France - Argentine : Séchons nos larmes, les Bleus ont subi la plus belle défaite de tous les temps
FOOTBALL•Battus par l’Argentine aux tirs au but, les Bleus ont offert un retour qui restera dans l’histoire du football, après avoir été menés 2-0 jusqu'à la 80e minuteAymeric Le Gall
L'essentiel
- L’équipe de France s’est incliné en finale de la Coupe du monde face à l’Argentine malgré une remontada incroyable en fin de match.
- Le scénario absolument impensable à partir du penalty obtenu par Kolo Muani a fait de cette finale la plus belle de l’histoire du Mondial, grâce, en partie, à la résilience des Bleus malgré une entame catastrophique.
De notre envoyé spécial à Doha,
Dans quelques années, quatre seulement on l’espère, quand il soulèvera sa deuxième Coupe du monde, Kylian Mbappé se remémorera ce soir du 18 décembre 2022 et le verra comme un moment fondateur. Peut-être même qu’il en rigolera, allez savoir. Perdre une finale de Coupe du monde après avoir inscrit un triplé, avouez qu’il y a de quoi rire (jaune). Mais dimanche soir, au moment de venir chercher son trophée de meilleur buteur de la compétition, quelques minutes après la défaite des Bleus en finale du Mondial face à l’Argentine aux tirs au but, sous les applaudissements des huiles de la Fifa et du président Macron, mais sous les sifflets du (toujours très classe) public argentin, le garçon l’a mauvaise. Et, avec lui, les 24 joueurs venus récupérer leur médaille en chocolat sur le podium, avant de voir Leo Messi et sa bande brandir haut dans le ciel ce trophée qu’ils ont pourtant touché du doigt lors de cette finale d’anthologie.
Leur peine est légitime, et rien ne pourra les consoler dans l’immédiat. Mais bientôt viendra l’heure de prendre un peu de hauteur. A ce moment-là, alors, ils comprendront qu’ils auront écrit l’une des plus belles pages de l’histoire des finales de Coupe du monde. Car cette cuvée 2022 est d’ores et déjà gravée à jamais dans le panthéon des finales de Mondial. Peut-être même à la première place. En tout cas loin devant le pourtant déjà mythique France-Italie 2006, le coup de boule du double Z à Matterrazzi et son passage tête baissée devant le trophée. A ce sujet, notons que, à l’inverse de son illustre aîné, Kylian Mbappé n’a pas pu s’empêcher de zyeuter cette Coupe du monde en passant devant avant de quitter l’estrade.
Deux minutes pour l’histoire
Tout était pourtant parti pour une finale à sens unique, l’une des plus déséquilibrées dont on peut se souvenir. A dix minutes de la fin, on était déjà prêts à tout remballer, l’Argentine de Leo Messi menant le plus tranquillement du monde par deux buts d’écart face à des Bleus insipides qui nous donnaien t plus envie de leur mettre des claques que de nous prosterner devant eux. Eux qui nous avaient offert tant d’émotion (à défaut de jeu à proprement parler) depuis le début du Mondial, voilà qu’ils allaient quitter la scène dans l’anonymat le plus quelconque, tristes fantômes dans une soirée pourtant faite pour briller.
Puis tout changea. De lambda, cette finale allait devenir cinq étoiles et basculer en deux petites minutes seulement dans l’irrationnel le plus total. Deux minutes et deux buts de Mbappé, le premier sur péno, le second d’une volée délicieuse du droit, comme pour rappeler au monde qu’on ne parle pas là d’un joueur qui s’échappe par la porte dérobée quand sonne l’heure des hauts sommets. « Ça s’est joué très vite. On est revenus puis physiquement, on était mieux qu’eux. On a commencé à pousser et on y croyait, déclarait Varane sur beIN Sports après le match. On n’était pas loin de réussir à renverser le match qui était mal embarqué. Il y a une force mentale dans ce groupe, beaucoup de coeur. Ça nous a permis d’arriver jusqu’en finale. Mais ça n’a pas été suffisant pour gagner ».
Deux 2-0 à 2-2, alors que les Argentins se voyaient déjà fêter leur victoire au Fernet-Coca dans les vestiaires, on s’est dit que le coup de surin allait certainement leur être fatal. Un peu à la manière des Italiens en finale de l’Euro 2000, K.-O. debout après l’égalisation de Syvain Wiltord dans les arrêts de jeu. Mais il faut reconnaître à cette équipe une capacité de rebond assez phénoménale, à un moment où le commun des mortels aurait lâché, dégoûtés par la bonne étoile au-dessus de l’équipe de France, eux ont repris leur marche en avant et l’avantage au score après un nouveau but de Messi. Fin du film ? Toujours pas, non.
« Il faudra du temps pour digérer »
Pour que cette finale rentre définitivement dans les livres d’histoire, on ne pouvait passer à côté de ce que le football a à offrir de plus beau et de plus horrible à la fois, à savoir la séance des tirs au but. Alors Mbappé égalisa sur péno (118e) et poussa tout le monde vers l’ultime explication puisque, une minute auparavant, Kolo Muani manquait la balle du titre au bout du bout du bout de la nuit qatarie. Et à ce petit jeu-là, l’histoire nous l’a montré, les Bleus sont malheureusement toujours ceux qui meurent à la fin dans le film. Un arrêt de Martinez sur le tir de Coman, un ballon qui fuit le cadre sur celui de Tchouaméni, et voilà la bande à Deschamps obligée de passer le témoin à l’Alibceleste et son nouveau DI0s Leo Messi.
« C’est ce qui donne encore plus de regrets, dira Deschamps au micro de TF1 après la défaite. Si on prend un troisième, il n’y a rien à dire. On n’a pas fait ce qu’il fallait pendant une heure mais après, avec beaucoup de courage, de qualité et d’énergie, on les a poussés dans leurs derniers retranchements. Ça se joue à une dernière occasion à la 120e, puis la séance de tirs au but qui est difficile à vivre quand on n’est pas du bon côté. » Interrogé sur son avenir, lui qui sera en fin de contrat avec l’équipe de France le 31 décembre prochain, le sélectionneur n’a pas voulu se projeter, expliquant seulement que « quand il n’y a pas le Graal au bout, et on n’était pas loin, ça fait mal et il faudra du temps pour digérer. » Un jour, vous verrez, vous serez fiers d’avoir fait partie de cette soirée magique.