CYCLISME« Il n’a quand même pas gagné ? »… Et si, Victor Lafay est l’homme de ce début de Tour

Tour de France 2023 : « Non, il n’a quand même pas gagné ? »… Victor Lafay laisse tout le peloton éberlué

CYCLISMELe Français de la Cofidis s’est imposé au nez et à la barbe de tous les leaders du général sur la promenade de Saint-Sébastien
Julien Laloye

Julien Laloye

L'essentiel

  • Déjà monstrueux samedi sur les routes du Pays basque, le Français Victor Lafay a remporté la deuxième étape du Tour de France 2023, dimanche, à San Sebastian.
  • C'est la première victoire française cette année et le premier succès de l'équipe Cofidis sur le Tour depuis Sylvain Chavanel, en 2008.
  • Parti comme une bombe sous la flamme rouge, le grimpeur-puncheur de la Cofidis à mis à l'amende les mastodontes du Tour, comme van Aert ou Pogacar.

Il nous avait déjà estomaqués samedi, quand il avait été le seul à avoir le pacemaker encore dans le vert pour suivre les deux mutants du peloton dans les pires pourcentages de la côte de Pike. Mais le coup du kilomètre dans les rues de Saint-Sébastien, on s’incline définitivement. Victor Lafay est l’homme de ce début de Tour de France, considérant que Pogacar et Vingegaard appartiennent à une autre espèce. Et il est Français, ce qui ne gâche, rien en plus de tranquilliser un peu les âmes. L’an passé, il avait fallu attendre la 19e étape pour voir Laporte lever les bras. L’absence de résultats devient vite un poids insoutenable sur les frêles épaules tricolores au bout d’une semaine à peler les pommes de terre dans les bas-fonds du peloton.


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Bref, ça, c’est réglé, et de quelle manière. On comptait les morts, dont Pinot et Alaphilippe, largués à près de trois minutes sur l’accélération maousse des UAE dans les dernières rampes du Jaizkibel, et la façon dont Van Aert allait éparpiller tout le monde en sprint, quand Lafay a surgi de nulle part. Le grand monde se regardait sur la droite, Pogacar et Vingegaard en tête ? Le grimpeur-puncheur de la Cofidis de 27 ans, vainqueur d’une étape sur le Giro en 2021, choisissait d’envoyer une roquette côté gauche près des barrières, vitesse de pointe mesurée à 61,2 km/h.



Van Aert dégoûté

Le pauvre Van Aert, qui chassait tout ce qui bougeait depuis la fin de la descente pour s’assurer une arrivée en fiacre, hésite une seconde, l’air de penser « who is this fucking Cofidis ? », et cela a suffi à Lafay pour prendre 50 mètres. 50 mètres qui ne feront plus que 2 ou 3 sur la ligne d’arrivée. On assiste à une espèce de remake du duel à distance de Benjamin Thomas avec le peloton l’an passé sur une ligne droite similaire, mais avec une fin plus joyeuse pour Cofidis, qui attendait sa première victoire depuis Sylvain Chavanel en 2008. Un autre millénaire.

« Cette victoire est amplement méritée pour toute l’équipe, on travaille depuis des années sur la composition d’un groupe capable de gagner sur le Tour, se réjouissait son directeur sportif Cédric Vasseur au micro de RMC. On avait déjà senti hier que Victor avait des jambes fantastiques, aujourd’hui il a été époustouflant, il avait rendez-vous avec son destin. Il a saisi crânement sa chance. Au bout c’est la délivrance. Qu’il profite de ce moment formidable, très peu de coureurs sont capables de le faire ».

« C’est un truc de malade ! »

Le héros du jour, on y revient, tout étourdi de ses prouesses au micro de France TV : « Samedi, j’étais déçu de comment j’avais couru. Pour une fois j’ai couru avec la tête, je me suis dit ça passe ou ça casse, mais j’ai vu que les Jumbo avaient beaucoup roulé. Un moment ça s’est posé, je suis parti à fond sur la gauche, et voilà. Quand j’ai fait mon effort, je ne réfléchissais même pas à gagner, puis j’ai vu que j’avais pris un peu d’avance, j’ai remonté une dent j’y ai cru jusqu’au bout. Hier j’étais un peu frustré à l’arrivée, là j’ai profité du marquage. C’est un truc de malade. Ça fait cinq ans que je suis là, je suis super heureux de délivrer l’équipe de ce fardeau ».

Pour vous dire comme les copains n’ont pas l’habitude, ils ont quasiment appris la victoire de Lafay par les journalistes de France TV, alors qu’ils en terminaient pépères à plusieurs minutes du groupe de tête. Interrogé par un confrère sur le « sacré numéro » de son copain, Alex Perez se marre : « Ouais, j’ai pas vu, tu sais ? J’étais sur le vélo. A deux kilomètres de l’arrivée, les mecs me demandent qui a gagné, je dis "ouais, c’est Victor !". Ils me disent "noooon ?". Je dis "mais non, je déconne !". Et sur la ligne je vois que c’est lui, je dis "putain le con !" ».

Axel Zingle était lui aussi sur le cul : « Je l’ai vu sur le podium en passant la ligne, je me suis dit "qu’est-ce qu’il nous a encore fait ?". J’ai vu qu’il avait une médaille autour du cou, je me suis dit "non, quand même pas ?". Il doit avoir le combatif ou un truc comme ça, mais on m’a expliqué qu’il avait gagné, je suis allé le voir direct. A chaque fois on se dit "c’est pas l’idéal pour lui, faudrait qu’il arrive dans une bosse", mais au final il se débrouille assez bien ». On n’aimerait pas être le personnel de l’hôtel qui devra coucher le staff de l’équipe nordiste dimanche soir à Saint-Sébastien. Mais une victoire 15 ans après, ça vaut bien une cuite au Patxaran.