de la star brésilienne dans l’hexagone. Souvenez-vous: lors de la peignée (8-0) infligée à des Dijonnais en PLS, Neymar était tombé sur les fesses en entendant une marée de sifflets retomber sur la pelouse au moment où il allait tirer (et transformer) le péno que Cavani s’était procuré. Le public du Parc attendait de lui qu’il offre le cadeau à l’Uruguayen, de manière à ce que Cavani devienne ce soir-là le meilleur buteur de l’histoire du club. Furieux et vexé d’entendre les supporters lancer des « Cavani, Cavani, Cavani » au moment où il allait s’élancer, Neymar avait quitté le terrain immédiatement après le coup de sifflet final, la mine vénère et le regard noir.

Si la rédaction des sports de 20 Minutes a elle aussi eu droit à son débat « bien ou pas bien de siffler Neymar, la star qui vient de claquer quatre buts et deux passes dé’? », on est tous arrivé à la conclusion: non, ce n’était pas bien malin de huer celui qui est censé emmener le PSG sur les plus hauts sommets. Visiblement, les supporters parisiens ont eu plus ou moins le même débat. Et la même conclusion. Alors que les joueurs parisiens et guingampais pénétraient sur la pelouse du Parc (sans Neymar, touché et resté en soin), le Collectif Ultras Paris (CUP) déployait une grande banderole et adressait un message à l’ancien Barcelonais: « Siffler nos joueurs est à l’opposé de nos valeurs, Neymar-PSG-CUP unis pour Paris ».

Faute avouée… De son côté, Neymar n’a pas pu voir en direct ce mea culpa des fans parisiens puisque, à la différence de Thiago Motta, Verratti, Mbappé ou Lassana Diarra, lui n’était pas présent dans les tribunes du Parc des Princes mercredi soir. Mais les réseaux sociaux et ses coéquipiers se chargeront bien vite de lui transmettre.

En conférence de presse d’après-match, Unai Emery a évoqué le sujet : « c’est un joueur dont il faut profiter, il est ici à Paris et c’est un grand joueur. Nous devons lui donner de l’affection. » Ce n’est pas un secret, pour être bien dans sa peau, dans ses pompes et dans son jeu, Neymar a besoin d’être câliné.

Lors de sa présentation début août dans un Parc blindé et en transe, le Brésilien avait pu mesurer à quel point les supporters du PSG étaient prêts à lui donner tout leur amour. Cette fois, avec ce petit mot d’excuse, ils lui montrent aussi qu’ils savent reconnaître leur erreur. Allez, sans rancune ?