La Coupe du monde dans nos vies, épisode 25. «Y avait notre photo dans le journal», anecdotes de Mondial (partie 2)
FOOTBALL•On a recueilli vos meilleures anecdotes de Coupe du monde...Propos recueillis par B.V.
Nous sommes tous un peu la Coupe du monde. Qu’on adore ou qu’on déteste le foot, qu’on le suive régulièrement ou une fois tous les quatre ans, qu’on soit né un soir de juillet 1998 ou trente ans avant, nous avons tous une expérience singulière et collective liée à la Coupe du monde. Durant tout le Mondial en Russie, 20 Minutes vous propose de l’explorer chaque jour à travers des témoignages, des interviews, des anecdotes, des jeux, des reportages ou des portraits. Parce que la Coupe du monde, c’est bien plus que juste du foot.
>> Pour relire l'épisode d'hier, notre voyage anti-spoil
>> Aujourd'hui, épisode 25. Vos anecdotes de Coupe du monde (partie 2)
Les chiottes (Romain, 31 mai 2002)
« De mémoire, le match d'ouverture, ce France-Sénégal, se joue un vendredi. Je suis en 5e dans mon collège de la banlieue lilloise. Cette Coupe du monde, je l'aborde ultra confiant. J'ai 12 ans, et ma mémoire footballistique, c'est que des succès des Bleus. Faut se remettre un peu dans l'époque. Forcément, tu te dis que l'équipe de France, elle ne perd jamais. On va égaliser dans la foulée comme contre la Croatie, on va gagner aux tirs au but comme contre l'Italie, où on va revenir dans les arrêts de jeu et gagner en prolongation comme en finale de l'Euro…
Bref, on est en juin 2002, on arrive en cours de latin, et le professeur, très sympa, nous laisse suivre le match. La radio, c'est mon voisin qui a l'oreille dessus. Je tente de suivre comme je peux, mais c'est pas évident, ses écouteurs sont pourris. Là, les Bleus prennent ce but de Bouba Diop en première période. Je me dis que l'on est larges, qu'on a le temps de revenir. Je ne suis pas du tout inquiet. Sauf qu'on sort du latin, se dirige vers un autre cours, mais toujours rien du côté du match. Que dalle, on est encore menés. Et là, je ne me l'explique pas trop, mais j'ai comme une boule qui me monte, me monte dans la gorge... On se rue sur la radio en sortant de cet autre cours et là on nous dit (je me souviens encore de la radio qui grésille parce qu'elle est à côté de la fréquence de RTL) : "La France s'incline contre le Sénégal.
Ouille. Tout le monde se casse, traverse la cour du collège pour filer en week-end, mais moi je suis vraiment mal. Je fonce aux toilettes m'enfermer dans une des chiottes, et je commence à chialer, chialer, chialer. J'ai qu'une peur, que quelqu'un me voit (à 12 ans, tu as moyen envie de te faire griller les larmes aux yeux aux chiottes), mais je continue de pleurer en me disant qu'on a pas eu de chance, que c'est pas possible, que l'arbitre a été mauvais, que nos joueurs sont bien plus forts... Bref, je me voile la face. En même temps, je me rends compte que la porte des toilettes est bloquée. Genre le verrou ne bouge plus. De la main gauche, je me sèche les larmes. De la main droite, je frappe dans la porte de rage. Il m'a fallu 15 minutes pour sortir. Et c'est très long dans des toilettes. Puis, je rentre chez moi. Je me souviens avoir dit à mes parents que cette défaite était un scandale, qu'on avait pas eu de chance, que ça changeait rien pour les Bleus dans cette Coupe du monde. Mais franchement, les mecs m'avaient beaucoup déçu. En fait, je crois que les ai plus regardé pareil parce que je me disais qu'ils pouvaient perdre même en jouant à fond. »
La Une (Samir, dimanche 12 juillet 1998)
