Tour de France: ASO fait durer le suspense pour les invitations (et les supporters se régalent)
CYCLISME•En plein Paris-Nice, un des responsables d’Amaury Sport Organisation confie à «20 Minutes» que rien n’est joué entre les trois équipes françaises qui se disputent deux strapontins pour le Tour de France. Une guéguerre qui passionne les amateursJean Saint-Marc
L'essentiel
- Habituellement, le début de la saison cycliste peut être assez pénible à suivre, avec des courses peu prestigieuses aux quatre coins du monde.
- Cette année, la guerre pour obtenir une invitation sur le Tour de France pimente les courses et passionne les fans.
- Arkéa-Samsic, Direct Energie et Vital Concept-B & B Hotels pourraient devoir patienter jusqu’en avril.
Les fans de cyclisme sont des gens étranges. On l’écrit facilement vu qu’on s’inclut dans le lot. Mais avant d’écrire cet article, on ne faisait pas partie des 2.974 énergumènes qui se sont frappés, sur YouTube, le résumé de la deuxième étape de la Tropicale Amissa Bongo. Les gars de « Dans la Musette » en étaient, eux : « On l’a suivie plutôt assidûment. C’est une course exotique, mais il y avait un vrai-faux combat de coqs non assumé entre sprinteurs, avec Greipel, Bonifazio et Manzin ! »
aTrois bougres à grosses cuisses qui portent respectivement les couleurs d’Arkéa-Samsic, Direct Energie et Vital Concept-B & B Hotels. Ils sont trois, mais vous n’en verrez que deux, cet été, dans les sprints effrénés du Tour de France. ASO n’a plus que deux invitations à délivrer.
Audace et beaux parcours
« Ce début de saison est plus attractif grâce à cette guerre pour la sélection », embraye Thomas, fan de vélo qui nous a, accessoirement, soufflé cette idée d’article. Il a apprécié « le duel Bardet/Pinot » (déjà qualifiés), les « beaux parcours » dans les calanques ou l’arrière-pays varois et « l’audace des équipes françaises, qui ont confiance en la capacité de leurs leaders et qui n’hésitent plus à prendre la course en main ! »
Notre chroniqueur du collectif « Dans la Musette » s’emballe encore un peu plus :
« C’est d’habitude pénible à suivre, entre les courses dans le désert suivies par des dromadaires et la rentrée jet-laguée sur le sol australien. Mais pas cette année ! Il y a une vraie volonté de montrer le maillot, et pas seulement pour la petite échappée publicitaire. Là, on joue une place sur le Tour : les gars ne sont pas là pour faire rire les mouettes ! Côté suiveur, ça jette un peu de Tabasco sur le morne début de saison ! » »
La baston sur l’étape-reine du Tour du Haut-Var (remportée par Pinot), la victoire de Turgis (Direct Energie) sur La Marseillaise, celle d’Alaphilippe sur les Strade Bianche… Autant de moments clés de ce début de saison qu’ils n’ont pas loupés, là où la plupart des amateurs de cyclisme allument leur télé pour Paris-Nice.
La « course au soleil » se déroule cette semaine. Et elle a très mal commencé pour les Français : Warren Barguil a lourdement chuté et, pour l’instant, ce sont un Néerlandais, un Irlandais et un Danois qui lèvent les bras. « Forcément, Paris-Nice, c’est le niveau international… Et désolé, mais ce n’est pas le cas du Tour de la Provence », persifle Thierry Gouvenou, directeur de course du Paris-Nice. Qui est organisé par le groupe ASO. Comme le Tour de France. Vous avez pigé ?
Thierry Gouvenou, c’est un de ceux qui décideront quelle équipe sera refoulée à l’entrée de la boîte très select qu’est la Grande Boucle. Un videur sympa, qui nous a accordé une interview, cette semaine, juste avant de monter en voiture pour suivre l'étape :
En retardant votre annonce, vous avez rendu le début de saison passionnant… Joli coup !
(Thierry Gouvenou sourit) C’est vrai… Il y a eu de belles bagarres sur certaines courses. Les équipes étrangères nous disent que les Français ont relevé le niveau sur les courses du mois de février !
Allez-vous donner votre décision bientôt ?
(Il se marre). On n’a jamais donné de date ! Et je vous rappelle que quand j’étais coureur, on savait si on allait sur le Tour début juin. Pour un départ début juillet ! C’est vrai que les coureurs aiment planifier plus tôt leur saison, mais là, on a besoin de voir les choses. On a deux équipes bretonnes (Arkéa-Samsic et Vital Concept) qui ont vraiment loupé leur dernière saison. Il faut qu’ils nous rassurent !
Ce Paris-Nice sera décisif pour les équipes, non ?
Dans nos têtes, c’était assez clair au départ : on avait une vraie échéance avec Paris-Nice. Mais peut-être qu’on va attendre encore un peu plus. Pierre Rolland qui se casse la figure et qui n’est pas au départ… Warren Barguil qui chute et n’est plus en course. Ce n’est pas facile. Mais on connaît le poids du Tour de France pour les équipes. On décidera peut-être fin avril… On peut se permettre d’attendre encore !