athlétismeCaster Semenya gagne devant la CEDH, mais le combat sera encore long

Hyperandrogénie : Caster Semenya gagne devant la Cour européenne des droits de l’homme, mais le combat sera encore long

athlétismeCette décision n’ouvre pas directement la voie à une participation de la Sud-Africaine à des courses sans traitement
Nicolas Camus

N.C. avec AFP

L’athlète sud-africaine Caster Semenya, empêchée de participer à certaines courses parce qu’elle refuse un traitement pour faire baisser son taux de testostérone, a remporté une bataille judiciaire mardi contre la Suisse, devant la Cour européenne des droits de l’homme, qui estime l’athlète de 32 ans victime de discrimination.

La justice helvète avait confirmé en 2020 une décision du Tribunal arbitral du sport (TAS) validant un règlement de la Fédération internationale d’athlétisme (World Athletics, ex-IAAF). Celui-ci oblige l’athlète hyperandrogène, double championne olympique du 800 m, à prendre un traitement hormonal pour faire baisser son taux de testostérone si elle veut s’aligner sur sa distance fétiche.

Un manque de « contrôle approfondi » sur le cas de la Sud-Africaine

Cet arrêt de la CEDH n’invalide toutefois pas le règlement de World Athletics et n’ouvre pas directement la voie à une participation de Semenya sur 800 m sans traitement. « La réglementation actuelle sur les DSD (différences du développement sexuel), approuvée par le Conseil de la Fédération internationale en mars 2023, reste en place », a en effet précisé l’instance.

« La Suisse a outrepassé la marge d’appréciation réduite dont elle jouissait dans le cas d’espèce qui portait sur une discrimination fondée sur le sexe et les caractéristiques sexuelles, laquelle ne peut être justifiée que par des "considérations très fortes" », a estimé la cour basée à Strasbourg.

« L’enjeu significatif de l’affaire pour la requérante et la marge d’appréciation réduite de l’État défendeur auraient dû se traduire par un contrôle institutionnel et procédural approfondi, dont la requérante n’a pas bénéficié en l’espèce », a-t-elle poursuivi.

La Fédé internationale ne lâche pas

Dans une décision rendue avec une courte majorité de quatre juges contre trois, la CEDH estime ainsi que la Suisse a violé divers articles de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, et qu’elle doit ainsi verser à l’athlète sud-africaine 60.000 euros de dommages.

Caster Semenya présente un excès naturel d’hormones sexuelles mâles. Elle mène depuis plus de dix ans un bras de fer avec la Fédération internationale d’athlétisme. Cette dernière a pris connaissance du jugement, mais ça ne fera pas infléchir sa position. « Notre point de vue reste que les règlements relatifs aux DSD sont un moyen nécessaire, raisonnable et proportionné de protéger une compétition équitable dans la catégorie féminine », indique-t-elle dans un communiqué.

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Caster Semenya, à défaut de pouvoir courir sur sa distance préférée du 800 m, avait tenté de se reconvertir sur des distances plus longues comme le 5.000 m, initialement non concernées par la réglementation DSD. Mais World Athletics a encore durci son règlement en mars pour les athlètes intersexes comme Caster Semenya, qui doivent désormais maintenir leur taux de testostérone sous le seuil de 2,5 nanomoles par litre pendant vingt-quatre mois pour concourir dans la catégorie féminine, peu importe la distance.