Dopage, troll et faits de course... Pourquoi le ton monte entre Fourcade et les biathlètes russes
BIATHLON•La guerre froide entre Martin Fourcade et les biathlètes russes a atteint des sommets jeudi à Hochfilzen...W.P.
Vous avez aimé « Rocky IV » et l’apogée de l’antagonisme américano-russe ? Vous adorerez la version biathlon du film de Stallone, entre Martin Fourcade et l’équipe de Russie. Déjà en froid depuis plusieurs semaines, les deux camps ont franchi un nouveau cap dans leurs bisbilles pendant et après le relais mixte des championnats du monde d’Hochfilzen.
- Les Russes accusent Fourcade d’avoir bousculé Loginov sur sa prise de relais.
- Ils l’accusent aussi d’avoir chambré Anton Shipulin sur la ligne d’arrivée après l’avoir battu au sprint.
- Loginov et Shipulin ont refusé de serrer la main de Fourcade, qui est alors descendu du podium pour protester.
- Le ton est ensuite monté en conférence de presse entre Fourcade, Fillon-Maillet et Shipulin.
De fait, cette histoire est tout sauf une embrouille d’un jour. Il faut remonter deux mois en arrière pour expliquer l’incident du jour.
Episode I : Martin Fourcade et la menace fantôme d’un boycott
Tout part du second volet du rapport dit McLaren, dont les conclusions laissaient entendre que 31 biathlètes russes avaient pu avoir recours au dopage. Très engagé dans la lutte antidopage, Martin Fourcade avait alors réagi en mettant une certaine pression sur la Fédération internationale de biathlon (IBU) à l’occasion d’une interview accordée à la télévision norvégienne NRK.
« « J’espère que si ma Fédération n’a pas assez de couilles pour prendre une décision, les athlètes prendront la leur. Si rien n’est fait d’ici janvier, je demanderai à mes collègues de ne pas concourir. » »
En gage de bonne foi, la Russie décide de renoncer, fin décembre, à organiser l’épreuve de Coupe du Monde de Tyumen, qui devait se tenir en mars. Pour le champion français, il ne s’agit là que d’un écran de fumée. « Annuler la Coupe du monde à Tyumen, c’est une mascarade de lutte contre le dopage », a-t-il déclaré, dans des propos partagés par L’Equipe.
A l’époque, Anton Shipulin n’est pas dans l’affrontement. Egalement interrogé par la NRK, il préfère alors botter en touche. « Nous n’avons pas encore vu assez de preuves. Tout le monde peut lancer de telles allégations.
Episode II : Le retour de Loginov, la goutte qui fait déborder le vase
Jamais vainqueur en individuel sur le circuit pro, Alexander Loginov n’a rien pour égratigner Martin Fourcade, du moins pas pour le moment. Sauf que le biathlète russe a été suspendu de 2014 à 2016 après avoir été contrôlé positif à l’EPO et que son retour n’a pas été vu d’un très bonne oeil par le Français.
A tel point que ce dernier est allé troller un post du compte Instagram de l’Union russe de biathlon qui souhaitait un joyeux anniversaire à Loginov le 31 janvier et profitait de l’occasion pour rappeler le palmarès de son coureur.
« « Et il a été suspendu deux ans pour avoir pris de l’EPO. Ne l’oubliez pas, c’est l’un de ses plus beaux trophées. » »
« Le président de la Fédération russe a demandé à la Fédération internationale une sanction exemplaire contre moi », a par ailleurs précisé le Français, qui s’est aussi plaint, jeudi, d’avoir fait l’objet d’insultes sur les réseaux sociaux après cet épisode.
Episode III : Le « règlement de comptes » sur piste
Comme le destin est taquin, les deux hommes se sont - littéralement - croisés sur la piste d’Hochfilzen. Alors que Quentin Fillon-Maillet et Alexander Loginov, troisièmes coureurs français et russe à s’être élancés, passent le témoin à Fourcade et Shipulin quasi-simultanément, on aperçoit Loginov s’écrouler sur le bord de la piste, supposément bousculé (ou crocheté) par Martin Fourcade avant que celui-ci ne prenne le sillage de Shipulin.
aL’épisode pousse ce dernier à dénoncer « des gestes négatifs de l’équipe de France » contre Loginov en conférence de presse, après son sprint perdu et l’étonnant boycott du podium. Réponse du leader de la Coupe du monde de biathlon :
« « Je n’ai rien fait de mal durant la compétition contre Loginov. Si je l’avais fait, l’équipe de France n’aurait pas été classée en deuxième position. » »
Pas forcément à son avantage sur la piste, Quentin Fillon-Maillet n’a pas hésité à défendre son leader devant la presse. « Les tricheurs devraient être bannis de tout sport et quand on peut leur mettre une leçon sur la piste, cela s’appelle un règlement de comptes », a-t-il conclu. Une prise de position qui vaut son pesant de cacahuètes : Désormais, c’est France contre Russie et plus seulement Fourcade contre les Russes…