Porte va (un peu) emmerder Froome, Pinot à pois, Démare star… Nos certitudes à 15 jours du départ du Tour de France
FOOTBALL•Après analyse de la saison, «20 Minutes» et le consultant Steve Chaînel sont capable de (presque) vous dire ce qu’il va se passer dans une quinzaine de jours…B.V.
Le grand départ, ce sera le 1er juillet à Düsseldorf. D’ici là, pour faire monter la pression avant le Tour de France, 20 Minutes s’est amusé à analyser la saison (pas trop dur, on regarde environ toutes les courses du calendrier UCI) pour vous raconter à l’avance ce qu’il va se passer sur la Grande Boucle et vous pondre nos dix certitudes. Qu’on a ensuite soumises à Steve Chainel, consultant Eurosport sur le prochain Tour.
Porte va faire chier Froome deux semaines avant de s’effondrer en troisième
On s’explique : C’est peut-être le plus gros concurrent de Chris Froome, sur le papier. Jusqu’à la dernière étape du Dauphiné, la semaine passée, l’Australien Richie Porte était même assez largement supérieur au leader de la Sky. Puis il a craqué. Comme d’habitude. Tactiquement ou physiquement, le grimpeur de la BMC finit toujours par avoir un énorme trou d’air (ne serait-ce que sur une étape) qui le condamne d’avance pour la gagne d’un Tour, une épreuve si longue.
L’avis de Steve Chainel : « Tout à fait d’accord. Il est clair que durant les 15 premiers jours, il va être dans le coup s’il ne lui arrive pas quelques petits pépins. Il va brouiller les cartes mais en revanche, il ne donne aucune garantie pour trois semaines. Voir Porte sur le podium à Paris, ça me paraît très improbable. A mon avis, Froome n’a pas peur de lui. »
Contador aurait mieux fait d’arrêter l’an dernier
On l’attendait à la bagarre avec les patrons sur le Dauphiné, il a terminé à 5 minutes de la tête. Alors qu’il a failli arrêter l’an passé, Alberto Contador a finalement décidé de rempiler dans une nouvelle équipe, Trek. Et on n’est pas sûr que ce fut sa meilleure idée.
« Non, ce n’est pas une certitude. Il n’a pas fait un très grand Dauphiné effectivement mais on l’a vu en début de saison faire un Paris-Nice d’anthologie qui montre que quand on est un pur compétiteur, on peut réaliser de grandes performances. Ça peut être le trublion de service, plus personne ne l’attend. Un peu comme son compatriote Rafael Nadal à Roland-Garros ».
Bardet va nous laisser des regrets
C’est toujours un peu la même chose avec Romain Bardet. Il n’est pas loin, voire même tout près. Parfois, il est même meilleur que les meilleurs… Mais un tout petit quelque chose lui manque encore, que ce soit sur les chronos, dans son équipe, sur un coup de pas de chance. Et on le voit bien passer tout près d’un exploit, qui sait même de la victoire finale. Et échouer pour quelques secondes.
« Non, ce n’est pas une certitude. Au contraire je pense qu’il peut avoir une très, très belle chance. Perdre du temps sur le chrono peut aussi lui permettre d’avoir un peu de champ libre. Il a construit sa saison pour être à 100 % sur le Tour et ce qu’il a montré au Dauphiné prouve qu’il est dans le vrai. C’est un coureur très professionnel et je lui souhaite le podium, car ce serait logique. Intrinsèquement, en valeur pure, il est dans les trois premiers. »
Pinot va gagner le maillot à pois, deux étapes et prendre 2 heures au général
Notre Tibopino a fait fort sur le Giro d’Italie. Une belle quatrième place sur son objectif principal de la saison, à la bagarre avec Dumoulin, Quintana, Nibali. Désormais, pour lui, le Tour est un bonus, où il avait déjà annoncé viser les étapes et le maillot à pois de meilleur grimpeur. Parce qu’il est quasi impossible de doubler Giro-Tour en visant le général. Et parce que de toute façon, même à 100 %, Thibaut Pinot a souvent du mal sur le Tour. Alors autant cibler.
« C’est une certitude oui, je pense que c’est un petit peu ce que tout le monde attend même si avec Thibaut on est jamais sûr de rien. Il est capable de réaliser un exploit et de terminer top 5, c’est un gros moteur et un gros talent. C’est la première fois qu’il double Giro et Tour et peut-être l’aura-t-il digéré ? Mais personne n’est dupe. Aura-t-il la force psychologique nécessaire pour s’accrocher avec les meilleurs ? La logique ce serait effectivement qu’il prenne 2 heures au général et vise certaines étapes de montagne et le maillot à pois. Surtout qu’il aura moins de pression après son super Giro. »
La révélation de l’année, ce sera le petit Louis Meintjes
Ceux qui connaissent de près le vélo ont déjà vu le petit Sud-africain s’accrocher avec les meilleurs en montagne. D’ailleurs, Louis Meintjes a terminé 8e du Tour de France 2016 et 7e de la course en ligne des JO. Mais on le voit bien passer un cap de notoriété cette année, avec genre un top 5, le maillot blanc de meilleur jeune et une ou deux étapes.
