FOOTBALLEt si les Bleus n’avaient pas perdu contre la Bulgarie en 93 ?

30 ans de France-Bulgarie: Et si les Bleus n’avaient pas perdu sur un but assassin de Kostadinov ?

FOOTBALLOn vous raconte ce qu’il se serait passé ensuite…
Ginola, quelques secondes avant la qualification pour la Coupe du monde
Ginola, quelques secondes avant la qualification pour la Coupe du monde - GERARD JULIEN / AFP
Julien Laloye avec Baptiste Binet

Julien Laloye avec Baptiste Binet

L'essentiel

  • Il y a 7 ans, à l’occasion d’un match éliminatoire pour la Coupe du monde contre la Bulgarie, 20 minutes imaginait un scénario où le 17 novembre 1993 n’avait pas existé.
  • Ce soir-là, les Bleus avaient vu la Coupe du monde 94 s’envoler en perdant dans les arrêts de jeu sur un but de Kostadinov
  • Que se serait-il passé si le Bulgare n’avait pas marqué ?

EDIT : Ce papier a été publié en 2016, mais il n’a pas pris une ride alors que la France du foot « célèbre » les 30 ans de la pire soirée de son histoire

France-Bulgarie, 30 ans après

C’est encore, et peut-être pour toujours, le soir le plus triste de l’histoire du football français. Le 17 novembre 1993, un mercredi, . Elle tenait pourtant le nul qui la qualifiait pour la Coupe du monde 94, jusqu’à la dernière minute et cette mine de Kostadinov sous la barre de Lama. Mais que se serait-il passé si la frappe de l’attaquant bulgare avait filé dans les nuages ? 20 Minutes s’essaie au scénario fiction avant les retrouvailles pour de vrai, vendredi au Stade de France.

Ouf on peut souffler
Ouf on peut souffler - 20 minutes

Aux Etats-Unis, Gérard Houllier, conseillé dans cette voie par Aimé Jacquet, son adjoint, décide d’opter pour un 4-3-3 révolutionnaire à une époque où toutes les grandes nations jouent avec deux attaquants. Ça commence mal avant une entame ratée contre les SuperEagles. Babangida met la misère à Manu Petit qui ne sera plus jamais titulaire en équipe de France.

Heureusement, les Bleus se rattrapent contre l’Argentine lors du match suivant. Assigné au marquage de Maradona, Marcel Desailly étouffe la star argentine, qui sort à l’heure de jeu en insultant vigoureusement la mère du défenseur milanais. Star des journaux du lendemain, « le roc de Dallas » ne peut pas profiter de sa popularité bien longtemps.

Bye bye Marcel

Dans la foulée, Desailly est contrôlé positif à la nandrolone et doit quitter le pays à l’aube. Tous les Français apprennent à connaître le NY Post, dont la une, titrée « The walk of Shame », fait des ravages. C’est la fin de la carrière internationale de Marcel Desailly. Twitter ne le sait pas encore, mais il a perdu sa raison d’être inventé.

Le départ du grand Marcel soude encore un peu plus les Bleus, qui se hissent jusqu’en quarts de finale, où les attend l’ennemi allemand. On se dit que ça va se finir comme d’habitude jusqu’au coup de génie de Cantona, qui éclate le nez de Matthaus d’un kung-fu discret avant de marquer sur le corner suivant, libre de tout marquage (où est passé Lothar, mystère).

Le King balance après la rencontre :

« Das Kochemar franzosisch fur New Jersey », pleure le Bild du lendemain. Séville est vengé, mais l’obstacle italien est trop haut en demi-finale, où Baggio marque le tir au but victorieux. Pas grave, l’équipe de France a semé de belles promesses pour la suite.

En France, un seul débat anime le plateau de Téléfoot le dimanche matin. Faut-il ou non faire de la place à Zidane pour l’Euro 96 qui va se disputer en Angleterre ? Le Français vient d’être transféré au Milan AC, séduit par sa prestation lors de l’inoubliable victoire bordelaise contre les Italiens en Coupe de l’UEFA, mais il n’est pas beaucoup utilisé par Fabio Capello. Son concurrent, David Ginola, cartonne de son côté au Real Madrid, où sa complicité avec Raul, un jeune de la cantera, fait bander toutes les tertulias espagnoles. Houllier hésite mais Jacquet force le destin en faveur de Ginola.

Remplaçant du remplaçant, Zidane assiste depuis le banc aux chevauchés fantastiques d'« El magnifico », qui porte la France jusqu’en finale, avec 8 buts, le moment choisi par Cantona pour foutre le bordel. Le Mancunien refuse d’affronter « le pays qui lui a tout donné », et même le président Chirac, appelé à la rescousse pour convaincre la star de changer d’avis, est renvoyé dans ses 22 d’un élégant « sac à merde ». Houiller n’a pas d’autre choix que de titulariser Zidane. En manque de rythme et frustré par sa compétition, ZZ ne peut résister aux provocations de Paul Ince et se fait expulser après un coup de tête viril sur le joueur des Reds. Les Bleus s’inclinent et Houllier assassine son joueur en conférence de presse.

Tout le contraire d’un Ginola en pleine bourre et récompensé d’un Ballon d’Or en fin d’année, devant Paul Gascoigne et Karel Poborsky.

Après une demi-finale en 94 et une finale en 96, l’équipe de France semble sur le bon chemin pour remporter la Coupe du monde 98 qui aura lieu à la maison.

La (trop) longue campagne de matchs amicaux avant le grand rendez-vous est un véritable enfer à regarder. La France ne joue à rien, les blessés s’accumulent, et Houllier refuse de rajeunir son équipe qui se présente avec la moyenne d’âge la plus élevée du tournoi (31 ans). L’Equipe s’étrangle à la lecture de la liste finale :

Alors que Loko dépasse Henry sur le fil pour la place de joker offensif. Zidane, parti se relancer à Nice, est laissé de côté. Seul Anelka se fait une place dans les 23 grâce à sa belle fin de saison au PSG.

La phase de poule ne lève pas les doutes, loin de là. Une bourde de Lama contre l’Arabie Saoudite relance la polémique sur la préférence de Gérard Houllier pour les joueurs parisiens, alors que Fabien Barthez attend son tour sur le banc. C’est juste avant le huitième de finale contre le Paraguay que le scandale éclate. Nicolas Anelka est harcelé depuis le début du rassemblement par le gang des Marseillais (Di Meco, Deschamps, Angloma, Papin).

Le Lorenzo Lamas des Bouches du Rhône, qui s’était déjà chargé de Jacques Glassman dans la pénombre d’une zone industrielle valenciennoise, est chargé des basses besognes. C’est lui qui passera à tabac le petit Nicolas quand ce dernier ira se plaindre à Jacquet après la blague de trop, une poupée à son effigie pendue au lustre du plafond du salon principal du château. L’épisode est destructeur pour les Bleus.

Les médias du monde entier se gaussent du vaudeville, mais à Clairefontaine, c’est surtout la chasse à la taupe qui s’organise. Qui a pu lâcher toutes ces infos aux journalopes ? Pas Houllier, qui essaie tant bien que mal de préparer une équipe valable contre le Paraguay. Cantona, occupé à ravir le public parisien dans une pièce de Stefan Zweig, est hors de forme, et le groupe ne veut plus de Ginola, soupçonné d’avoir couché avec la moitié de leurs épouses.

Choisie par défaut, la doublette Loko-Maurice gâche une bonne dizaine d’occasions franches avant l’inéluctable. Un tir au but réussi par Chilavert devant Lama pour un désastre national. Houllier démissionne dans la foulée et l’équipe de France est à reconstruire.