FOOTBALLRussie: Le match de la dernière chance vu par les orthodoxes de Toulouse

Euro 2016: Les orthodoxes de Toulouse pas fans de la Russie avant le match de la dernière chance

FOOTBALLLundi, la Russie joue sa place en huitièmes de finale de l’Euro face au pays de Galles, au Stadium de Toulouse, 10.000 Russes sont attendus mais dimanche, ils étaient très discrets, même à l’église orthodoxe…
Nicolas Stival

Nicolas Stival

Une maison transformée en lieu de culte voici près de 30 ans, en face de l’immense chantier de l’écoquartier de la Cartoucherie. Bienvenue à l’église orthodoxe de rite russe Saint-Nicolas le Thaumaturge. En ce dimanche, près d’une centaine de personnes de tous âges est venue de toute la région toulousaine fêter la Pentecôte, l’une des principales fêtes de cette branche du christianisme. Lundi soir, le Stadium accueillera un Russie – Pays de Galles potentiellement explosif, dans le cadre de l’Euro 2016.

Mais l’affiche n’émeut guère les fidèles. Si la paroisse a été fondée par des émigrés russes après la Révolution de 1917 et la chute du tsarisme, la communauté s’est depuis extrêmement diversifiée. Le jeune prêtre est ukrainien et ne tient pas à parler d’un sport qui ne l’intéresse pas. Il dit la messe, en français et en russe, à une assistance où l’on retrouve notamment des Moldaves, des Ethiopiens et beaucoup de Géorgiens comme Ramaz. Le quadragénaire est éducateur de rugby au Toulouse Université Club et n’aime pas vraiment le foot : « la mentalité des supporters, c’est n’importe quoi. Pour l’instant, on n’en est pas là au rugby, heureusement. »

Un office dans l'église orthodoxe Saint-Nicolas le Thaumaturge, à Toulouse.
Un office dans l'église orthodoxe Saint-Nicolas le Thaumaturge, à Toulouse. - Paroisse Saint-Nicolas le Thaumaturge

Nicolas est un Français d’une vingtaine d’années, descendant de Russes blancs. Le jeune homme soutient les Bleus et devait « regarder France – Suisse », dimanche soir. Quant à Sergy, autre « quadra » de nationalité russe, il aime « voir du bon football », sans chauvinisme. Aucun fan d' Artem Dzyuba et de ses coéquipiers dans l’assistance ? On finit par tomber sur Farid, étudiant libanais de 22 ans, qui regarde « les grandes compétitions de foot, surtout la France et la Russie ».

A la différence des Gallois, les « vrais » supporters russes sont aussi invisibles à l’église que dans le reste de la ville. Et puis, George et Natacha arrivent vers 13 h. La messe, au premier étage de l’édifice, est finie depuis longtemps, et les paroissiens quittent peu à peu les lieux, après avoir partagé nourriture et café au rez-de-chaussée. Les trentenaires russes débarquent de Londres où ils travaillent dans les médias.

George et Natacha, deux supporters russes venus prier à l'église orthodoxe Saint-Nicolas le Thaumaturge de Toulouse.
George et Natacha, deux supporters russes venus prier à l'église orthodoxe Saint-Nicolas le Thaumaturge de Toulouse. - N. Stival / 20 Minutes

Après avoir assisté au nul de leur équipe à Marseille contre l’Angleterre (1-1), puis à la défaite à Lille face à la Slovaquie (1-2), ils viennent voir leurs favoris tenter d’arracher leur place en huitièmes de finale face au pays de Galles. Mais avant d’enfiler le maillot, lundi, le couple est venu prier. « Même si l’église était à 50 km, on y serait allé car c’est un jour très important pour les orthodoxes, indique George, en anglais. Nous prions pour notre famille et nos proches, pas pour du foot. » Même si la sélection est mal en point…

Gazés par les forces de l’ordre à Marseille

D’ailleurs, le couple ne déborde pas d’optimisme quant à une possible qualification. « Difficile de faire un pronostic, nous sommes tellement imprévisibles », sourit Natacha. Et quid de possibles débordements ? « Cela aussi, c’est imprévisible, lâche George. Mais la plupart des hooligans sont repartis à Moscou après les incidents de Marseille. Ils ne veulent pas avoir de soucis avec la justice française. » George et Natacha, eux, ont quelques griefs à l’encontre de la police. « On s’est fait gazer ! tonne Natacha. A Marseille, la police n’a pas fait la différence entre les supporters violents et les gens normaux, c’est un manque de professionnalisme. »

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Les Russes avaient pourtant été mis en garde de certains dangers potentiels pendant l’Euro. « Avant de venir en France, je me suis rendu au monastère de Valaam (l’un des hauts lieux de l’orthodoxie), explique George. Au moment de demander une bénédiction, l’un des moines m’a dit : "Et si tu allais à Chypre, plutôt ?" » A l’époque, il était question de menaces terroristes plus que de heurts entre hooligans.