Equipe de France: Les équipes nationales sont-elles devenues des clubs comme les autres ?
FOOTBALL•Gianelli Imbula aurait choisi la Belgique plutôt que la France...B.V.
Il n’y a que très peu vécu, n’en garde aucune attache et n’en possède pas encore la nationalité. Mais à en croire L’Equipe, le Franco-Congolais Gianelli Imbula aurait choisi de devenir international avec… la Belgique. Né dans la banlieue de Bruxelles, le milieu de terrain de Porto a lancé une procédure de naturalisation pour pouvoir jouer dès 2016 avec les Diables Rouges aux côtés d’Eden Hazard, Marouane Fellaini ou Thibaut Courtois.
Nasri et Ribéry ne veulent plus de la France
L’occasion de rouvrir l’épineux débat sur les bi-nationalités dans le football ? Oui et non. L’« affaire » Imbula, si elle en est une, ne reprend pas le schéma classique du joueur tiraillé entre son pays d’origine -ou celui de ses parents- et son pays formateur, auquel a pu être confronté par exemple Nabil Fékir. Elle confirme surtout qu’aujourd’hui on ne choisit plus majoritairement sa sélection sur le simple critère du « cœur ».
(Le règlement Fifa sur la double-nationalité/Wikipédia)
C’est un calcul, un plan de carrière, une équation dont les inconnues sont plus le prestige, la concurrence ou l’horizon lointain que le côté affectif. Comme lorsqu’un joueur est transféré d’un club à l’autre. Le foot est un business et avoir le label d’« international reconnu » vous assure généralement un meilleur salaire, des contrats pub et la reconnaissance qui va avec. Ce dont la superstar Samir Nasri n’a plus besoin, alors pourquoi insister avec une équipe de France qui « ne le rend pas heureux » ? Lundi soir sur Canal +, le Mancunien a confirmé que « même si son père était sélectionneur », lui et les Bleus c’était fini. Comme Franck Ribéry il y a quelques mois. Sans que ni l’un ni l’autre ne précisent d’ailleurs que c’était encore le choix de Deschamps et que, selon les conventions de la Fifa, un joueur ne peut pas refuser une sélection avec son pays.
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L’attrait des grandes compétitions
Dragué depuis plusieurs années par la Fédération Belge et son sélectionneur Marc Wilmots, Imbula a succombé à un argument de poids : l’Euro 2016. Quasiment sûr de ne pas être retenu avec l’équipe de France, qu’il a représentée sept fois en Espoirs, l’ancien Marseillais est prêt à changer de passeport pour y participer, même s’il dément « avoir fait un choix ». Début 2015, l’agent Stéphane Pauwels nous racontait ainsi comment l’attrait d’une grande compétition permettait aux joueurs tiraillés entre deux pays de faire un choix : « Je leur disais qu’on avait des manques à certains postes et leur parlais de la CAN, de la Coupe du monde. » Une situation finalement comparable à celle d’un joueur qui quitterait son club pour en rejoindre un autre dans l’optique de « jouer la Ligue des champions ».
Les propos tenus par l’ancien Bleu Willy Sagnol après un cas semblable en 2013 – « à la rigueur, bon débarras, on a besoin de joueurs qui sont excités, qui rêvent de porter le maillot bleu » sembleraient presque anachroniques dans un monde où Diego Costa mène l’attaque de l’Espagne malgré deux sélections (non-officielles) avec le Brésil, où Imbula pourrait devenir belge et où deux frères Pogba représentent la Guinée pendant que Paul joue pour les Bleus. Cette réalité, la France n’en ignore rien, au contraire. Dès 2006, le sélectionneurRaymond Domenech avait tenté de « piquer » le natif de Brest Gonzalo Higuain à l’Argentine. Il n’avait alors que 19 ans et ne parlait pas un mot de français.