Mondial féminin: Philippe Bergeroo, viré chez les mecs, champion du monde chez les filles?
FOOTBALL•Le sélectionneur tricolore a d'abord coaché le PSG...Romain Baheux
Soyons francs, tout va plutôt bien pour Philippe Bergeroo en ce moment. Ses Bleues jouent bien, il s’apprête à disputer avec elles un quart de finale de Mondial contre l’Allemagne vendredi (22h) et son contrat a été prolongé jusqu’en 2016 et les Jeux olympiques de Rio. Mais si tout roule avec les tricolores, Philippe Bergeroo a connu une carrière bien plus compliquée chez les hommes, où il ne s'est pas vraiment façonné une image de winner.
« 1-0 france, magnifique action collective pic.twitter.com/kH0DHSJwup — philippe (@philousports) June 21, 2015 »
Hormis un titre européen obtenu à la tête des U17 en 2004, l’ancien gardien a pas mal galéré. Ses deux seules expériences d’entraîneur principal en club ? Viré à la fin. La première éviction, en 2000 au PSG, demeure la plus célèbre. Après une première saison conclue à la deuxième place du championnat, Bergeroo est lâché par ses hommes lors d’un match à Sedan resté dans les mémoires des supporters. Paris se fait humilier dans les Ardennes (5-1) et il est débarqué dans la foulée au profit d’un Luis Fernandez qui attendait son heure.
« C’est le monde du football qui est comme ça, c’est arrivé parce que c’est plus simple de virer un entraîneur que des joueurs, raconte l’ex-attaquant du PSG Laurent Leroy. Sinon, il connaissait vraiment bien son métier. Il est calme, on a l’impression qu’il parle même quand il crie mais il donne envie de bosser pour lui. Il a ses idées sur le football et il n’en changera pas. »
Ce profil plaît à Rennes, à la recherche de l’homme idéal pour remplacer Christian Gourcuff. En 2002, l’ex-entraîneur des gardiens des Bleus champions du monde en 1998 débarque en Bretagne. Problème, il arrive en même temps que des erreurs de casting mythiques nommées Ivanov, Loeschbor et Fleurquin. « Ça a été compliqué avec certaines recrues, il a eu des garçons qu’il ne connaissait pas vraiment », évoque Arnaud Le Lan, défenseur du Stade Rennais à l’époque.
Le résultat est catastrophique. Lanterne rouge avec une seule victoire en dix matchs, Philippe Bergeroo est débarqué en octobre. Ce nouvel échec renforce sa réputation de loser et n’incite pas les clubs de l’élite à lui proposer une nouvelle chance. « Ça a été difficile pour lui mais il a toujours insisté sur le jeu offensif et la volonté de développer du jeu même quand on était bas au classement, le défend Le Lan. Je l’ai recroisé il y a peu, il n’a pas changé : un homme qui pèse ses mots. Tout ce qu’il raconte, c’est sensé et mûri un bout de temps. »
Au Canada, il ne retourne pas l’assistance avec ses déclarations chocs. « Champion du monde ? Pourquoi pas », lâche-t-il juste à l’AFP après la belle victoire contre la Corée du Sud en huitième dimanche (3-0). « Il est assez discret mais il fait avec elles ce qu’il a mis en place avec nous la première saison, poursuit Laurent Leroy. Pour lui, c’est bien de montrer qu’il peut encore avoir des résultats avec une équipe. Tout ce qui s’est passé l’a rendu plus fort. A mon avis, il serait parfaitement capable de reprendre une équipe de Ligue 1. » En attendant, il a une Coupe du monde à gagner.