Euro 2016: Thomas Müller n’arrête pas de parler sur le terrain, mais pour dire quoi?
FOOTBALL•Le génie original et infatigable de la Mannschaft est constamment en train de bavarder avec ses adversaires pendant l'Euro 2016...C.L.
«Ça vient », « j’ai »… Communiquer sur un terrain de foot, c’est essentiel. Du strict minimum permettant de protéger son gardien au débat dans le moulon pendant un coup franc. Au bout de cet éventail de tchatcheur, on trouve Thomas Müller. Le génie dégingandé n’arrête pas de parler pendant ses matchs. On l’a vu pendant son très long quart de finale contre l’Italie, à chaque fois que la caméra s’attardait sur lui, l’attaquant de la Mannschaft avait la bouche ouverte, deux fois sur trois un petit sourire en coin.
« Il parle de tout sauf de football »
« C’est un joueur qui parle beaucoup, confirme Karim Haggui, défenseur tunisien qui évolue outre-Rhin depuis 10 ans. Il a toujours des contacts, surtout avec les défenseurs adverses, pendant les temps où ça ne joue pas. » Pour les insulter en douce ? Les impressionner ? Pas du tout, « il parle de tout sauf de football, reprend le joueur du Fortuna Düsseldorf, en D2 allemande. Il bavarde, fait des blagues ou quand un joueur réclame une faute, il essaie de lui dire qu’il se trompe. »
Voire qu’il joue carrément la comédie. Comme samedi dernier quand Müller s’est rendu coupable d’une faute sur Chiellini. Le joueur du Bayern a reproché au défenseur central de la Juve d’en rajouter un peu. Comment lui a-t-il dit ? En mimant, avec son naturel désarmant, un enfant en train de couiner. La scène a même fait glousser Buffon, venu calmer les esprits mais se contentant de rire en repoussant légèrement l’Allemand.
Le Mister blague du Bayern
C'est que le troisième meilleur buteur du championnat allemand, est connu pour être un coéquipier blagueur.
Pêle-mêle, il a déjà :
- Imité Ronaldo à la perfection
- Perturbé un entraînement avec une voiturette
- Tiré un ballon sur des membres du staff
- Dansé de manière très contestable avec un costume bavarois
Le Bayern compile d’ailleurs avec autant de facilité ses plus beaux buts que ses performances de showman.
« Il profite de la confiance des défenseurs »
Mais en plein match, sa décontraction n’est qu’apparente. « Il est assez sérieux en fait, nuance Karim Haggui, je pense surtout qu’il veut se montrer gentil pour gagner la confiance des défenseurs. Il le fait exprès. Il discute, se fait accepter, puis après profite de la confiance pour attaquer. En face, on se dit qu’il est gentil, qu’il n’est pas agressif. Puis il parle bien, il est intelligent. Mais même si ce n’est pas le joueur le plus élégant, c’est le plus dangereux. »
En bon monsieur Tout le Monde, Thomas Müller (image de la marque de barbecue Weber), joue ici à fond un trait de caractère bien allemand. Si les Italiens ont une réputation - pas toujours usurpée - de chuteur professionnel, les Allemands ont eux pour habitude de communiquer. « En Bundesliga, les joueurs et entraîneurs donnent tout le temps leur avis, raconte Karim Haggui, il y a cette liberté. Et les arbitres laissent faire et répondent. En France, les arbitres sont plus stricts, ils ne laissent pas les joueurs s’exprimer. » Râleurs les Allemands ? Aucun rapport. « Ça communique mais c’est toujours fair-play. Sur le pénalty obtenu par l’Italie par exemple [en quart de finale de cet Euro], on n’a vu aucun Allemand se plaindre. »
Résultat, ça a fait 1-1 jusqu’aux tirs aux buts. Et Thomas Müller, seul face à Gigi Buffon et les lèvres closes cette fois-ci, a été stoppé par le gardien italien. Ça n’a pas empêché l’Allemagne de l’emporter, mais d’ici jeudi soir et la demi-finale contre les Bleus à Marseille, on sait quoi conseiller aux défenseurs français : des boules Quies.