Finale France-Argentine : « Kyyyyyylian !!!! »... On a vécu le match à Bondy, la ville de Mbappé
FILS PRODIGUE•Bondy, la ville de Kylian Mbappé, est passée par toutes les émotions pendant la finale de la Coupe du mondeRachel Garrat-Valcarcel
L'essentiel
- La mairie de Bondy avait donné rendez-vous au palais des sports de la ville pour suivre la finale France - Argentine.
- Kylian Mbappé, mais aussi Randal Kolo Muani et William Saliba sont originaires de la commune de Seine-Saint-Denis.
- Si la finale fut légendaire, c’est quand même bien grâce à l’ancien de l’AS Bondy.
Khadija est venu voir la finale de la Coupe du monde dans le palais des sports de Bondy avec la panoplie : écharpe tricolore, perruque tricolore, grand drapeau bleu blanc rouge. Mais elle aurait pu venir tout en vert : les couleurs de l’AS Bondy. Car pour elle, c’est « les Bondynois avant tout ! Ça fait du bien d’entendre du positif de Bondy ! » Bondy, vous savez, cette ville de Seine-Saint-Denis qui vient de donner trois buts à la France face à l’Argentine avec Kylian Mbappé. Et a bien failli lui en donner un 4e, celui du titre, dans les arrêts de jeu de la deuxième prolongation, avec Randal Kolo Muani.
Comment résumer l’après-midi vécue par les quelques centaines de personnes réunies dans ce gymnase, alors qu’en seulement quelques minutes on est passé d’un état léthargique profond à la fusion enthousiaste ? On a longtemps jamais cru en arriver là, soyons honnêtes. La journée a commencé dans le froid et sans ambiance. La Marseillaise permet au public de se chauffer, mais sans plus. Il faut dire que l’équipe de France, qui n'a pas tiré au but une seule fois en première mi-temps, n’aide pas à s’emballer. « Y’a rien qui va, on perd tous les ballons ! » Les percées de Kylian Mbappé sont rares mais signalées : « Allez Kyky, allez Kylou », entend-on au palais des sports.
« Mais on va pas défendre, on est mené 2 zer ! »
Après le penalty - évidemment inexistant pour certains dans le public - de Lionel Messi, le but d’Angel di Maria fini d’enfoncer le palais des sports. Même l’entrée du second Bondynois, Randal Kolo Muani, passe inaperçue. D’ailleurs, tout le monde ne revient pas au début de la seconde mi-temps. Ceux et celles qui y croient encore profitent du moindre contrôle français réussi dans les 30 mètres adverses pour élever un peu la voix. Le jeu de l’équipe de France atterre : « Mais défend enfin ! / Mais on va pas défendre, on est menés ! ». A ce moment-là, la France n’a toujours pas tiré au but.
Il n’y a plus que les enfants pour agiter les drapeaux et chanter « allez les Bleus » dans un gymnase de plus en plus sombre. Et puis… La lumière. Le péno de l’espoir, d’abord. Dont personne ne voit qu’il est provoqué par Kolo Muani. Et combien ? Une minute plus tard ? On ne sait plus trop. L’égalisation. « Kyyyyyyyyylian Mbappéééééééééééé », crie le speaker dans le micro. Le Bondynois vient de changer le cours du match. La salle bascule. On passe de rien à tout. Le choc est trop grand : les larmes sont déjà là. Ça crie dans tous les sens, y’a plus grand monde assis. Il faut dire que les chaises ont pas mal valdingué, alors les organisateurs ont préféré en ranger la plus grande partie. Le match vient de commencer à Bondy.
La tension fait que le but de Messi en prolongation ébranle à peine l’assistance. Bondy a confiance. La salle accompagne son fils prodigue sur le second pénalty : « Kylian ! Kylian ! Kylian ! Kylian ! »... Et Mbappé lui donne raison. « L’enfant du pays n’a pas trahi ses concitoyens », remarque le maire, Stephen Hervé. On n'a plus froid : Bondy vient de passer une heure dans une centrifugeuse, et a bien cru devenir le centre du monde à la 122e minute. Las, les deux tirs au but réussis de Mbappé et Kolo Muani ne suffisent pas à ramener la coupe à la maison. « Mais c’est déjà stratosphérique », note Narcisse, déçu, « comme si on était habitué à ce genre de performances ». Le « prix » de meilleur buteur console un brin Khadija. On devrait encore « entendre du positif » sur Bondy.