Tour de France 2017: Froome bientôt au niveau d’Hinault, Barguil en nouveau Virenque…ce qu’on retient de la dernière étape de montagne
CYCLISME•L’arrivée au sommet de l’Izoard n’a pas provoqué de bouleversements notables au classement général…J.L.
Il reste encore le contre-la-montre de Marseille pour figer définitivement les positions et attribuer les places d’honneur. Mais inutile de faire croire à un faux suspense. Malgré un matelas très léger au regard de ses derniers triomphes sur le Tour, 23 secondes sur Bardet et 29 sur Uran, Chris Froome a déjà course gagnée au vu de sa supériorité sur l’exercice chronométré, à moins d’une catastrophe difficilement envisageable. Il n’a jamais tremblé lors de la dernière étape de montagne menant le peloton jusqu’à l’Izoard, une étape qui nous a quand même appris pas mal de choses.
Froome reviendra l’an prochain pour égaler Anquetil, Hinault, Merckx ou Indurain
C’est une perspective qui donne le vertige. Chris Froome, qu’on a pu traiter au début comme un ersatz de Wiggins et dont on imaginait qu’il gagnerait 1 ou 2 grands Tours maximum avant de ranger le vélo, est en train de devenir un champion ultime de ce sport. S’il l’emporte à Paris dimanche, il remportera déjà son quatrième Tour de France. Ça aurait pu être pire me direz-vous, s’il n’avait pas dû se plier à la hiérarchie de la Sky en 2012 alors qu’il était plus fort que Wiggins, où s’il n’avait pas dû abandonner en 2014 à cause d’une succession de chutes. L’an prochain, le Britannique reviendra donc en France pour viser une cinquième victoire comme Anquetil, Hinault, Merckx ou Indurain, le record absolu si l’on efface des tablettes les sombres années Armstong. La flippance est totale.
Barguil mérite (peut-être mieux) qu’une carrière à la Virenque
Au micro d’Eurosport, Richard Virenque, qui a ramené sept fois le maillot à poids jusqu’à Paris, a littéralement chialé de bonheur en se revoyant dans les yeux de Warren Barguil, auteur d’une fin de tour hallucinante. Déjà vainqueur le 14 juillet, le Breton a remis ça dans l’Izoard en attaquant cette fois à la pédale dans le groupe des favoris. Barguil va normalement boucler ce Tour dans le top 10 après une préparation tronquée, et il a le droit de se demander ce qu’il veut faire de sa carrière : des rushs victorieux à la Virenque et une popularité croissante dans le cœur des Français, ou des podiums dans les grands tours, voire mieux ? Franchement, essayer de jouer le classement général un an ou deux ne coûte rien.
Bardet n’aura peut-être jamais une autre chance aussi évidente de gagner le Tour
Rien à redire à la course du Français, qui a proposé une guerilla de toute beauté à Froome sur chaque terrain où l’attaque était possible. Bardet aura passé le Tour dans la même minute que le leader de la Sky, même si le CLM pourrait saborder un peu son travail de sape. Question légitime, alors que le tracé ne lui sera pas toujours si favorable : L’Auvergnat de 27 ans aura-t-il une aussi bonne occasion de succéder un jour à Bernard Hinault ? Froome est plus vieux, certes, mais Dumoulin arrive et de nombreux rivaux (Nibali, Pinaut, Quintana) étaient absents ou en méforme. En progrès constant en montagne (son équipe évoque des gains marginaux de 7 % sur les efforts de longue durée en très haute altitude), Bardet devra sans doute s’améliorer en contre-la-montre pour franchir le dernier cap qu’il lui manque.