Bien sûr, le TFC a battu Bordeaux, mardi soir (2-0), pour s’ouvrir les portes des quarts de finale de la Coupe de la Ligue. Mais, comme l’a reconnu Pascal Dupraz, « ce n’était pas une performance aboutie ». « Nous avons joué dans un contexte extrêmement spécial, a lâché l’entraîneur toulousain, au sortir de cette deuxième victoire d’affilée à domicile, après celle face à Caen samedi en Ligue 1 (2-0). Les supporters extrêmement courageux sont venus nous encourager. »

Seuls 8.851 spectateurs se sont déplacés sur l’île du Ramier pour vivre ce derby. Parmi eux, quelques dizaines d’Ultramarines bordelais, très remontés contre l'entraîneur girondin Jocelyn Gourvennec, et aussi, bien entendu, les Indians Tolosa 1993, le principal groupe ultra du TFC. Mais ce n’est vraiment pas d’eux dont parlait Dupraz au moment de féliciter le maigre public.

« La confiance est instaurée par le groupe, le coach, le club mais aussi par bien d’autres composantes, a-t-il glissé. La confiance, c’est peut-être de ne pas se faire siffler dès lors qu’il y a une passe en retrait. C’est ne pas pronostiquer la descente en Ligue 2 quand on a encore dix matchs à disputer, parce qu’on passe pour des cons quand, au bout du compte, on l’a fêtée pour rien. »

Le 20 février 2016, les membres du Projet TFC, collectif regroupant plusieurs groupes de supporters, dont les Indians, avaient improvisé une sauterie déjantée à l’occasion de la réception du Gazélec Ajaccio. Moins d’un mois plus tard, Dominique Arribagé était remplacé sur le banc du 19e de Ligue 1 par Pascal Dupraz, acteur principal du miracle du maintien.

Le Savoyard a visiblement mal digéré la cinglante lettre ouverte du groupe ultra, qui l’invitait entre autres à assumer « réellement [ses] responsabilités » dans la difficulté. Avant le week-end dernier, le TFC restait sur six matchs d’affilée sans succès.

« On voulait sortir ce texte plus tard, on n’avait même pas fixé de date, confie un membre des Indians. Mais ses propos en conférence de presse nous ont vraiment convaincus que ça allait trop loin. » La lettre a donc été publiée lundi, peu après les déclarations de Dupraz, qui évoquait son envie d’aller en finale de Coupe de la Ligue « pour m’apercevoir qu’il n’y a pas de supporters à Toulouse ».

Déjà latent, le conflit avait en fait véritablement éclaté après la défaite à domicile contre Nice (1-2), le 29 novembre. Affirmant avoir été victime d’insultes, Dupraz avait indiqué qu’il était prêt « à aller dans les tribunes pour en découdre ». Dans la lettre ouverte des Indians, cette menace a été tournée en dérision. Samedi contre Caen, les ultras toulousains avaient déjà sorti la carte de l’humour pour rédiger leurs banderoles, en s’inspirant de la série Kaamelott. Un message adressé aux dirigeants et au technicien, déjà.

Jusqu’où ira la guéguerre entre les deux parties ? Difficile à dire, tant les opposants ont du caractère. Mais pourquoi ne pas imaginer une grande réconciliation autour du trophée de la Coupe de la Ligue, à l’issue de la finale le 31 mars à Bordeaux.