Euro 2016: Je dois vous dire, j’ai un petit crush sur l’Ukraine
FOOTBALL•Ce serait beaucoup moins drôle de fondre pour l'Espagne, avouez...C.L.
A Aix-en-Provence
A première vue, on rechignerait un peu à approcher l’équipe nationale d’Ukraine. Ils ne sont ni favoris à l’Euro 2016, ni rangés dans les surprises potentielles. Quasiment aucun de ses joueurs n’est engagé dans un championnat qu’on suit vraiment. La « Premier Liha », vous connaissez, vous ? La plupart joue au Shaktar Donetsk, au Dynamo Kiev voire au Dnipro Dnipropetrovsk. On ne va pas se mentir, la méconnaissance globale du foot des pays de l’Est et le nombre de « y » et de « k » de leurs noms, n’aide pas.
Leur fâcheuse tendance à se mettre des coups de pied assassins entre coéquipiers (coucou Yarmolenko) autant qu’entre députés – on ne parlera même pas de leurs bastons entre supporters-, non plus.
Oui, mais voilà.
Cantoner l’Ukraine à l’indifférence, ce serait occulter tous ces moments où on a bien envie de les prendre tous en paquet dans nos petits bras.
Des Ultras qui craquent des fumis pour la bonne cause, j’aime ça
Déjà, leurs Ultras bien bourrins (mais à différencier des hooligans locaux), sont aussi capables de nous tirer des larmes. Après les attentats de Paris, la banderole des Marseillais « Nous sommes Paris », avait ému les Français (et un peu bizarrement surpris aussi, mais c’est un autre débat). Meurtris par une crise politique depuis 2013, leurs collègues slaves ont fait bien mieux. Ils ont défilé main dans la main à Kiev, avant d’organiser un spectacle pyrotechnique (à base de fumigènes) sur un pont de la capitale.
Banderoles et chants pro-indépendantistes se succèdent ainsi dans les stades du pays, par exemple :
« »
- « La liberté plus forte que les armes nucléaires »
- « Que la paix règne sur le ciel étoilé de notre Donbass »
- « Poutine, tête de b*** » (c’est pas toujours poétique, hein - la vidéo est plus haut)
- « Hourra pour Maïdan, hourra pour le peuple »
- « Les héros de Maïdan ne meurent jamais »
Vous connaissez Zozulya, le militant politique ?
Parmi les plus engagés dans la cause ukrainienne, on trouve même quelques joueurs. Roman Zozulya est sans doute le plus investi. L’attaquant du Dnipro Dnipropetrovsk, à la coupe de cheveux somme toute contestable, est plus connu pour être celui qui a failli faire rater le Mondial brésilien aux Bleus. C’est aussi l’homme qui aurait pu faire douter les Allemands si Boateng n’avait pas donné dans le retourné acrobatique.
Mais Zozulya est surtout connu dans son pays pour être l’homme qui collecte des fonds pour les gens coincés dans le Donbass (à l’Est de l’Ukraine, où les affrontements se déroulent). Un petit tour sur sa page Facebook donne un aperçu de ses actions. L’avant-centre a par exemple mis aux enchères, fin mai, un maillot du Barça signé par Messi, au profit des enfants du Donbass. En février, il acheminait directement des vivres en zone de guerre. En décembre 2015, c’est sa médaille de finaliste de ligue Europa 2015 (gagné par Séville), qu’il vendait aux profits des sinistrés.
Pépouze dans la piscine glacée
Et Zozulya le patriote, était parmi ses collègues, lors de leur premier entraînement public dans leur fief temporaire d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), pendant l’Euro. Autant vous dire que la séance n’a fait qu’accroître leur capital sympathie. Déjà, la vingtaine de journalistes présents a eu accès sans problème au bord du terrain, frôlant les membres du staff. Pouvant, oui, à la volée, interpeller la légende Schevchenko.
Ensuite, plusieurs joueurs ont signé pendant de longues minutes des autographes aux admirateurs locaux et ne refusant jamais un selfie. Avant ça, les joueurs ont tiré une bonne dizaine de ballons dans les tribunes du Stade Carcassonne (là où Zlatan s’est fait houspiller par la fédé suédoise pour le même geste).
Enfin, public comme journaliste, ont assisté à une scène cocasse. Pendant que les joueurs tentaient de tromper leur gardien, une piscine auto-portante pleine d’eau était remplie, des membres du staff se sont succédé pour y vider d’énormes sacs de glaçons, sous le regard un peu interloqué des journalistes. A la fin de la séance, tous les joueurs sont venus s’y détendre les muscles. Non pas que la pratique soit innovante, mais faire ça en bord de terrain aux yeux de tous, dans une piscine qu’on peut trouver à moins de 20 euros chez Gifi, et en plus, en prenant la pose tout sourire, bah moi, j’ai trouvé ça cool.