RUGBYCoupe du monde de rugby: Sexton=Ibrahimovic, ou comment lancer une polémique avant France-Irlande

Coupe du monde de rugby: Sexton=Ibrahimovic, ou comment lancer une polémique avant France-Irlande

RUGBYLa presse anglo-saxonne se régale des confidences des Français sur leur ouvreur Jonathan Sexton.
Julien Laloye

Julien Laloye

De notre envoyé spécial à Cardiff,

Comment faire monter la sauce avant un grand match, leçon n°2. La semaine dernière, on vous expliquait comme un simple compte-rendu fait à chaud sur un site d’info sportive avait fait bondir les Bleus sur l’air de « On-va-vous-montrer-si-les-Irlandais-sont-vraiment-meilleurs-ques-nous ». Cette semaine, c’est au tour des Irlandais de s’indigner sur le cas Sexton. On vous explique comment faire naître la polémique parfaite avant un match important.

>> Lire aussi : Les Bleus se lancent à la chasse au Sexton

Etape n°1 : La déclaration lance-flammes qui lance le débat

Le début de la mèche ? Un papier du Midi Olympique où Laurent Labit, ancien entraîneur de l’ouvreur irlandais au Racing, aligne son ancien stratège, peu ou prou accusé d’être un dictateur sanguinaire sur le terrain. « Jonathan a l’habitude d’employer un langage très crû quand il réagit à chaud. Parfois, c’était à la limite de l’insulte. A certains moments il était vraiment incontrôlable ». Le tout accompagné de la petite confidence anonyme d’un gars du vestiaire sur la ressemblance entre Sexton et Ibrahimovic pour leur comportement de diva.

Etape n°2 : La retranscription de la dite déclaration dans la presse anglaise

La comparaison ne pouvait pas échapper à la presse anglo-saxonne, qui commence à chercher de nouvelles proies après avoir tapé très fort sur le XV anglais toute la semaine. Jeudi matin, c’est The Telegraph qui balance le papier avec un montage photo très à propos associant Sexton et Ibrahimovic. Puis c’est le Irish Times, le journal de l’ennemi, qui rebondit sur une autre déclaration savoureuse d’Alexandre Dumoulin à propos de son ancien coéquipier au Racing. « C’est un joueur très dans la règle, qui n’aime pas quand on en sort. Lui tirer le maillot, ce genre de petites choses, c’est un Anglo-saxon, il est très droit et ça peut le faire sortir de son match, le faire disjoncter. »


Etape n°3 : L’interprétation de la retranscription de la fameuse déclaration

C’est là que l’histoire prend ou pas. Il faut que les journalistes y mettent du leur pour nourrir le feuilleton. Quitte à évoquer des théories du complot plus ou moins avérées chez l’adversaire. Le plus grand quotidien irlandais note par exemple avec ironie le fait que trois anciens équipiers de Sexton se soient présentés au point presse de l’équipe de France en même temps, quand tout le monde sait à quel point ça n’a pas collé dans le vestiaire entre un Sexton légèrement psychorigide et des partenaires un peu trop français. En langue originale, cela donne : « Perhaps not co-incidentally, three of the five French players brought before the 50-strong French media yesterday are Racing Metro players », qu’on peut traduire par : « De manière peut-être pas si involontaire, trois joueurs sur cinq amenés au gros contingent de journalistes français étaient d’anciens équipiers étaient des joueurs du Racing ».


Etape n°4 : La réaction des Irlandais à l’interprétation de la retranscription de la fameuse déclaration

Pour boucler la boucle, il faut évidemment faire réagir un allié de Jonathan Sexton, en lui expliquant bien toutes les méchancetés qu’on a pu dire sur son compte dans les médias français. Chose faite avec David Toner, le deuxième ligne du XV du Trèfle. « On ne pense pas un instant que Sexton se soit comporté comme ils disent. Il n’a pas la grosse tête, c’est un garçon qui a les pieds sur terre, je le connais depuis l’école de rugby et c’est le même qu’avant son départ à Paris. Je ne sais pas si les Français essaient de le déstabiliser, mais à 100 % je peux vous dire que ça ne marchera pas ». Ce ne sera pas faute d’avoir essayé. Merci Laurent Labit.