Si vous n’avez pas au moins une fois poireauté deux heures dans le froid d’un parking de banlieue pour gratter l’autographe de votre joueur préféré, c’est que vous n’êtes pas un vrai. Chaque semaine, des centaines de supporters ambiancent les centres d’entraînements des clubs de Ligue 1 à la recherche d’un selfie, d’une signature sur un maillot ou d’un échange avec les stars de notre championnat. Mais tout le monde n’est pas reçu de la même manière. Petit classement, vite fait comme ça à la coule, des clubs les plus ouverts.

« On rigole entre potes »

Exemple type : Les « petits », les promus et les clubs de Ligue 2

On part ici sur des vrais « petits » (rien de péjoratif) qui n’ont pas tout à fait perdu leur sens des réalités. Chez eux, l’extrême majorité des entraînements est ouverte au public, le contact avec les joueurs est facile, amical. Croyez-en quelqu’un qui s’est pointé à l’entraînement de Dijon lors d’un enterrement de vie de garçon avec 15 potes déguisés en fleurs, a trouvé le moyen de taper un foot sur un terrain annexe puis un quart d’heure de selfies avec la légende Florent Balmont (on a le mariage qu’on mérite).

Bref, c’est bonne ambiance. A Strasbourg, les supporters rigolent souvent des vannes du coach des gardiens Jean-Yves Hours, capable de se moquer des frappes des attaquants qui « mettent en danger le trafic aérien ». Dans ce club de Ligue 2, quatre ou cinq entraînements sont ouverts par semaine, et les joueurs viennent quasi systématiquement à la rencontre des supporters à la fin de la séance. Un traditionnel Fan’s Day est également dédié aux supporters en début d’exercice,2.500 personnes y étaient présentes cette année.

« Open bar sur les selfies »

Exemple type : Toulouse, Bordeaux, Saint-Etienne

S’il y a eu un effet Pascal Dupraz sur le terrain, ça a aussi été le cas en dehors. Dès son arrivée en mars, alors que Toulouse était quasiment condamné à la relégation en L2 et fermait la porte à ses fans, le coach a insisté sur les liens avec les supporters. « C’est un type comme ça ! A l’issue du premier entraînement, on a parlé pendant dix minutes », souligne Robert, vieux supporter du Téf'.

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Résultat : les supporters peuvent voir les joueurs et Dupraz avant qu’ils ne rejoignent les vestiaires du centre technique du Stadium, réaliser des selfies, leur faire signer des autographes. A Saint-Etienne aussi, la plupart des entraînements sont ouverts et les joueurs très largement disponibles. Bordeaux faut aussi partie de la classe des bons élèves. « On peut assister à tous les entraînements, on a même accès aux huis-clos cette année » explique Florian Brunet, porte-parole des supporters Ultramarines.

Fini l’époque Laurent Blanc où des bâches cachaient les terrains. « La chance qu’on a dans ce club c’est qu’on arrive à avoir une superbe proximité avec les joueurs pour leur dire ce qu’on pense, c’est extrêmement rare dans le football professionnel à mon avis », poursuit Diabate33. Comme quand, en début de saison, les Ultramarines sont venus interrompre l’entraînement en début de saison pour dire à André Poko ce qu’ils pensaient de la publication sur son Snapchat d’une photo où il arborait le maillot de l’OM en fumant une chicha.

« On se prend pour quelqu’un d’autre »

Exemple type : Nantes, Lille.

Bon, on est volontairement méchants mais disons que ces clubs-là ne détiennent pas le secret de la sauce du Big Mac et qu’il n’est peut-être pas nécessaire de fermer autant. Avec l’arrivée de René Girard sur le banc cet été, le FC Nantes s’est renfermé sur lui-même à la Jonelière. Réputé très ouvert historiquement, le centre d’entraînement n’est quasiment plus ouvert au public. Une bâche verte a été installée (sur plusieurs centaines mètres) sur le grillage séparant la route des terrains d’entraînement.

