FOOTBALLDjibril Cissé : « Même quinze ans après, je me souviens des buts que je n'ai pas marqués »

Djibril Cissé : « Même quinze ans après, je me souviens des buts que je n'ai pas marqués »

FOOTBALLL’ancien attaquant des Bleus, d’Auxerre, de Liverpool et de l’OM retrace sa carrière dans un livre qui paraît ce mardi…
Djibril Cissé, 41 sélections en équipe de France de football.
Djibril Cissé, 41 sélections en équipe de France de football. -  ISA HARSIN/SIPA
Guilhem Richaud

Propos recueillis par Guilhem Richaud

«On n’écrit pas son autobiographie à 34 ans. On écrit un livre avec des tranches de vie. » Jeune retraité des terrains, Djibril Cissé publie ce mardi un Lion ne meurt jamais, aux éditions Talent Sport, coécrit avec Laurence Lorenzon, dans lequel il retrace sa carrière. Pour l’occasion, 20 Minutes lui a proposé de commenter les citations célèbres et autres proverbes, qu’il utilise à foison pour raconter sa vie.

« Le difficile c’est ce qui peut être fait tout de suite. L’impossible, c’est ce qui prend un peu plus de temps. »

Ce proverbe illustre bien ma carrière qui contient de beaucoup de hauts et de bas. Entre les blessures et les non-sélections je n’ai pas été verni. Mais revenir une fois, puis deux fois, puis trois fois, comme je l’ai fait, c’est quand même pas mal. On m’a envoyé plusieurs fois vers une retraite anticipée, j’ai toujours réussi à relever la tête. Je n’ai jamais rien lâché. Un champion est programmé sur la durée, et pour un seul exploit. C’est un travail de long terme.

« J’ai raté 9.000 tirs dans ma carrière. J’ai perdu presque 300 matchs. Vingt-six fois, on m’a fait confiance pour prendre un tir de la victoire et j’ai raté. J’ai échoué encore et encore et encore dans ma vie. Et c’est pourquoi j’ai réussi. »

C’est une citation de Michael Jordan. Moi aussi je suis très dur avec moi-même. Je me souviens d’un match contre Rennes avec Auxerre. J’avais mis quatre buts, et raté le cinquième en toute fin de match alors qu’il était facile. Ce moment-là, je l’ai encore en tête quinze ans après. Et ça me fait chier de ne pas l’avoir marqué. Je me souviens de tous mes buts, mais je me souviens de beaucoup de mes loupés. Je suis quelqu’un qui aime les choses bien faites. Et il y en a qu’on n’a pas le droit de rater.

En larmes, Djibril Cissé a annoncé sa retraite sur le plateau de J + 1, après un message vidéo de Guy Roux.

Posté par Canal Football Club sur lundi 19 octobre 2015

En larmes, Djibril Cissé a annoncé sa retraite sur le plateau de J + 1, après un message vidéo de Guy Roux.

Posté par Canal Football Club sur lundi 19 octobre 2015
Canal Football Club

En larmes, Djibril Cissé a annoncé sa retraite sur le plateau de J + 1, après un message vidéo de Guy Roux.

Posté par Canal Football Club sur lundi 19 octobre 2015

« Petit frère a déserté les terrains de jeux. Il marche à peine et veut des bottes de sept lieues. Petit frère veut grandir trop vite. Mais il a oublié que rien ne sert de courir, petit frère. »

Je suis d’Arles. Donc forcément, Cette phrase symbolise parfaitement le rôle qu’a tenu mon frère Abou, notamment au début de ma carrière. Mon père a quitté la maison tôt, c’est lui qui a tenu son rôle. Il m’a montré le sens de la vie. Je me souviens d’une période, au tout début, à Auxerre, où j’étais sur le banc et très impatient de jouer. Je ne comprenais pas pourquoi le coach ne m’utilisait pas. Bologne a voulu me recruter, je voulais partir à tout prix. Mon frère Abou m’a dit : « T’es jeune, c’est une course de fond. Si tu pars à Bologne tu vas faire quelques saisons et on ne te verra plus. » Quinze ans après, il a eu raison.

« Petit à petit l’homme finit par devenir moins petit… »

C’est un proverbe ivoirien, d’où sont originaires mes parents. Il signifie qu’un enfant ne devient un homme qu’avec le temps. Il le fait par étapes. C’est ce que j’ai fait en restant un peu plus longtemps à Auxerre avant de partir à Liverpool, alors que j’avais été sollicité l’année d’avant. Si j’avais signé à ce moment-là, je n’aurais jamais fait la plus belle saison de ma carrière.

« You’ll never walk alone. »

C’est la chanson des supporters de Liverpool. Elle s’applique aussi à moi. J’ai toujours été très bien entouré. Ma mère, mon frère. Mais aussi Guy Roux et Raymond Domenech (qui signe la préface de son livre), avec qui j’ai travaillé en espoirs et avec les Bleus. J’ai aussi eu le soutien permanent même lors des blessures de Jean-Louis Legrand, le représentant d’Adidas, qui m’a toujours soutenu. C’est important d’être bien entouré pour éviter de faire des bêtises. J’en ai fait, mais ils m’ont évité de faire des grosses conneries. Aujourd’hui, à chaque fois que j’ai une décision importante à prendre, j’appelle Guy Roux pour me conseiller. Raymond aussi de temps en temps. Je n’ai jamais été seul.

« Un lion ne meurt jamais, il dort. »

Cette citation a été inscrite sur un mur du stade Bollaert à Lens en hommage à Marc-Vivien Foé, décédé en plein match lors de la Coupe des Confédération 2003. Je jouais cette compétition avec les Bleus, ça m’avait beaucoup retourné. Je me la suis fait tatouer dans le dos. Le mot lion colle à mon caractère. Quand il y a quelque chose qui ne va pas, comme lorsque je me suis cassé la jambe, je ne suis pas mort. Je me suis mis en sommeil quelque temps et je suis revenu. Je l’ai fait pour les blessures, mais aussi quand ça n’allait pas sportivement. Je sais me faire tout petit dans un coin, travailler et revenir.

« Droit au but. »

La devise l’OM. Mon club de cœur. Mais aussi la mienne. Je ne suis pas trop un dribbleur. Avec moi, c’est le plus vite devant et ça frappe le plus vite au but. Le plus vite et le plus fort possible. Ça m’a pas trop mal réussi. J’ai besoin d’espace et de partir au but. Je laissais les dribbles aux autres.