FOOTBALLA Clairefontaine, c'est comme si les Bleus n'existaient pas

Euro 2016: Dans le village de Clairefontaine, c'est comme si les Bleus n'existaient pas

FOOTBALLEn contre-bas du domaine où sont rassemblés les joueurs de l'équipe de France pendant l'Euro 2016, le village de Clairefontaine vit sa petite vie, paisiblement...
Nicolas Camus

Nicolas Camus

A Clairefontaine,

Le vide, ça intrigue. A force de passer en voiture dans le village de Clairefontaine-en-Yvelines et de ne jamais voir personne, on s’est dit que quand même, il faudrait s’arrêter un jour. Alors mercredi, plutôt que d’aller voir Patrice Evra en conférence de presse au Château (désolé Pat), on est resté en bas. A la découverte de cette charmante bourgade de 926 habitants nichée dans le Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse, à 50 bornes et une bonne heure et demie de voiture (bouchons compris) au Sud-Ouest de Paris.

On vous conseille ce coin pour une après-midi VTT.
On vous conseille ce coin pour une après-midi VTT.  - 20 Minutes

Si on jouait à (feu) Pyramide et qu’on disait « Clairefontaine », le premier Laurent Broomhead venu dirait sûrement « Bleus », « Château » « huis clos » ou « retraite ». Bref, quelque chose en lien avec l’équipe de France. Et pourtant. « Le lien entre l’équipe de France et Clairefontaine ? Aucun. Ce sont deux parties bien distinctes, le centre technique en haut et le village en bas, dit d’emblée Claude Moussaoui, le patron du restaurant Le Rosé de Touraine. La notoriété du village vient de là, c’est sûr, mais c’est tout. Pour le reste, c’est un village tranquille, les gens aiment ça. »

Claude et Ginette Moussaoui ont sorti leur drapeau depuis le début de l'Euro, eux.
Claude et Ginette Moussaoui ont sorti leur drapeau depuis le début de l'Euro, eux.  - N.CAMUS

Tranquille, oui, c’est le mot. Seuls indices permettant de détecter une présence pas trop lointaine de joueurs de foot, deux banderoles, en face du restaurant, pour souhaiter « Bienvenue à la France ». Les habitués notent tout de même que quelques drapeaux tricolores qui n’étaient pas là au début de la compétition ont fait leur apparition.

Clairefontaine est ce qu'on appelle en géographie un village-rue.
Clairefontaine est ce qu'on appelle en géographie un village-rue.  - N.CAMUS

Un début de vie en bleu-blanc-rouge dans le village, qui n’a toutefois rien à voir avec ce qu’il avait vécu à l’été 1998. « A partir des quarts, c’était la folie, se souvient Claude Moussaoui. Il y avait tout le temps des gens, partout. » Dix-huit ans plus tard, alors qu’on en est au même stade de la compétition, on cherche désespérément âme qui vive. Et on n’est pas les seuls. « Vous n’avez croisé personne ? Effectivement, le village est un peu vide. Il n’y a pas une grande animation », note Léon-Patrick Ouazana, propriétaire des Terrasses de Clairefontaine, l’autre restaurant du village.

Ce dernier a ouvert il y a trois semaines seulement, « un peu plus tôt que prévu » sur la demande du maire. Bon, ça n’aurait pas été un drame d’attendre encore un peu finalement. « L’équipe de France n’est pas toujours là, et quand elle l’est, elle n’est pas accessible. Quelques personnes sont venues au début, mais elles ont vite compris et ils ne reviennent pas », raconte le patron.

L'intérieur des Terrasses de Clairefontaine, avec vue sympa sur l'étang.
L'intérieur des Terrasses de Clairefontaine, avec vue sympa sur l'étang.  - N.CAMUS

De toute façon, ce n’est pas ce que recherchent les habitants. Enfin d’après les gens qui en ont vu. Clairefontaine, c’est un village qui regorge de petites histoires concernant de grands noms. Bernard Arnault qui fait rayer son domaine de Google Maps, le père de Lambert Wilson qui fait construire un étang entre la route et sa maison pour la tranquillité de la famille, Jean-Paul Belmondo qui choisit la petite fontaine à côté de l’église, là où il était enfant de chœur il y a de nombreuses années, pour donner une interview avec son fils.

L’église, justement, est peut-être l’unique lieu qui lie vraiment le village aux Bleus. Enfin, à certains Bleus. Cabaye, Giroud et d’autres s’y rendraient de temps en temps pour prier. Le Père Jean-Jacques Villaine, 82 ans, habite toujours à côté même s’il est maintenant à la retraite. La bouteille de vinaigrette à la main - c’est l’heure de déjeuner -, il ouvre sa porte avec le sourire et confirme « avoir laissé une clé » au staff des Bleus pour qu’ils puissent venir à leur guise.

L'église où quelques Bleus se rendraient de temps à autre pour prier.
L'église où quelques Bleus se rendraient de temps à autre pour prier.  - N.CAMUS

L’église, l’étang, la petite école de 53 élèves, la mairie, voilà les lieux autour desquels tourne la petite vie locale. En attendant mieux. « Clairefontaine, c’est la Belle au Bois dormant, dit joliment Léon-Patrick Ouazana. Le village se réveille. Un musée d’art contemporain va ouvrir, une grande place du marché aussi, courant 2017, avec une boulangerie, un centre médical et des logements. Ça devrait donner un petit essor au centre. »

« Ce serait bien d’amener des jeunes couples ici, ajoute Claude Moussaoui. Pour que l’école ait toujours des enfants ». Loin des Bleus, Clairefontaine a ses problématiques de petit village comme il en existe tant en France. Et comme beaucoup d’autres, il installera un grand écran pour regarder les matchs à partir des demi-finales. Enfin, si les voisins du Château y mettent du leur…