Coupe du monde 2018: Vraiment anodin? Dans leur com' ou leurs coupes, plus rien ne dépasse chez les Bleus
FOOTBALL•On a gagné en sobrieté sur ce Mondial au sein de l'équipe de France...Nicolas Camus
L'essentiel
- Les joueurs de l'équipe de France arborent tous une coupe très simple pour cette Coupe du monde - même Pogba et Kimpembe.
- Dans leur façon de communiquer également, il n'y a rien qui dépasse.
- C'est comme si tout était fait pour se focaliser uniquement sur le terrain.
De notre envoyé spécial à Istra,
Il y a des sujets avec lesquels on ne plaisante pas. Interrogé lundi sur le fait d’être surnommé « Jeff Tuche » par ses coéquipiers, Benjamin Pavard a bien fait comprendre qu’il en avait marre et que c’était la dernière fois qu’on l’embêtait avec ça. Au sein du groupe, le chevelu nordiste se fait pas mal chambrer avec sa « coupe des années 1990 », comme il l’avait lui-même évoqué - avec le sourire - à Clairefontaine pendant la préparation.
Cette petite histoire reste une anecdote, mais ce qu’on a pu observer dans les coupes de cheveux des autres joueurs de l'équipe de France ne l’est peut-être pas. On parle là des habitués des excentricités en tout genre, comme Paul Pogba, Presnel Kimpembe et Benjamin Mendy, voire à un degré moindre Antoine Griezmann. Depuis l’arrivée à Clairefontaine, il n’y a plus rien qui dépasse. C’est court, sans couleur, sobre quoi. Personne ne fait exception, comme s’ils s’étaient tous donnés le mot.
« C’est la Coupe du monde. Il faut aller à la guerre, donc on s’est fait des coupes de militaire », a expliqué Kimpembe en se marrant, la semaine dernière. Impossible de savoir si c’est vraiment l’idée, mais il y a sûrement un petit quelque chose de vrai là-dedans. Question d’image ? La question a été posée au patron de la FFF Noël Le Graët, de passage au centre des médias avant le match contre l’Australie. Voilà ce qu’il en dit :
« On ne leur a pas demandé. Ils ont sûrement changé de coiffeur ces derniers temps. C’est vrai que Pogba, ce matin [jeudi dernier], je ne l’ai pas reconnu. Je me suis demandé qui était ce grand gaillard. Il n’y a plus de rouge, plus de vert… Plus sérieusement, je pense que le foot leur suffit aujourd’hui. » »
Il serait donc question d’une concentration maximale sur la compétition. Ce dont on est sûr en tout cas, c’est que non, ils n’ont pas changé de coiffeur. En farfouillant un peu, on a trouvé les images qui le prouvent. L’Anglais Ahmed Alsanawi, « coiffeur des stars » officieux de la Premier League, est venu faire un tour à Istra. On a contacté le bonhomme. Sympa mais pas très loquace, il n’avait clairement pas envie (le droit ?) de s’étendre.
Ce qu’on a appris ? Il est venu jeudi dernier [le 16], à la demande des joueurs - Mendy et Pogba sont des clients réguliers. Et ce style militaire, alors ? « Ils ne m’ont pas dit qu’il y avait une raison particulière, répond l’artiste. Ils m’ont dit qu’ils voulaient quelque chose de joli et surtout simple. Pas de couleurs, rien qui sorte de l’ordinaire. En tout cas pour cette fois. »
Si on y accorde de l’importance, c’est que cela vient s’ajouter à d’autres détails comportementaux qui nous ont fait tilter. Aucune charte spécifique n’a été signée, Knysna commence à être loin maintenant, mais sur les réseaux sociaux aussi par exemple, y en n’a plus un qui bronche.
Ce qui est drôle, c’est que quand on demande si ça vient d’une consigne, ils ne sont pas tous d’accord. « Non, c’est moi qui me suis calmé un peu. Avec vous les médias, ça va vite », glisse Kimpembe. « Il y a eu des discussions sur ça, dit de son côté Mendy, champion toutes catégories en la matière. Il [le sélectionneur] m’a prévenu, mais je ne vais pas lancer des gros trucs. Ça peut péter fort après. Je sais ce que je peux mettre sur les réseaux, il n’y a pas de problème. »
Voilà comment on se retrouve avec de mignonnes photos de l’entraînement ou des « jours de match ! » en trois langues à faire exploser votre TL. On caricature un poil, mais l'idée est là.
L’autre fait marquant de ce début de compétition, c’est la venue de Paul Pogba en zone mixte après l’Australie. La dernière fois, ça devait être sous la France du Général de Gaulle, c’est dire l’événement. Paulo a fait le boulot en français, anglais, italien, et même en espagnol. Il a défendu ses jeunes coéquipiers, et sa propre personne quand le sujet a dévié là-dessus.
Une seule chose à dire : il a raison. Rien de mieux pour éteindre les débats que de venir soi-même s’expliquer. Les articles sur le loustic sont positifs depuis ce week-end, même s'il s'est senti obligé d'en remettre une couche lundi après-midi. Rien de trop méchant non plus.
La seule entorse a cette belle cohésion, en tout cas vu de l’extérieur, a été la mise en scène du choix de Griezmann concernant sa décision de rester à l’Atlético, à deux jours de l’Australie. On nous a gentiment fait comprendre qu’on avait l’esprit mal placé, DD a fait une blague, et hop c’est passé.
« Vous êtes les premiers juges de ces comportements. Avec le maillot bleu, ils se conduisent de façon exemplaire. Ils sont attachés à ce maillot, tout le monde a la volonté, je crois, que ça se passe de manière idéale », assène Le Graët. Qui se tâte sûrement à aller faire un tour chez le coiffeur, du coup.