Euro 2016: Pourquoi cette équipe de France est pleine d’avenir quand même
FOOTBALL•La défaite en finale contre le Portugal ne doit pas masquer les bonnes ondes qui ont accompagné le parcours des Bleus, et qui les accompagneront pour plus tard…Julien Laloye
C’est évidemment dur à vendre comme ça, à brûle-pourpoint, alors que cette finale perdue cogne encore fort dans les têtes. Mais il faut savoir se détacher de l’instant pour imaginer le futur, et celui de l’équipe de France est plus enchanteur que les images de déception inconsolables entrevues dimanche sur la pelouse du Stade de France. « Je suis fier des joueurs. On a passé 54 jours ensemble. J’ai eu un groupe extraordinaire à disposition, a reconnu Deschamps. Cela ne s’arrête pas là. On prend un coup sur la tête. Mais cela laisse envisager un avenir intéressant et des jours meilleurs. »
Tous ses leaders sont encore jeunes et vont prendre de l’expérience
Cette équipe de France n’est pas arrivée à l’Euro au bout de quelque chose, mais plutôt au début d’un chemin qui peut la mener loin. En dehors d’Evra, qui aura peut-être du mal à tenir jusqu’à la Coupe du monde 2018, tous les leaders qui incarnent cette génération ont dix ans de carrière internationale devant eux, et si certains ont un peu déçu, comme Pogba, ils ont le temps de devenir des plus grands joueurs encore, en club comme en sélection. Griezmann, après tout, n’a que 25 ans. Il vient de perdre deux grandes finales coup sur coup, mais il peut s’inspirer de Zidane. Le plus grand joueur de l’histoire tricolore avait 26 ans en 98, et jusque-là, c’était aussi un loser magnifique avec la France (demi-finale de l’euro en 96) et la Juventus (deux finales de C1 perdues).
« Griezmann : « Je vais en jouer d’autres, des finales, et je vais les gagner ? On aurait dû gagner cet Euro mais c’est le foot. Parfois il te donne, parfois il t’enlève. Il faut revenir plus fort et être prêt pour les qualifications. On veut prouver que cette génération a de l’avenir. » »
Les absents vont revenir
Il ne faut pas avoir la mémoire courte : depuis l’automne 2015, Deschamps a vu le ciel lui tomber sur la tête à plusieurs reprises, entre affaires extra-sportives (Benzema, Sakho) et l’épidémie incroyable de blessures jusqu’au tout dernier moment (Varane, Zouma, Mathieu). Arriver en finale dans ces conditions, c’était déjà un petit miracle, même si on ne sait jamais quand on en jouera une autre. A la rentrée, le staff pourra par exemple compter sur Raphaël Varane, dont l’absence a modifié tout l’équilibre défensif pendant l’Euro. Il faudra aussi régler le cas Benzema, à partir du moment où la justice se prononcera sur sa culpabilité dans le dossier de la sextape. Le Madrilène reste le meilleur avant-centre du pays, malgré le bon Euro de Giroud, et il semble difficile de décréter qu’on n’aura pas besoin de lui pour remporter le Mondial 2018.
Le potentiel offensif du foot français est immense
C’est une réalité dont il faudra que Deschamps tire les avantages au mieux. Il n’y a pas une nation dans le monde qui peut compter sur un réservoir d’attaquants aussi talentueux pour les années qui viennent. Martial, celui qui a le plus de potentiel, sûrement, n’a presque pas été utilisé en juin pour une mi-temps ratée contre l’Albanie. Fekir, s’il revient à son niveau cette saison, Lacazette, qui finira bien par convaincre le sélectionneur qu’il vaut mieux qu’un rôle de réserviste, Ben Arfa, s’il s’impose au PSG, peuvent être des solutions à très court terme pour accompagner Coman, Payet, Griezmann, et Giroud. On ne sait pas non plus jusqu’ou Dembélé peut aller, ni à quelle vitesse. Dans ce secteur, les perspectives sont infinies.
Un nivellement vers le bas de la concurrence
Cet Euro ne laissera pas une trace indélébile dans les esprits, tout comme la Copa America disputée un peu avant aux Etats-Unis. En dehors de l’Allemagne, la seule à montrer une maîtrise des événements durable malgré une défaite sévère contre les Bleus, aucune grande nation du jeu ne sort du lot. Le Portugal est un vainqueur minimaliste qui a failli ne pas passer le premier tour, l’Argentine va devoir faire sans Messi (pour l’instant), l’Espagne est à la fin d’un cycle, le Brésil au fond du trou, l’Italie n’a pas des joueurs à la hauteur du génie de ses entraîneurs, et pour la Belgique, c’est un peu l’inverse. Si les réalités du foot de sélection sont mouvantes, la France n’est pas la plus mal placée pour briller dans les années qui viennent.