Le centre d'entraînement de Nantes est bâché
Le centre d'entraînement de Nantes est bâché - D. Phelippeau

« On ne rentre plus, regrette Maxime. C’est moins cool qu’avant. » Les supporters peuvent néanmoins communiquer avec les joueurs à la sortie du centre lorsque ces derniers partent en voiture. « Riou, Dupé, Rongier ou Dubois s’arrêtent, les autres s’en foutent, explique Maxime. T’as l’impression de les faire chier. »

Pas beaucoup mieux au Losc, où un entraînement par semaine est ouvert au public, souvent deux jours avant le match. Tout est encadré, les supporters doivent se garer à un endroit bien précis et attendre que des agents de sécurité viennent les chercher pour les diriger vers le terrain d’entraînement. Et si les joueurs sont plutôt disponibles dans l’ensemble, les supporters regrettent le côté « militaire ».

« On n’a pas le droit de se tenir debout sinon on est rappelé à l’ordre par des agents de sécurité. Et si on ne veut pas, on nous demande de partir » poursuit Laurent, fan depuis 25 ans. « Lors d’un entraînement à l’époque de René Girard, on s’était amusé à crier "tire" ou "passe" dès qu’un joueur touchait le ballon. Le coach s’est retourné vers nous en nous disant "S’il vous plait les gars, vous pouvez vous taire maintenant" ».

« On est un gros club mais on se soigne »

Exemple type : Marseille, Lyon

Ils ne sont pas historiquement les plus sympas, mais ils y travaillent. Malgré encore de nombreux entraînements à huis clos, l’OL et l’OM essaient de s’ouvrir de plus en plus. Les supporters lyonnais sont contents du changement de centre d’entraînement, désormais installé à Décines. « Tout est neuf et on peut être au bord du terrain pendant tout l’entraînement, et même avoir dédicaces et selfies juste après », expliquent Dylan et Joris.

La grande différence est là : plus besoin désormais d’attendre des plombes la sortie en voiture des joueurs pour éventuellement avoir droit à un petit souvenir. « Grenier, Tolisso et Gonalons viennent le plus facilement en général », indique Maxime.

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A Marseille, les temps ont changé. En même temps que les dirigeants ont fait peau neuve mi-octobre, les relations avec les supporters se sont nettement détendues. C’est simple, là où même les journalistes avaient difficilement accès aux terrains de la Commanderie (une fois par mois au pire moment), les fans (et la presse) ont quartier libre une fois par semaine depuis novembre.

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Tout n’est pas gagné non plus. Car si l’exercice que beaucoup préfèrent, c’est choper les stars en voiture à la volée au portail, rien n’est évident. « Faut avoir un peu de chance, ça dépend des jours, souffle Nicolas. J’ai envoyé une lettre au président Eyraud pour me plaindre de ça. Début novembre, on était deux ou trois à la barrière dehors, il faisait froid, il faisait nuit et pas un seul ne s’est arrêté, dénonce le jeune homme. C’est indigne d’un club comme l’OM. Ça fait partie de la base du footballeur. » Allez, encore un effort les gars.

« Ce sera huis clos pour tout le monde »

Exemple type : le PSG

« Ça doit bien faire quatre ans qu’il n’y a plus de séance ouverte au public, c’est dommage. » Le constat est signé Miloud Kotbi, supporter du PSG et responsable du site PSG Community. Autant dire qu’être fan du PSG, c’est pas évident. Au Camp des Loges, la tribune qui donnait accès à la séance a été détruite. Alors la seule solution pour accéder aux stars, c’est le parking, d’où ils sortent avec leur voiture. « Il y a pas mal de joueurs qui s’arrêtent, poursuit-il. Les Sud-Américains ou Blaise Matuidi par exemple, tu sens que ce n’est pas la corvée pour eux. »

Le Camp des Loges
Le Camp des Loges - Capture d'écran

Pour ce fan de longue date, « beaucoup de supporters se sont plaints du manque de proximité… Quand Zlatan, Silva et Motta sont arrivés il y’a eu une fracture qui s’est faite entre les deux parties à cause d’une sorte d’élitisme et d’isolement qui avait pris forme avec le huis clos. Ça impacte un peu leur attache au club. Comme ils n’ont pas connu l’époque où le camp des loges était la maison de la grande famille PSG, ils n’ont que cette image d’une institution fermée. Mais ça commence à changer à nouveau, petit à petit. »

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Notamment via le biais de séances de dédicaces organisées par des sponsors. La dernière en date, au Virgin Megastore, a donné lieu à un joli MannequinChallenge. C’est maigre, certes, mais c’est un début.