VIDEO. Euro 2016: Marseille va-t-il se transformer en «fight zone» à cause des Anglais ?
FOOTBALL•Les incidents d'Angleterre-Tunisie en 1998 sont dans toutes les mémoires, alors que les supporters de l'Angleterre et de la Russie sont attendus pour l'Euro 2016...C.L.
Drapeau russe noué autour du coup, Thomas, qui est en fait belge, a réussi son test à Marseille. « On est arrivés ce matin, on s’est promené au mileu des Anglais avec le drapeau pour voir si ça chauffait, mais tout s’est bien passé ». Et au pire, « la sécurité, on la fera nous », lance son voisin en pleine séance de bronzage sur la terrasse du Marengo. Dans ce bar jouxtant le Vieux-Port, les chaises ont pourtant volé tard la nuit dernière, à 24 heures du début de l’Euro. « Les serveurs ont essayé de fermer la porte, revit une cliente, et un serveur a été blessé à la joue par une bouteille ».
Autour du Quai de Rive Neuve, des supporters anglais, entre 200 et 500 selon les témoignages, ont affronté des groupes d’individus marseillais. Deux fans ont été interpellés, au terme de troubles qui n’ont duré que quelques minutes. Mais qui pourraient s’intensifier ce week-end.
« Le pire week-end de l’Euro »
A quelques heures du match de la France et à 24h du choc Angleterre-Russie, les débordements de 1998 sont dans tous les esprits. D’autant que c’est ce vendredi que les supporters d’Outre-Manche débarquent en masse. Sur les terrasses du Vieux-Port, les bières s’enchaînent dès le matin ce vendredi. Les torses se dénudent déjà. Et les valises sont nombreuses, fraîchement débarquées de l’avion. Dans les cafés assaillis de journalistes, on prédit déjà le « pire week-end de l’Euro ».
En attendant, des établissements ont déjà décidé de fermer leurs terrasses. Anthony, manager du O’Malley’s, ne laissera aucune chaise ni table à l’extérieur. « Tout ce qui sera dehors sera scellé, explique Pierre, gérant du Temple, qui a doublé le nombre de ses agents de sécurité. On hésite à sortir la télé. Mais si on la rentre, on perd 40 % de notre chiffre d’affaires, pendant le mois le plus important de l’année. »
La fan-zone « staliniste »
Si les forces de l’ordre ont réagi très rapidement jeudi soir, usant de gaz lacrymogène, beaucoup craignent qu’elles se concentrent désormais autour du Prado, à 3km de là, où la fan-zone ouvrira ses portes vendredi. Accoudé à une table du Queen Victoria, sur le Vieux-Port, Jamie promet de ne pas quitter son poste jusqu’à ce soir. « Il se passera ce qu’il se passera », lâche froidement le Londonien. La fan-zone, il ne sait même pas où elle est. « On ne peut pas rentrer d’alcool ni de nourriture », râle un de ses compatriotes, quand d’autres ont le sentiment de « mesures stalinistes » qui les traitent « comme des moutons ».
Les autorités « cherchent beaucoup à se dédouaner de leurs responsabilités, analyse Pierre. Ils auraient dû être au contact des commerçants, nous qui avons l’habitude de ce genre de populations. On nous pond des pseudo-arrêtés contradictoires [à propos des terrasses], c’est le flou. » Hors micro, certains sont encore plus virulents. « Ils veulent tuer les commerces du centre-ville, s’emporte un commerçant, ils veulent que tout le monde aille dans la fan-zone. » Dépité, il redoute une fermeture administrative après la visite de policiers qui l’accusent de servir des clients ivres. « Et dans la fan-zone, ils seront pas ivres peut-être ? » Sollicitée, la mairie de Marseille n’a pas souhaité réagir. La Préfecture des Bouches-du-Rhône, elle, se félicite de la « qualité », du dispositif.