Affaire du moteur dans le vélo: «A l’œil nu, je n’ai vu aucune triche», explique Christophe Bassons, qui a découvert le pot aux roses
CYCLISME•L’ancien ennemi juré d’Armstrong estime que d’autres cas seront bientôt exposés…J.L.
C’est grâce à lui que Cyril Fontayne, ce modeste plâtrier amateur de 43 ans, a été pris la main dans le pot de confiture lors d’une course de 3e catégorie disputée à Saint Michel-de-Double. Christophe Bassons, correspondant interrégional antidopage pour la nouvelle Aquitaine, a mené l’opération judiciaire qui a révélé le premier cas de dopage électronique dans le monde amateur. L’ancien coureur pro raconte à 20 minutes les dessous de l’opération.
Comment avez-vous été informé de la présence d’un vélo motorisé sur cette course ?
Grâce au réseau professionnel que j’ai pu construire depuis plusieurs années. Il y a la satisfaction de voir qu’on a eu connaissance de la tricherie par le milieu sportif lui-même. Après, évidemment, il a fallu recouper l’information, mais c’est important que ça vienne des coureurs, pour qui ça pouvait être assimilé à de la délation jusqu’ici.
Vous avez assisté à la course, est-ce que vous avez attendu de contrôler le vélo pour savoir qu’il était « truqué » ?
C’est un paradoxe, en effet, parce que certains vont dire que c’est une prise facile, avec un système de moteur dans le cadre qu’on connaît depuis quelques années. Mais ce n’est pas pour autant que ce n’est pas efficace ; Moi, je suis allé voir courir le gars en sachant qu’il avait certainement un moteur, je l’ai suivi pendant 25 tours, et je n’ai rien vu dans sa façon de pédaler qui laissait penser qu’il pouvait tricher. C’est impossible à voir à l’œil nu.
Quels sont les moyens qui vous sont donnés pour lutter contre cette nouvelle forme de triche ?
Il faut savoir que je n’ai pas de compétences pour me mettre à traquer des coureurs qui trichent avec des vélos à moteur. Contrairement au dopage, c’est un type de fraude qui n’est pas pris en compte dans les dispositions législatives, même si ça va peut-être changer. C’est pour ça que c’est une procédure enclenchée au titre de l’escroquerie, parce que le coureur concerné a gagné de l’argent en trichant.
Estimez-vous que c’est un usage répandu dans le peloton amateur ?
Je pense en effet qu’il y en a d’autres, y compris dans des courses de niveau supérieur. C’est la preuve qu’il faut continuer à ouvrir les vélos, encore et encore. Ce n’est pas parce que la technologie utilisée est soi-disant dépassée qu’il faut arrêter de chercher. C’est comme si on disait qu’on arrête de contrôler les amphétamines parce que les méthodes de dopage ont changé.