Ligue 2 : Faruk Hadzibegic raconte les étapes qui ont conduit à son licenciement
FOOTBALL•Renvoyé fin septembre de Valenciennes, l'entraîneur rompt le silence et explique les étaps de son licenciement...François Launay
Jeudi dernier, Faruk Hadzibegic a reçu la lettre de licenciement qu’il attendait depuis un moi. Renvoyé du VAFC le 26 septembre après avoir passé quasiment deux ans dans le Hainaut, l’entraîneur a retrouvé sa liberté de parole. Il revient de faon chronologique sur les événements qui on précipité sa chute et sur ses relations compliquées avec Eddy Zdziech, le président du club nordiste.
Mi-juin : veille de la reprise de l’entraînement
« J’ai été choqué des critiques que le président nous a faits, au staff et à moi-même, la veille de la reprise de l’entraînement. On a tous été convoqués et on attendait un discours positif, qui nous motive. Mais il nous a dit qu’on était tous nuls. En gros, notre travail ne valait rien et seul lui avait la bonne méthode. On était choqués mais on a avalé la pilule même si personne ne l’a digéré. On a continué de bosser et on s’est remis en question avec l’ensemble des techniciens du club dans toutes les catégories »
Début juillet : La prolongation de contrat est repoussée
« Au départ, on était d’accord pour une prolongation car je n’avais pas des exigences inaccessibles. Mais on m’a expliqué, au début du stage de préparation, que le club avait des problèmes avec la DNCG et qu’il fallait repousser les discussions. Avec du recul, je pense que c’était juste un prétexte car la machine de mon remplacement était lancée beaucoup plus tôt que je l’imaginais. »
Juin-juillet-aôut : Un recrutement compliqué
« Le recrutement a été fait de manière unilatérale. Je travaillais avec la cellule de recrutement sur un certain type de joueurs depuis six mois. Il n’y avait pas beaucoup d’argent à ce moment-là mais on a vendu des joueurs qui ont amené une certaine stabilité économique. Du coup, le recrutement a dévié du genre : " Moi (le président), je décide et toi, tu es là pour accepter". Tout ça sans me consulter. J’ai découvert certains joueurs à la visite médicale et d’autres même après. J’ai choisi 40 % des joueurs, le président a fait le reste. »
Début septembre : Des doutes sur le potentiel de l’effectif
« C’était un devoir professionnel de dire à mon chef que l’effectif était plus faible que l’an passé. Il faut se dire les choses et si on n’est pas d’accord, ça ne veut pas forcément dire qu’on est fâché. Je n’allais pas dire que j’avais l’effectif de Manchester United. Mais ça ne voulait pas dire que mon engagement ne serait pas à 100 % pour VA ».
15 septembre : Porté aux nues après la victoire contre Lens
« On venait de battre Lens (1-0) pour la première fois depuis 27 ans. Après cette victoire dans le derby, on était les meilleurs au monde. Mourinho, Ancelotti, Guardiola, Wenger, Zidane ou encore Deschamps étaient plus petits que nous et dix jours après, on était des malpropres. C’est trop gros pour être vrai. Au bout de sept journées, on était à trois points du podium avec un effectif changé à plus de 50 %. »
26 septembre : le licenciement
«J’estime qu’un président a tout à fait le droit de prendre ce genre de décision. Mais il faut mettre de la manière. J’ai eu des relations avec beaucoup de présidents qui se sont terminées de façon amicale. Vu comme on m’a traité ici, je ne pense pas que ça se finira en amitié. On a dépassé les bornes. On a inventé un conflit pour me licencier. Il y a eu aussi des propos qui ont été déplacés à mon égard. Je ne reviendrai pas sur ça car j’ai une certaine éducation et une certaine classe. J’étais dans un état de choc pendant les trois, quatre jours qui ont suivi cette annonce. C’était une surprise complète et totale quand on m’a annoncé que je devais quitter mon poste. J’étais incapable de réfléchir et de répondre à toutes les questions qu’on me posait. Aujourd’hui, la page est tournée. »
14 novembre : VA : une expérience positive
« Je regarde le côté positif des choses en me disant que sur les sept joueurs qui sont partis et ont joué sous mes ordres, six sont aujourd’hui en Ligue 1 (Mbenza, Ciss, Fulgini, Da Costa, Tameze, Da Costa). Ça me donne une joie plus grande que la déception. C’est une belle réussite et une grosse satisfaction pour tous ceux qui ont participé à la formation de ces joueurs que ce soit dans le staff professionnel ou au centre de formation. On a aussi stabilisé le club en Ligue 2 et amené une sérénité qui était la base nécessaire pour la suite du travail. Il y a un potentiel humain extraordinaire au VAFC qu’il faut juste bien conduire. Moi, je vais continuer ma vie. C’était une belle histoire. »