FOOTBALLEt s'il arrêtait son cirque? Pourquoi Maradona fatigue toute l'Argentine

Coupe du monde 2018: Et s'il arrêtait son cirque? Pourquoi Maradona fatigue toute l'Argentine

FOOTBALLReconverti consultant pour Telesur, l’idole nationale est une présence très encombrante pour Messi et des coéquipiers…
Julien Laloye

Julien Laloye

De notre envoyé spécial à Moscou,

Tonton Diego. On en a tous un dans notre famille. Le gars s’appelle Jeannot, en général. Jeannot est la terreur des mariages et des cousinades. Adepte du combo braguette à l’air/ventre rebondi, il ne rate jamais une blague salace. Mais tout le monde fait semblant de trouver ça marrant. La famille dont on parle ? Un pays entier, l’Argentine, et le tonton gênant, Diego Armando Maradona.

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Le sniper de Telesur

Le glorieux numéro 10 de l’Albiceleste est un peu trop présent à Moscou, invité à balancer sa vacherie quotidienne dans l’émission vénézuélienne #lanotadeldiez en compagnie de Victor Hugo Morales, le commentateur inoubliable de son slalom de légende contre l’Angleterre 86. En échange des dernières devises de Caracas, Diego, posé comme chez le barbier, inonde la sélection de son fiel redoutable, en particulier le sélectionneur Jorge Sampaoli, qu’il ne porte pas dans son cœur de glace, pour le dire gentiment. En début de semaine, il s’est donc fait un petit plaisir, encouragé par la prestation tout à fait moyenne de l’Argentine contre l’Islande (1-1).

« « Je crois qu’en jouant ainsi, Sampaoli ne peut pas rentrer en Argentine, a-t-il lâché à Telesur. C’est une honte. Ne pas avoir préparé le match en sachant que les Islandais mesurent 1,90m… J’ai l’impression qu’il y a une colère générale au sein de l’équipe. S’il continue comme ça, l’équipe va avoir de sérieuses difficultés parce que le Nigéria a l’expérience, ils savent comment contre-attaquer et comment marquer. Je ne blâme pas les joueurs. Je peux blâmer le manque de travail. Mais je répète que je ne peux pas blâmer les joueurs ». »

Passons sur le fait qu’avant le Nigéria, il reste la Croatie, et que l’Argentine n’a pas encore perdu ce match-là. Peut-être que Maradona lit mal le calendrier. Quoi d’autre ? Ah oui, entre ses critiques à Sampaoli et une accusation de racisme à papa pour avoir mimé les yeux plissés devant des supporters japonais, le champion du monde 86 a aussi trouvé le moyen de s’en prendre au Kun Aguero, son ex-gendre, le seul mec à avoir un tant soit peu pris ses responsabilités contre l’Islande pendant que tous les copains refilaient la patate chaude à Messi, l’air de dire « sors-nous de ce pétrin compadre ».

« « Je le dis avec toute la peine du monde, parce que je pense à mon petit-fils, mais je pense que le Kun n’a pas les jambes pour jouer 90 minutes. S’il est de nouveau titulaire au prochain match, on va le cramer pour toute la compétition. C’est la clé, il faut mettre le petit Pavon et Higuain dans l’axe pour que quelqu’un puisse reprendre ses centres » »

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Une réflexion en l’entendant facturer autant d’infamies à la minute ? MAIS POURQUOI TU NE FERMES PAS TA GRANDE BOUCHE UNE FOIS POUR TOUTE DIEGO ????

L’affaire est compliquée, hélas. Il faut voir ce que représente encore Maradona pour les supporters argentins. Samedi dernier au Spartak Stadium, le virage des fans les plus chauds s’est levé comme un seul homme pour l’acclamer quand El Pibe est sorti de sa loge pour saluer la foule. On ne parle pas d’applaudissements polis, non, mais bien d’un tonnerre d’acclamation, une dévotion presque intrigante alors que les souvenirs du Maradona joueur commencent sérieusement à jaunir. On se demande quand même si le type rend vraiment service aux joueurs quand il les débine de la sorte.

  • Est-ce que sa parole porte ?
  • Est-ce qu’elle arrive jusqu’aux joueurs ?
  • Est-ce qu’elle est prise en compte pour autre chose que du radotage inutile ?

Un indice. Le sujet est plus sensible qu’il n’y paraît parmi la troupe de suiveurs argentins, cantonnés dans la grande banlieue de Moscou et déjà bien vener de devoir patienter deux heures sous le cagnard pour passer les contrôles de sécurité. Pas de soucis pour parler, mais en off, au cas où cela remonte jusqu’à Dieu le père. Un éditorialiste de télévision argentine : « Diego, on le respecte comme la plus grande idole de notre histoire, mais ses opinions ont surtout une répercussion médiatique, dans le sens où tout le monde les reprend. Mais je ne pense pas qu’elles soient traitées avec beaucoup d’importance au sein du staff ou de l’équipe ». Un autre, plumitif pour le journal sportif Olé. « Tout ce qui dit Maradona, même ses commentaires sur la politique ou sur la société argentine, ont un écho. Mais de là dire qu’il est écouté… ses critiques contre Sampaoli, par exemple, elles ne font que refléter l’opinion générale en Argentine. Il fait du bruit, mais pas beaucoup plus ».

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Des opinions qui n’intéressent plus grand-monde

Surtout, personne n’est dupe. Maradona a perdu le droit de critiquer tous les sélectionneurs argentins qui lui ont succédé depuis 2010 et cette Coupe du monde cataclysmique de l’albiceleste, complètement coupée en deux et écrabouillée par l’Allemagne en quarts (4-0). Une expérience que même les supporters ont du mal à pardonner. Juan Carlos et David, père et fils avec le maillot Messi sur le dos, croisés lors de Sénégal-Pologne.

« « Diego comme joueur, c’est une chose, mais Diego la personne, c’est différent. Il a été sélectionneur de l’Argentine avec quasiment la même équipe qu’aujourd’hui et il a été incapable de nous emmener jusqu’au titre. Pire que ça, on s’est fait éliminer piteusement. Il a perdu le droit de donner des leçons. Qu’il critique les choix du sélectionneur avant la compétition, c’est une chose, mais maintenant que la Coupe du monde a commencé, ça n’apporte rien de positif à l’équipe ». »

Une toute petite lueur d’espoir, cependant. Tout Maradona qu’il est, Diego n’a pas encore osé s’en prendre à Lionel Messi, malgré son penalty manqué contre les Vikings. « Dans ma carrière, j’ai déjà raté cinq penaltys d’affilée et je suis toujours Maradona. Je ne pense pas que l’Argentine ait perdu 2 points parceque Messi a manqué son penalty ». « Messi est le seul à être épargné, nous confirme notre suiveur de première main. C’est comme si il respectait son statut de meilleur joueur du monde. Je ne l’ai jamais entendu le critiquer directement ». Attendons une défaite contre la Croatie, ça peut encore venir.