Juventus-Monaco : Pourquoi Berbatov est le footballeur le plus classieux du monde
FOOTBALL•L’attaquant bulgare de 35 ans incarne la gentleman-attitude comme personne sur un terrain de foot…Julien Laloye
Regarder un match de Monaco est un supplice que l’on ne souhaite à personne, c’est entendu, mais regarder un match de Monaco pour Dimitar Berbatov, c’est différent, même Christophe Dugarry sera d’accord. D’autant plus que la carrière du génial Bulgare tire vers la fin, et qu’il faut en profiter le plus possible avant sa retraite. 20 Minutes vous explique pourquoi «Berba» vaut à lui seul d’allumer sa télé mardi soir.
Parce qu’il n’a pas besoin de courir pour être bon
«Il est brillant, mais lentement», nous expliquait Jacques Crevoisier au moment de l’arrivée du phénomène à Monaco l’an passé. Comment mieux résumer l’esthète? Dimitar n’est pas du genre à mettre le moteur en surchauffe pour un pressing sur la défense adverse. Le Bulgare laisse ça aux soutiers de troisième classe. «Les gens aiment voir les joueurs courir partout sur le terrain. Dimitar n'est pas ce type de joueur, expliquait un jour Sir Alex Ferguson. Il aime quand le jeu ralentit».
Il le revendique, même, surtout à Monaco, une équipe qui défend à dix –sans lui- et attaque parfois un peu trop vite pour ses vieilles jambes pleines de varices: «Il existe un proverbe en Bulgarie qui dit que le talent rend les efforts inutiles, se défend l’intéressé. Et c'est grâce à ça que j'en suis là aujourd'hui. J'essaie de marquer de beaux buts, de faire de belles passes. Mais vous ne me verrez jamais courir aux quatre coins du terrain. Jamais». Même si c’est Arsenal en face et que son équipe ne touche pas une bille. Il s’agit d’être cohérent jusqu’au bout.
Parce qu’il est encore meilleur qu’Ibra en zone mixte
Berbatov n’est pas le plus bavard en zone mixte, pourtant il a toujours un a aphorisme savoureux au coin des lèvres qui ne demande qu’à sortir. Après le miracle de l’Emirates, quand un journaliste lui avait demandé comment il pouvait être aussi compétitif à son âge, Berbatov avait répondu en souriant: «ce n’est pas une question d’âge, mais une question de classe». Car Dimitar a une haute idée de lui-même, même quand il essaie d’être modeste et demande aux gens de ne plus lui accorder le ballon d’or bulgare, car, vous comprenez, il préfère «voir un jeune joueur le recevoir».
Ferguson ne veut plus de lui à Manchester? «Berba» s’en va comme un prince: «Je ne suis pas un joueur qu’on met sur le banc, ça me paraît évident, donc mon temps ici est fini». Direction Fulham, où personne ne le met sur le banc, au contraire. Dimitar est le seul joueur valable d’une équipe médiocre, et il le fait savoir, avec la meilleure inscription jamais lue sur un tee-shirt de footeux : «keep calm and passe me the ball». C’est quand même autre chose que les bandelettes de Toifilou Maoulida.
Dimitar Berbatov aime qu'on s'intéresse à lui. - 20 minutes
Parce qu’il est aussi élégant dans la vie que sur le terrain
«J'aime jouer avec beauté et grâce. Ça a toujours été ma philosophie, confie l’asticot. C'est comme ça que je joue et comme ça que je conçois le football. Je regarde des matchs, et je vois des gens qui paniquent quand ils reçoivent le ballon. Ils ont l'air si nerveux. Je suis tranquille, car je sais parfois ce que je vais faire avant de recevoir la balle». Econome de ses efforts, souvent, élégant, toujours, arrogant, de temps en temps, Berbatov est un artiste, un vrai. Sur le terrain, mais aussi en dehors.
Dimitar pense à sa vie et il est plutôt satisfait. - Facebook D.B.
Si son profil facebook n’est pas aussi fourni que le compte instagram de Verratti, Berbatov aime partager son autre passion, le dessin, et plus particulièrement la caricature. «Je crois que mon père était un bon dessinateur, a-t-il révélé à téléfoot. J'ai commencé à dessiner très jeune, vers 10-11 ans. Si je vois quelque chose que j'aime bien. Je peux le dessiner. Cela me procure du plaisir. Me détend. Je m'assois chez moi et je dessine, explique-t-il. Et si j'aime quelqu'un ou quelque chose, je le dessine». Et plutôt bien, cela va sans dire.
Dimitar est meilleur en dessin qu'en foot. - Facebook D.B.
Parce qu’on aime aussi Andy Garcia
Dans une autre vie, Berbatov aurait fait sosie officiel d’Andy Garcia, même si on doute qu’il aurait aussi bien gagné sa vie. La coupe de cheveux, le regard profond, la démarche dominante, tout est étudié pour imiter le mafieux du cinéma le plus côté d’Hollywood après De Niro et Al Pacino, et on ne dit pas ça parce qu’on a revu Ocean’s thirteen avec un plaisir coupable. Ce n’est pas une blague, le Bulgare a appris l’anglais en singeant Andy Garcia dans le Parrain, et il a de beaux restes.
Dimitar est un grand fan de cinéma, d’ailleurs. Son premier poster n’était pas celui d’un joueur de foot, mais celui de Robert de Niro. Sa seule fausse note? L’avoir remplacé par une photo d’Alan Shearer, l’un des attaquants les moins techniques de l'histoire. Les drames de l’adolescence, dira-t-on. Depuis, Dimitar a eu le temps de voir tous les films de De Funès, et il pense sérieusement à se lancer dans le métier quand il en aura marre de la vie de pacha sur le Rocher. «Quand je ne ferai plus de football, j’aimerai faire du cinéma car je crois que je peux faire un bon acteur». Il y a un peu de boulot quand même, regardez vous-même.