Barça-PSG: Au final, Paris est-il meilleur sans Ibrahimovic?
FOOTBALL•Longtemps considéré comme insurmontable, le départ de Zlatan s’est révélé bénéfique six mois plus tard…B.V.
Il a suffi d’une broutille. Un petit 4-0 vite fait bien fait contre une petite équipe espagnole et d’un coup, les langues se délient. Rien de bien foufou, hein, mais quelques phrases par-ci par-là qui font réfléchir. Dans une interview donnée à Canal + juste avant le classico, et donc quelques semaines après la victoire monumentale contre le Barça, le latéral parisien Layvin Kurzawa évoque l’une des raisons pour lesquelles le PSG semble avoir passé un cap en Ligue des champions cette année.
« « C’est un manque, un grand manque. Après il y a des joueurs qui se sont libérés, comme Lucas. Zlatan prenait beaucoup de place, que ce soit dans le vestiaire ou sur le terrain. L’an dernier on attendait beaucoup de Zlatan, cette année on attend de tout le monde. » »
Doit-on comprendre que le PSG est meilleur sans le meilleur buteur de son histoire ? Il faut aujourd’hui reconnaître qu’est en train d’arriver exactement ce que le président parisien Nasser al-Khelaifi espérait début juin, lorsqu’il décidait que le combo Zlatan + Blanc avait fait son temps. Paris va perdre sa star planétaire ? Et alors ?
« « C’est un des changements du projet. On va recruter des joueurs qui apporteront encore plus à l’équipe. Au début, on a eu besoin de joueurs pour développer notre image. Aujourd’hui, grâce à eux, le PSG est connu partout dans le monde. Comme chaque année, on cherche des joueurs qui vont aider l’équipe à franchir un palier sur le terrain. On a besoin de joueurs qui mangent le gazon, prêts à mourir pour le club et pour ce maillot. » »
Et c’est ce qu’on a vu contre le Barça. Après le match, Christophe Dugarry en rigolait presque. « Le coach a parfaitement préparé son match. Il a réussi à faire ça sans Ibrahimovic, avec lui, cela aurait été impossible. »
Et le fait est qu’on a tendance à être d’accord avec lui. Parce qu’avec Zlatan, Paris n’a jamais impressionné l’Europe ni franchi un pallier qu’Emery a mis un seul match à atteindre. Evidemment, il faudrait obtenir d’improbables confidences de l’intérieur du vestiaire pour comprendre ce que le départ du Suédois a déclenché, mais si on pouvait traduire le « Zlatan prenait beaucoup de place » de Kurzawa, ça donnerait ça :
- Ne plus avoir à supporter l’égo surdimensionné et les états d’âmes de Zlatan dans un vestiaire, ça libère
- Toute la visibilité médiatique ne tourne plus autour de lui
- Les jeunes et les dernières recrues ne se sentent pas sous son joug
- Tous les ballons ne doivent pas passer par lui
- Doit-on rappeler que Zlatan a toujours été nul dans les grands matchs ?
Développons un peu le concept du « tous les ballons ne doivent plus passer par lui ». Tactiquement, le départ du buteur de Manchester United a ouvert un monde de possibilité au PSG. Florent Toniutti, créateur du site chroniquestactiques.fr, explique :
1) Paris joue plus vite vers l’avant
« La différence entre avec ou sans Zlatan, c’est qu’en Ligue 1 quand il décroche et se rend disponible, il n’y pas besoin de mettre du rythme et de l’intensité dans les sorties de balle, même face à un adversaire regroupé qui bloque les espaces. Tu lui mets la balle dans les pieds et tu sais qu’il va la garder et permettre de faire remonter ton bloc de 20 à 25 mètres. Sans ce point d’appui, il faut soit jouer plus vite soit jouer différemment. Désormais, quand Paris trouve un décalage, ça va beaucoup plus vite vers le but adverse car Cavani prend la profondeur, alors qu’avant on calmait le jeu en se disant « on a Zlatan devant on va décaler avec lui ». Contre le Barça et contre Marseille, Paris a su trouver des décalages très tôt sur le terrain, c’est une énorme amélioration. Le PSG est très dangereux sur attaques rapides. »
Exemple type : le but de Cavani face au Barça
2) Les autres joueurs existent beaucoup plus
« Paris a une palette offensive beaucoup plus large, c’est obligé. Cavani marque autant que Zlatan mais il n’a pas du tout le même poids dans le jeu. La perte d’Ibra est à redispatcher entre les autres joueurs. Verratti, par exemple, joue plus haut. En début de saison, les couloirs étaient aux latéraux et les ailiers rentraient dans l’espace laissé par Zlatan au centre. Puis Matuidi et Verratti l’ont fait aussi. C’est une énorme évolution, chaque joueur fait un peu plus. Les ailiers ont un plus gros apport dans le jeu offensif. »
Exemples types : ces captures où l’on voit bien que Cavani occupe la défense centrale, laissant soit les côtés libres pour les ailiers soit de l’espace entre les lignes pour s’engouffrer.
a3) Le pressing marche mieux quand Zlatan n’est pas là pour marcher
« Cavani en 9 pour le pressing c’est encore plus pratique, oui Paris presse plus sans Zlatan qu’avec. Mais c’est collectif. Grâce à Emery, l’équipe aussi est beaucoup plus prête pour presser de manière structurée ».
Exemple type : le but de Draxler face au Barça
Conclusion pour Florent Toniutti : « Zlatan est un énorme facilitateur de jeu pour gagner des titres vite et dominer un championnat chaque week-end en jouant les plus faibles, ce qu’il fait en Angleterre. Mais il ne pourra jamais être un grand joueur en Europe pour ces raisons-là. C’est un joueur sur lequel on se repose énormément. Il ralentit le jeu, le vampirise. »
Bref, pour répondre à la question posée par cet article : oui et non. Paris s’est offert un collectif capable de battre les meilleures équipes d’Europe mais galère enLigue 1 sans le talent de Zlatan. A voir s’il est plus important de ramener un nouveau titre de champion de France que d’exploser le Barça. Pour nous, c’est tout vu.