SI PRES DE l’ORComment les Bleues ont « fait douter » la meilleure équipe du monde

JO 2024 - Basket : « C’est fou comme ça a été dur »… Comment les Bleues ont « fait douter » la meilleure équipe du monde

SI PRES DE l’ORBluffante de bout en bout, l’équipe de France féminine de basket a failli obtenir l’or olympique pur la première fois de son histoire, ce dimanche à Bercy, en s’inclinant sur le fil (66-67) contre Team USA
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • L’équipe de France féminine de basket s’est inclinée d’un point (66-67) lors de la finale des JO de Paris 2024 contre Team USA, ce dimanche à l’Arena Bercy.
  • Malgré la déception de ne pas remporter l’or, les Bleues sont conscientes d’avoir livré un match énorme, au point de « faire douter » les stars de WNBA.
  • Les Américaines poursuivent donc leur invraisemblable série de 61 succès consécutifs lors des Jeux olympiques, en remportant leur 8e édition de rang à Paris.

A l’Arena Bercy,

Si tant est que vous étiez nés, que faisiez-vous le 5 août 1992, bien avant que l’OM ne touche par exemple au graal européen ? Ce jour-là compte beaucoup dans l’histoire du basket américain : il s’agit du jour de la dernière défaite des joueuses de Team USA dans un tournoi olympique, en demi-finale à Barcelone contre… la CEI ! Depuis, on a affaire à une série insensée de 61 victoires de rang, de huit titres consécutifs aux Jeux, et même d’un écart moyen de plus 20 points en finale.

Sauf que ce huitième sacre obtenu ce dimanche aux JO de Paris 2024 a tenu à un fil, ou plutôt à quelques centimètres des pieds de Gabby Williams, qui ont privé l’équipe de France d’une prolongation (66-67). Mais comment diable les Bleues de Jean-Aimé Toupane, seulement en bronze l’été précédent lors de l’Eurobasket, avec une lourde affaire Marine Johannès sur les bras, ont-elles pu se hisser au niveau d’Américaines imbattables sur des JO depuis Atlanta 1996 ? A en croire Alexia Chéry, tout est parti de la première rencontre entre Jean-Aimé Toupane et le groupe en 2021.

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Seulement 25-25 à la mi-temps

« Tout le monde a pris les gens du staff pour des fous lorsqu’ils sont arrivés en disant qu’ils voulaient être médaillés d’or olympiques à Paris, confie la capitaine de l’Asvel. Depuis, nous avons l’or dans nos têtes depuis le départ. C’est pourquoi on n’était pas rassasiées après la demi-finale contre la Belgique. Là, on y a cru jusqu’au bout, et je pense qu’on a montré qu’on n’avait pas peur d’elles, qu’on ne les prenait pas pour des invincibles. » A Bercy, les joueuses tricolores ont en effet montré énormément de personnalité pour résister au rouleau compresseur de Team USA, avec un goût du sacrifice et une science de la défense collective remarquables, comme en témoigne ce mini-score de 25-25 à la mi-temps, et même de 35-25 trois minutes plus tard, après une folle série.

Et si doutes voire peurs se trouvaient alors finalement chez le grand favori US ? Pas selon Sabrina Ionescu : « ce qui était assez impressionnant, c’est qu’aucune d’entre nous n’a été surprise ou n’a perdu son sang-froid. Nous avons simplement tenu bon et nous avons compris que nos tirs allaient rentrer, nous jouions contre une très bonne équipe devant son public. »

« Les Françaises ont été tellement agressives »

On sent tout de même que sa coéquipière Napheesa Collier a été bluffée par l’opposition des partenaires d’une Valérie Ayayi dans tous les bons coups : « les Françaises ont été tellement agressives, avec leur excellente défense, qu’il fallait vraiment prendre soin du ballon. C’est fou comme ça a été dur aujourd’hui. J’ai l’impression que c’est ainsi que devraient se dérouler les matchs pour la médaille d’or. » La compétitivité tricolore s’est révélée de bout en bout à l’extrême opposé de la précédente finale Team USA-France, conclue sur une folle raclée 86-50.

« En 2012, c'était le début de quelque chose en France, une génération qui nous a lancées et qui nous a donné envie de rêver en grand, reprend Alexia Chéry. Là, au niveau du physique, du basket et de l’intensité, le jeu que nous propose Aimé peut rivaliser avec une telle équipe. » Et comment, portées par leur abnégation et quelques gros tirs de Gabby Williams (19 points), les Bleues n’ont donc renoncé à l’or qu’au buzzer d’une finale passionnante, avec finalement encore plus de suspense que celle de leurs homologues masculins la veille.

« Un match de basket absolument incroyable »

« Nous avons prouvé au monde que nous avions notre place en finale et j’en suis très fière, apprécie la meneuse française Romane Bernies. On a montré la voie, et beaucoup de monde se dira maintenant que c’est possible, que les Etats-Unis ne sont pas si loin que ça. » Certes, les Belges avaient déjà failli créer l’exploit en février lors d’un match du tournoi de qualification olympique disputé en Belgique (79-81). Sauf que Team USA était déjà qualifié et qu’il n’y avait donc pas d’enjeu majeur autour de cette rencontre.

La sélectionneuse américaine Cheryl Reeve a tenu à saluer la prestation tricolore : « c’était un match de basket absolument incroyable. Les Françaises ont joué avec leur identité et nous n’avons pas pu accéder à la nôtre en raison de ce qu’elles faisaient. » A savoir un projet de jeu clairement défini, contrairement aux atermoiements de l’Eurobasket 2023. « On savait qu’on pouvait rivaliser avec toutes les équipes, y compris Team USA, du moment qu’on avait cette intensité, cette envie, résume la capitaine Sarah Michel-Boury, qui a disputé ce dimanche son dernier match international. On les a poussées à douter et à jouer sur demi-terrain. On les a bien perturbées, en faisant baisser leur adresse au tir. »

« Ce qu’on a fait est énorme et inspirant »

Et donc en les empêchant de courir pour s’offrir quelques paniers faciles. Non, l’Arena Bercy a été le théâtre d’une rude bataille dans laquelle les arbitres ont pris le parti de ne pas souvent intervenir. « Ça ne sifflait pas beaucoup sur tout le tournoi en fait, c’était très physique, précise Marine Johannès, malheureusement en panne d’adresse sur cette finale (9 points à 3/13). Tout est passé par la défense : on leur est rentré dedans et on peut être très fières de notre match. Faire douter la meilleure équipe du monde, c’est un sentiment qu’on n’a pas tous les jours. »

C’est pourquoi Gabby Williams, en larmes au coup de sifflet final, glissait ensuite en conférence de presse, pleine d’espoir : « dès le début de match, on a mis de la pression. On leur a montré qu’on était là pour gagner et j’ai senti qu’on était vraiment là pour avoir la médaille d’or. Ce qu’on a fait est énorme et inspirant. Tout le monde va parler de ce match pendant des années. »

Y compris outre-Atlantique, vu comment Team USA a eu un tout autre challenge que sa demie sans frayeur contre l’Australie (85-64). Brittney Griner conclut à ce propos : « peut-être que le public arrêtera de dire que c’est tout simplement facile pour nous, que nous remportons l’or dès que nous entrons en lice dans un tournoi. Merci aux Françaises pour ça, elles nous ont bien poussées. » Comme pour Victor Wembanyama et les siens, rendez-vous à Los Angeles en 2028 pour la revanche.