Coupe du monde 2018: «Ce match a créé quelque chose», les Bleus ont dû lâcher les chevaux, et ça aura son importance
FOOTBALL•L'équipe de France a montré un sacré caractère pour se défaire de l'Argentine, un élément indispensable quand on veut voir loin...Nicolas Camus
De notre envoyé spécial à Istra,
Ce France-Argentine était un match à vous dresser les poils de partout, qu’on l’ait vu depuis les tribunes ou devant sa télé. Sur le terrain, on n’en parle même pas. Les joueurs de l’équipe de France en étaient encore tout frétillants dimanche matin, après une courte nuit à se remettre de leurs émotions.
Il va falloir basculer vers le quart de finale contre l’Uruguay, bien sûr, qui sera une rencontre autrement plus compliquée et moins enlevée que celle-là. Mais comme on n’est que lundi et qu’il y a encore un peu de temps, attardons-nous encore un tout petit peu sur ce qu’on a vu samedi à Kazan, et de ce que ça peut représenter pour nos jeunes Bleus.
Entendons-nous bien, on va parler là de tout sauf de tableau noir. Les Bleus se sont régalés dans un match que les Argentins ont joué de manière suicidaire en évoluant haut et en laissant des kilomètres d’espaces dans leur dos. Soit l’exact opposé de ce qu’il faut faire pour embêter la France. Ils ne reverront plus ça pendant cette Coupe du monde, mais on peut s’arrêter sur le reste, sur le caractère qu’a démontré cette équipe, sur sa capacité à être allé chercher des choses tout au fond d’elle après un premier tour d’apothicaire.
« C’est clair que ce match a créé quelque chose, une dynamique, estime Florian Thauvin. Il est marquant pour tout le monde. On a pu voir le bonheur de tous les joueurs, du staff. C’est un match modèle pour nous. » Le mot qui revient le plus depuis le coup de sifflet final, y compris dans les questions des suiveurs, est « fondateur ». On l’a déjà dit, l’équipe de France, avec une moyenne d’âge à peine supérieure à 26 ans, est la plus jeune de cette Coupe du monde. Quatorze des 23 sélectionnés découvrent cette compétition.
La manière dont elle a relevé la tête après avoir pris le second but dès le retour des vestiaires est précieuse pour la suite. « C’est fédérateur, de par l’enjeu de ce match et le fait qu’en face beaucoup d’expérience, de s’est montré capable de bien gérer les différentes situations », analyse Didier Deschamps, pas peu fier de sa marmaille. « Ce match va nous faire énormément de bien, il va nous donner de la confiance, ajoute Antoine Griezmann. Tactiquement, le coach a joué juste. Nous sur le terrain on a été soudés, quand on a été menés on a vu des mecs qui ne doutaient pas, en plus dans une ambiance sud-américaine. On a répondu présent. » Les plus jeunes ne disent pas le contraire.
- Lucas Hernandez : « On va s’en souvenir de ce match. On savait que si on ne jouait pas avec un caractère et de l’agressivité, on allait se faire manger. On a montré de la personnalité sur le terrain. C’est ça qui va nous faire aller loin ».
- Benjamin Pavard : « On est sûrs de nos qualités. On est vraiment solidaires, et je parle des 23. Ce n’est pas évident pour ceux qui ne jouent pas, mais ils sont toujours là pour nous motiver. On sait quelles sont nos forces. Les gens autour doutaient de nous, mais on est là ».
- Florian Thauvin : « Depuis l’intérieur, je pressentais cette force de caractère. Ils l’ont démontré, et ce qu’ils ont fait c’est quelque chose de grand ».
Du coup, tout va bien dans le meilleur des mondes et on est armés pour aller jusqu’au bout ? « J’espère que ce sera fondateur, oui, appuie Hugo Lloris. Il faut s’appuyer sur ce match pour nous donner de l’allant dans cette compétition. Mais le prochain match sera déjà une autre histoire. » Et une sacrément difficile. On a beaucoup parlé caractère… les Uruguayens ont sans doute inventé ce mot. Mais les Bleus peuvent s’avancer avec la certitude de connaître un peu mieux.