FOOTBALLLes Bleus cèdent leur titre à l’Albiceleste après un match d’anthologie

France - Argentine : Les Bleus cèdent leur titre à l’Albiceleste après un match d’anthologie

FOOTBALLL’équipe de France s’est inclinée aux tirs au but en finale de la Coupe du monde face à l’Argentine, au terme d’un match proprement hallucinant
Aymeric Le Gall

Aymeric Le Gall

De notre envoyé spécial (enfin, ce qu’il en reste) à Doha,

L’équipe de France a cédé dimanche soir son titre de champion du monde à l’Argentine de Leo Messi, au terme d’un match absolument dingue. Longtemps à côté de leur sujet, liquéfiés par l’événement et finalement logiquement menés 2-0 à la marque, les hommes de Didier Deschamps ont finalement rallumé la lumière en deux minutes en toute fin de rencontre grâce à un doublé de Kylian Mbappé. Si les prolongations accouchèrent elles aussi d’un scénario sans commune mesure, et de deux nouveaux buts, les Bleus ont ensuite tout perdu lors de la séance de tirs au but.



Le football, mesdames et messieurs. Il y a des choses dans la vie qui s’expliquent, qui sont arrêtées, quantifiables, que l’on peut prouver par la science, la physique ou les mathématiques. Pourquoi la terre est ronde ou pourquoi le carré de l’hypoténuse est égal au carré des deux autres côtés. Et puis il y a le football. Un peu plus au-dessus il y a la Coupe du monde. Et carrément tout au-dessus encore, il y a cette finale de la Coupe du monde 2022 entre la France et l’Argentine, disputée dimanche soir dans une enceinte de Lusail toute de bleu ciel et blanc vêtue. Jusqu’à la 80e minute, disons le tout net, ce match jusque-là somme toute pas bien fifou - si on part du principe qu’on est Français et qu’on soutient l’équipe de Didier Deschamps - était à ranger dans le placard à archives au rayon des plus grandes daubes de l’histoire des Bleus en Coupe du monde.

Fantomatiques et mous du genou depuis le coup d’envoi du match, les hommes des Didier Deschamps se sont littéralement liquéfiés face à la grandeur de l’événement. En face, à l’inverse, les Argentins attaquaient cette rencontre pied au plancher et le couteau entre les canines. Et si l’arbitre s’est cru obligé d’offrir un nouveau péno à Messi dans ce Mondial, pour une faute inexistante ou presque (cela va de soi) de Dembélé sur Di Maria, au fond, voir la bande à Scaloni mener 2-0 à la pause après un second pion de l’ancien Fideo du PSG était on ne peut plus logique.

Deux minutes hors du temps. La 80e minute, disait-on. Alors que depuis la tribune de presse le contingent médiatique français tirait une tronche de quinze killomètres de long, que l’on mettait un point final à un compte rendu salé de chez salé pour la bande à DD et qu’on s’apprêtait à plier les Gaules, non sans avoir salué les Argentins pour leur victoire méritée, l’irrationnel pris possession des lieux. Entré en fin de première période pour remplacer un Dembélé à côté de ses souliers, Randal Kolo Muani, déjà buteur en demi-finale face au Maroc, provoquait au bout d’un sprint et d’un duel acharné avec Otamendi un péno (indiscutable celui-là) transformé par Mbappé.

Comme face aux Pays-Bas en quart de finale, les Messi’s boys commençaient alors à voir légèrement flou, et nous à y croire. Une minute plus tard, sans qu’on comprenne bien comment, Mbappé se retrouvait à claquer une volée de l’espace pour le but de l’égalisation. Folie furieuse sur le banc français, explosion de joie chez les milliers de supporteurs tricolores postés derrière le but argentin, et stupeur et tremblements dans les rangs sud-américains.

Un finish irrespirable, une claque mémorable. Et que dire de la suite ? D’ailleurs, comment vous la raconter quand, même dans l’esprit le plus torturé d’un réalisateur hollywoodien sous amphétamines ce scénar n’aurait jamais vu le jour. A ce niveau-là de dinguerie, ce n’est plus du football, c’est du Mozart qui enfante la Joconde dans les Jardins des délices. Ou un truc du genre, nous aussi on perd la boule, désolé. Un troisième but argentin signé du Messi et voilà la fournaise de Lusail qui implose à dix minutes de la fin des prolongations. Mais l’histoire ne pouvait se terminer ainsi. Non, pas sans un triplé de Mbappé, sur péno là encore, après une main de Montiel dans la surface. Randal Kolo Muani avait même la balle de titre au bout du pied et du temps réglementaire, mais Martinez détourna du tibia.

Car l’histoire voulait que cette finale de Coupe du monde, probablement la plus belle de toute, se termine dans ce que le football a de plus beau et de plus cruel à offrir, la séance de tir au but. Et à ce petit jeu-là, comme leurs aînés seize ans plus tôt face à l’Italie, comme trop souvent, les Bleus ont chuté. Messi est champion du monde, les tricolores lui passent le témoin, non sans l’avoir mauvaise. Mais que les Bleus se rassurent, avec les émotions qu’ils nous ont procurées pendant un mois, et pendant plus de 120 minutes dimanche soir, il n’y aura personne pour leur en tenir rigueur. Rendez-vous dans quatre ans, Messi sera à la retraite et Mbappé (encore) dans la force de l’âge.