FOOTBALLTaxis des Bleus: «Ils parlent tout bas de peur qu’on entende »

Euro 2016: «Ils parlent tout bas de peur qu’on écoute», les taxis des Bleus racontent

FOOTBALLLes internationaux sont obligés de passer par des chauffeurs de taxi pour rejoindre Clairefontaine…
Julien Laloye

Julien Laloye

Taxis et Clairefontaine. Une association d’idées qui mène aux mêmes souvenirs pourvu qu’on ait été assez vieux en 1998. Six exclus avant l’été victorieux, six départs en catimini avant la nuit, dans un taxi sombre comme les pensées des joueurs renvoyés. Vous nous voyez venir, mais torpillons ici les espoirs inconsidérés. Non, nous n’avons pas mis la main sur le chauffeur de Nicolas Anelka ou de Sabri Lamouchi la nuit du 22 mai 1998. « Ça remonte à beaucoup trop loin, nous indique-t-on à la Fédération. Depuis il y a eu au moins un ou deux appels d’offres, et c’est une petite compagnie parisienne qui gère l’affaire. » Laquelle n’a pas très envie de dévoiler le contenu de ses conversations secret-défense avec les internationaux français.

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« Il faut dire qu’on n’a jamais des conversations incroyables avec eux, lâche un collègue un peu plus disert. Là je cherche à une anecdote à vous raconter mais ça ne me vient pas », réfléchit Hichame, qui picore les miettes avec Pascal et Gilles, stationnés eux aussi dans le coin. Pour ceux qui ne savent pas, vient le moment de parler un peu géographie. Clairefontaine est un charmant petit village cossu des Yvelines absolument introuvable si on n’a pas de voiture. Et encore, la première fois, pour peu qu’il pleuve et que la nuit s’avance sans prévenir, on a l’impression de rentrer dans le bois de Brocéliande pour partir à la rencontre d’un monstre arthurien qui ne nous laissera pas forcément repartir.

Cartographie au pifomètre.
Cartographie au pifomètre.  - 20 minutes

Prudents, les internationaux convoqués au château passent donc par le taxi, surtout quand ils ne connaissent pas bien. Gilles s’est vite spécialisé dans les Lyonnais de l’époque Govou : « J’allais les chercher à la gare de Massy TGV, et on roulait jusqu’au château. J’ai le souvenir des mecs plutôt gentils. Coupet, il se mettait devant et il me demandait comment allait la famille. Moi je le félicitais pour ses titres avec Lyon, des choses comme ça. » Pascal a transporté Cabaye, Mandanda, Gignac ou encore Valbuena, mais il est moins enthousiaste : « Allez, disons que ceux d’aujourd’hui sont un peu plus sympas. Parce que je ne veux nommer personne, mais il y en a certains il y a quelques années, c’était à peine bonjour/bonsoir. » En fait, dans un taxi, les Bleus se divisent en trois catégories, expliquent nos deux acolytes.

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  • Ceux qui font des efforts. « Avec ceux qui veulent parler, on n’essaie de surtout pas parler foot, ils doivent entendre que ça toute la journée. On essaie de les lancer sur les bagnoles, ils aiment bien et nous aussi en général. Sinon on leur demande deux/trois trucs sur la ville où ils sont quand ils viennent de se faire transférer. Mais rien d’extraordinaire, on les traite comme des clients comme les autres. »
  • Ceux qui n’en ont rien à taper. « Il y en a qui vous zappent complètement. Ils ont un téléphone dans chaque main et c’est comme si vous n’existiez pas. Ça arrive avec plein de monde, on ne se formalise pas et on fait le trajet en silence. »
  • Ceux qui sont paranos. « Certains passent des coups de fil en parlant tout bas de peur qu’on les entende. Ils n’ont qu’une trouille, c’est que tout ce qui se passe dans la voiture soit rapporté dans les médias. Du coup ils ne parlent à haute voix que lorsqu’ils descendent. Bon, ils ne règlent pas leur transfert non plus, hein. »

Venons-en à la question qui nous brûle les lèvres. Et pour organiser les bringues de fin de soirée, quand ils font le mur ou qu’ils ont la permission de 23h pour aller faire les fous sur les Champs-Elysées ? Le taxi, y va pas partout ? « On aimerait bien, rigole Gilles, mais ce n’est pas nous qu’ils appellent pour s’amuser. Ils préfèrent passer par un copain. Faut voir les voitures qui rentrent sur le perron ces jours-là, des Ferrari, des modèles de luxe, c’est un peu tape à l’œil. » Des pratiques auxquelles la Fédération essaie de mettre fin, notamment depuis que Sakho est arrivé en Rolls à Clairefontaine.

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Désormais, les joueurs qui viennent par leurs propres moyens doivent descendre de leur véhicule et prendre un taxi avant de pénétrer dans le château, c’est mieux pour les caméras. « On n’a jamais fait ça », s’étonnent en choeur nos nouveaux amis. En revanche, ils ont tous entendu parler de l’épisode Barthez qui demande au taxi de l’attendre toute la journée à côté du terrain, du temps ou le champion du monde venait donner ses conseils à ses successeurs dans la cage tricolore. 1200 euros, ou 720, selon les versions, une somme que la Fédération n’a jamais voulu rembourser. « Un petit veinard celui qui l’a pris ce jour-là ». Jaloux messieurs ?