« J’avais 14 ans à l’époque, et on a regardé le match chez moi avec un pote et mon frère. Quand ça a commencé à être le feu on a voulu bouger et aller en ville. Ma mère me l’a interdit. J’ai clairement pas écouté, on était un peu dans le délire, l’âge des premières, on avait bu un peu…
On est parti dans les fontaines de la place Jean-Jaurès à Tours : c’est la place de l’hôtel de ville. On était minots, on cherchait à être vus, on a été dans l’eau, on sautait de voitures en voitures. Le lendemain matin, ma mère me demande si je suis sorti. Je lui réponds que non. Et là, elle me sort la Une de la Nouvelle République, le journal local : y avait une photo de nous. Tout le monde nous avait reconnu. »
L’appendicite (Laeticia, le 11 juillet 1998)
« J’étais en vacances chez ma tante à 30kms de chez moi. Toute la semaine avant la finale France-Brésil, j’ai eu mal au ventre, avec beaucoup de nausées le samedi, la veille du match. Du coup ma tante m’a fait rentrer chez mes parents, je suis allée voir mon généraliste le samedi après midi à mon retour, et pour lui j’avais une gastro mais au cas où il avait fait un courrier à donner pour les urgences si ca n’allait pas mieux. Le dimanche j’ai eu de la fièvre je suis donc allée à l’hôpital et pour eux pas de doutes appendicite, opéré d’urgence le matin même. Je ne sais plus l’heure mais j’y suis restée 5 jours, j’ai frôlé la péritonite. J’avais 15 ans. Et c’était prévu qu’on regarde la finale entre cousins cousines chez ma tante. Mais je l’ai regardé seule dans ma chambre et j’ai subi les Klaxons depuis mon lit à défaut de pouvoir aller fêter ça. »
La gifle (Emilie, 12 juillet 1998)
« Après la victoire de la France ma famille et moi même avions décidé d'aller fêter cette victoire au centre ville de Reims, j'avais 14ans et en voiture je serrais les mains de toutes les personnes que l'on croisait... C'était très festif, jusqu'au moment où deux jeunes arrivent près de ma voiture et au lieu de me serrer la main, me mettent une grande gifle... Grand moment de panique quand je touche mes lèvres et que j'aperçois du sang ! Mon père a essayé de les rattraper dans la gare... Sans succès ! On est rentré chez nous un peu choqué et déçus. Autant vous dire que j'ai vite déchanté la fête était finie... »
Le relais optique (Charlotte, le 12 juillet 1998)
Juillet 1998, j'ai 14 ans et je suis en camp scout dans les bois, au fin fond la Bourgogne. On n'a pas eu droit d'aller voir le match dans un bar, alors on l'écoute sur nos radios à piles, pendant notre dîner sur la table en rondins de bois confectionnée par nos soins. Ce soir-là, les chefs avaient prévu de nous faire faire un relais optique dans les bois. Alors quand la nuit est tombée, malgré nos protestations (on avait déjà marqué 2 buts), on s'est armée de nos lampes de poche, dans le but d'aller faire passer un message en morse d'une équipe à l'autre. La seule chose que nous avions obtenu, c'est que les chefs nous préviennent des buts de la France par un coup de trompe. Au bout d'un moment, il y a eu un coup de trompe. Hurlements de joie dans les bois. Puis plein de coups de trompe successifs, annonçant la fin du match. Liesse dans les bois. Les chefs ont été débordées, on a arrêté le jeu pour aller fêter la victoire autour du feu de camp. Le message n'était pas arrivé jusqu'à mon équipe. Résultat: je n'ai jamais vu le match, je n'ai jamais vu les Bleus sur les Champs-Elysées au JT de 20 H et je n'ai jamais su ce que contenait le message du jeu.
Mais je pense qu'à part ma troupe, personne ne faisait un relais optique dans les bois le soir du 12 juillet 1998. »
>> Demain: Qu'est-ce qu'il y avait d'autre à la télé le soir du 12 juillet 98?