« C’est possible. Louis Meintjes n’est pas un inconnu, on en a entendu beaucoup de bien mais il n’a pas encore été révélé au grand public. Mais ça pourrait être un coureur qu’on voit dans la haute montagne, même si je pense que ça va être compliqué pour finir dans le top 5, car son équipe n’est pas tournée à 100 % vers son leader et qu’il a des problèmes sur les contre-la-montre. En autres révélations possibles, je vois bien Guillaume Martin chez Wanty pour quelques étapes. Seuls les connaisseurs le savent, mais il est capable de bonnes choses. Et il est dans une équipe belge, il n’aura pas la pression habituelle des équipes françaises. »
Quintana ne gagnera jamais le Tour de France (en tout cas pas cette année)
Et si Quintana avait atteint son pic ? Vainqueur du Tour d’Italie 2014 et du Tour d’Espagne 2016, il manque encore un petit truc au Colombien pour gagner le Tour suprême. L’aura-t-il un jour ? Nous, on pense que non. Trop moyen sur les chronos, il n’a plus la même explosivité en montagne que quand il était tout jeune (il n’a que 27 ans, certes). Il n’a d’ailleurs jamais réussi à lâcher le rouleur Tom Dumoulin en haute montagne sur le Giro et termine cramé. Autant dire qu’après avoir fait autant d’efforts sur le Giro, il n’a quasiment aucune chance de battre Froome en France cette année. Et de remporter la Grande Boucle un jour ?
« Je n’aime pas dire jamais, mais je pense que vous avez raison. Je ne pense pas que le meilleur soit derrière lui, mais je crois qu’il n’est tout simplement pas fait pour l’été. Il y a des coureurs qui, on ne sait pas pourquoi par rapport au biorythme sont plutôt bien en début de saison, au milieu ou à la fin… Lui il est bien en début de saison (victoire sur Tirreno-Adriatico en mars) et pas en juillet. Il fait partie de ceux qu’on attend plus trop en tant que victorieux. Surtout cette année, ça va être ultra-compliqué. »
Sagan et Van Avermaet vont faire 1er et 2e d’au moins cinq étapes
Bah ce sont globalement les deux coureurs les plus forts du peloton. Et dès qu’une étape ne sera clairement 1/de la haute montagne 2/un sprint massif 3/un contre-la-montre, elle sera pour l’un des deux.
« C’est clair. Dès qu’il y aura quelques petites difficultés avant un sprint massif c’est eux qui auront disputé le moins d’énergie et qui sont les plus forts. Je pense aussi qu’il y aura une belle bagarre pour le maillot vert entre eux deux ».
Arnaud Démare sera le sprinteur le plus fort du Tour
On s’explique : Bah Nono il est super fort. Meilleur que Kittel, Cavendish, Greipel, Kristoff et compagnie ? On a tendance à la croire. En tout cas, il peut rivaliser. D’ailleurs, il a été costaud au Dauphiné.
« Pourquoi pas ? Ce qu’il a montré sur les sprints massifs du Dauphiné montre qu’il est une dent au-dessus de tout le monde mais il n’y avait pas Kittel et Cavendish. A voir comment va être Kittel, mais je crois qu’Arnaud peut passer un cap. Son objectif sera d’aller chercher une étape… Et puis s’il en claque une en première semaine, alors il peut réaliser un très grand Tour et terminer avec cette étiquette de meilleur sprinteur mondial. »
Le Tour va se jouer en descente
On s’explique : jurisprudence Froome 2016, Tour d’Italie 2016 et 2017, et tant d’autres courses. Maintenant que les leaders n’arrivent plus à faire la différence en montagne, c’est en descente que les grands Tours se jouent. Pour gagner quelques secondes ou pousser quelqu’un à la faute. Ce Tour, par son parcours, s’y prête bien.
« Non, je ne pense pas que le Tour se joue en descente, mais certains vont y perdre des places et du temps. Malgré tout, le Tour se jouera aux arrivées au sommet et aussi dans les chronos. La victoire de Tom Dumoulin au Tour d’Italie prouve bien l’importance des contre-la-montre aujourd’hui. Les descentes sont un bon atout pour jouer des victoires d’étape, moins pour le général. »
Les seuls capables d’empêcher Froome de gagner, c’est lui-même
On s’explique : derrière ce cliché se cache ce qu’on croit être une vérité… A part une chute ou une énorme fringale, on se demande vraiment comment Chris Froome va pouvoir perdre ce Tour. Même s’il n’était pas au top sur le Dauphiné, le loustic sera encore bien chaud en juillet. Comme d’hab.
« Froome est évidemment le grand favori, mais on a déjà parlé de Bardet et de Contador comme de dangers. Je pense que surtout, le danger vient d’outsiders considérés comme des grosses côtes mais qui sont de vrais gros grimpeurs. Je pense notamment à Fuglsang (vainqueur du Dauphiné), Aru ou encore Dan Martin. Si Froome a un jour de moins bien, ils peuvent en profiter. Attention à Aru, avoir fait un début de saison avec des blessures, qui l’ont privé de son objectif du Giro, c’est la meilleure qui pouvait lui arriver. Il débarque sur le Tour avec plein de jus, plein d‘envie. »