Cyclisme: Julian Alaphilippe peut-il devenir la future rockstar du sport français?
VELO•Populaire, drôle, attachant, Julian Alaphilippe est en passe de devenir une vraie starB.V.
L'essentiel
- En lice pour rempoter Milan - San Remo samedi, Julian Alaphilippe est déjà l'une des stars du monde du cyclisme.
- Il pourrait bientôt dépasser le cadre de son sport et acquérir une énorme popularité en France.
♫ Wa wa na ne na ne nanana staying alive, staying alive, ah ah ah ah staying alive ♫ C’est avec les Beegees et quelques mouvements de danse dans une bagnole que Julian Alaphilippe a fêté lundi soir sa deuxième victoire d’étape sur la course italienne Tirreno-Adriatico. Du Alaphilippe tout craché. Julian la déconne fait le con sur son vélo, Julian joue de la batterie en plein tour de France, Julian pourrit des plateaux télé, Julian dévisse les salières à la cantoche…
Bref : « Il est carrément fun, se marre son ami Steve Chainel. C’est un professionnel très sérieux mais il sait aussi débrancher et pas se prendre la tête. Il est juste là à profiter de la vie, 100 % naturel, 100 % cash. Tout le monde est admiratif de Sagan mais Julian est pareil, il est juste naturel, il ne se dit pas "faut que je sois une star, que j’évite de faire le con" ».
Parce que star, c’est désormais son statut. Pour l’instant, ce n’est « que » dans le monde du vélo. A 26 ans, Alaphilippe est considéré comme le meilleur puncheur du monde, vainqueur de la Flèche Wallone, de la Classica San Sebastien ou des Strade Bianche, il a loupé d’un boyau le titre mondial (deux fois), le titre olympique (une fois) et le titre européen (ça on s’en fout) et ne manque que d’une vraie grande victoire – pourquoi pas dès ce week-end sur Milan-San Remo ? – pour faire partie des vrais boss du peloton.
La galère
Et ce n’est que le début. Julian Alaphilippe a même tout pour être une vraie rockstar de son sport. « Je suis totalement d’accord assure Steve Chainel. Rien ne peut se mettre à travers de son chemin tant au niveau de sa légitimité que de sa sympathie devant le grand public ». S’il fallait résumer, on dirait qu’Alaphilippe a tout pour plaire : un style très offensif sur le vélo, du talent, du caractère, une bonne gueule, une histoire aussi, celle d’un gamin « bien élevé qui a connu la galère quand il bossait huit heures par jour dans un magasin de vélo avant d’aller rouler à 21 heures à la loupiote pour s’entraîner », raconte Chainel.
En France, on peine encore à comprendre le phénomène Alaphilippe. D’abord parce qu’il a fait toute sa carrière pro chez Quick-Step, une équipe belge, et en paye un manque de notoriété vis-à-vis du grand public. Ensuite car, à l’inverse d’un Bardet ou d’un Pinot, il ne porte pas avec lui l’espoir d’être celui qui redonne à la France son Tour. Alaphilippe est l’un des coureurs les plus complets du peloton, capable de gagner sur tous les profils, mais certainement pas de concurrencer Froome sur trois semaines. Alors ça prendra plus de temps.
Son dernier Tour de France bouclé avec deux étapes et le maillot du meilleur grimpeur, a lancé la machine. « Dans le monde du vélo, c’est l’un des coureurs les plus demandés et très respectés, résume son agent Dries Smets, qui peut comparer avec ses autres poulains Greg van Avermaet ou Philippe Gilbert. En dehors des fans de vélo, depuis le dernier Tour on a plus de demandes médias et partenariats, notamment de marques internationales. »
Virenque Mania ?
Jean-Michel Bourgouin, directeur du Critérium de la Ronde d’Aix, a tout fait pour qu’Alaph' puisse venir dans sa course dans la foulée du Tour. « L’avoir, c’est une vraie plus-value. Il dégage beaucoup d’humain, c’est quelqu’un de vivant, qui s’intéresse à tout. Il a effectivement ce côté un peu rockstar, il communique avec tout le monde, peut passer dix minutes à causer avec le gardien de l’hôtel, Il est différent des standards habituels, et c’est plutôt intéressant pour nous. Dans le domaine de l’animation il a pas besoin de se forcer, il est spontané, naturel. »
C’est ce que le public français a pu remarquer cet été pour son premier vrai contact avec sa future star. Du Alaphilippe, partout. Aussi consultant Eurosport, Steve Chainel a déjà vu les regards changer sur les bords des routes du Tour, à tel point même qu’Alaphilippe faisait jeu égal avec Bardet en popularité. Alaph' peut-il dépasser le cadre de son sport dans les années à venir ? « Il dégage tellement de charisme qu’il va être starifié au-delà de ce qu’on imagine, répond Chainel. Conserver son maillot à pois et deux trois coups d’éclats suffiront à montrer qu’il est une star. Il a un côté Jalabert avec plus de sympathie, je pense même qu’il peut créer une sorte de « Virenque Mania » s’il est meilleur grimpeur trois ou quatre années de suite. Quand il aura fait ça, qu’il aura gagné deux trois Liège-Bastogne-Liège, Amstel, Flèche, ce sera un personnage public, ç’en sera terminé de boire des coups tranquilles en terrasse. »
Reste quand même à les gagner, ces courses. S’il n’a pas envie de boire des coups tranquille en terrasse samedi à San-Remo, il sait comment s’y prendre.