Euro 2016: Comment Dimitri est devenu Payet, entre Nantes, Sainté, Lille et l'OM
FOOTBALL•Le milieu de terrain des Bleus Dimitri Payet, avant d'exploser en Angleterre, a fait un petit tour de France...C.L., F.L., J.L. et D.P.
Nantes (2005-2007), Saint-Etienne (2007-2011), Lille (2011-2013), Marseille (2013-2015). Avant de rejoindre West Ham en Angleterre, le milieu de terrain des Bleus Dimitri Payet a effectué un petit tour de France. Sans toujours convaincre, mais en laissant souvent l’image d’un talent fou et d’un personnage au caractère bien trempé. 20 Minutes a recueilli le témoignage d’un acteur de chaque club français fréquenté par la nouvelle star de l’équipe de France.
>> Samuel Fenillat (actuel directeur du centre de formation du FCN, coach de Payet à son arrivée à Nantes en 2005) : « Il aimait s’amuser, bouger »
« Dimitri est arrivé en janvier 2005 à Nantes. Il a fait les premiers entraînements et rapidement, il a participé à un tour de Gambardella, à Bourges. Il était entré à la pause. Ça n’avait pas été forcément concluant car il avait fait preuve de beaucoup de suffisance. Il était agaçant. De plus, le terrain était gelé, il neigeait… Je lui avais passé une soufflante ! Il avait un regard hagard et semblait dire : « Mais que se passe-t-il ? » Il avait ensuite bien fini la saison avec toujours cet art du contre-pied balle au pied. Dans ses passes, ses dribbles etc. Les gestes qu’il fait aujourd’hui, il les faisait déjà à l’époque. Par son jeu et sa façon d’être, il paraissait arrogant. Il s’aimait bien, on va dire. C’est ce qui faisait sa force. Il avait déjà une grosse confiance en lui. A l’époque, il aimait s’amuser, il vivait sa vie d’ado. On l’a repris plusieurs fois parce qu’il aimait « bouger ». Pour lui et certains de ses copains réunionnais, le rhum, c’était l’eau pour nous. Il aimait la vie. On sent qu’il a mûri, grandi… »
>> Abdel Bouhazama (actuel directeur du centre de formation d’Angers, ex-entraîneur des U19 de l’ASSE puis directeur du centre de formation de l’ASSE, le tout entre 2007 et 2013) : « Dimitri répondait présent dans les moments importants. »
« Dimitri Payet est arrivé à 20 ans à Saint-Etienne (il y a joué de 2007 à 2011) et il venait souvent voir les jeunes du centre de formation, d’autant qu’il y avait plusieurs joueurs réunionnais. On sentait qu’il se souciait vraiment des autres. Il jouait avec l’équipe professionnelle, mais il faisait preuve de beaucoup de simplicité et d’humilité avec les jeunes du club. C’est un affectif et j’ai retrouvé ça en le voyant ému après la victoire contre la Roumanie. Sur le terrain, on se rendait vite compte de son talent. Laurent Roussey (entraîneur des Verts de 2007 à 2008) lui reprochait une forme de nonchalance sur le terrain. Peut-être qu’on demandait beaucoup à un jeune de 20 ans. Pour moi, son attitude était plus liée à son âge qu’à de la fainéantise. A cette époque, les gens parlaient d’un manque de maturité le concernant. Mais à 22 ans, c’était déjà un père de famille. Dimitri répondait présent dans les moments importants. On le savait capable de coups d’éclat en dribbles mais ce qui m’impressionne le plus aujourd’hui, c’est de le voir à ce point dépositaire du jeu des Bleus. Il y a l’équipe de France avec Payet et l’équipe de France sans Payet. Il prend les rails de Platini ou Zidane dans cette équipe. »
>>Rudi Garcia, entraîneur de Payet au LOSC de 2011 à 2013, sans club actuellement : « Le fait d’être complètement ambidextre, il l’a toujours eu aussi. »
« A Lille, Dimitri avait déjà évolué à ce niveau-là. Pas les six premiers mois car il avait eu besoin d’un temps d’adaptation. Mais lors de la deuxième partie de saison (6 buts, 6 passes décisives), il avait été comme ça avec Eden (Hazard). Et il a été surtout comme ça lors de sa deuxième saison (12 buts, 12 passes décisives) où il était un joueur important. Désormais, il est en train d’exploiter tout son potentiel. Il arrive à maturité, il a l’expérience pour vivre ses meilleurs moments qui, j’espère, sont encore à venir dans cet Euro. Il fait partie des plus grands maintenant. Il a toujours eu ce talent et cette qualité sur coups de pieds arrêtés. Le fait d’être complètement ambidextre, il l’a toujours eu aussi. Après, c’est un joueur qui a peut-être maturé un peu plus tard que les autres. Mais c’est un formidable compétiteur avec du caractère. Il y a des joueurs qui ont un grand potentiel et un grand talent mais qui ne l’atteignent jamais. Dimitri a démontré qu’il pouvait être le joueur le plus créatif de l’équipe de France. Et pourtant, dans cette équipe, il évolue comme attaquant et pas comme numéro 10. Pour moi, son meilleur poste, c’est celui qu’il a aujourd’hui en équipe de France dans ce 4-3-3 c’est-à-dire attaquant sur le côté gauche, même s’il ne reste pas souvent à gauche. Il peut aussi évoluer comme meneur de jeu dans un 4-2-3-1. Mais à Lille, je l’utilisais à gauche car c’est là où il aime jouer. »
>> Pof, supporter olympien et contributeur sur OMForum.com : « Payet ne deviendra pas une légende à Marseille »
« Si on l’a autant aimé, c’est à 100 % pour son niveau. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas eu un vrai distributeur, un mec avec une vision du jeu hors du commun. Mais Payet n’est pas non plus une idole totale à Marseille. La vraie star de sa bonne année, c’était Bielsa. Surtout que Payet n’a jamais clamé son amour de l’OM. Même Drogba qui avait un niveau de jeu fabuleux a toujours revendiqué son amour pour le club. Par chauvinisme, on aime bien rappeler que le joueur qui met des coups francs de dingue, est passé par là et on reconnaît tous son niveau de jeu incroyable. Mais à mon sens, il ne deviendra pas une légende ici. »