INTERVIEW«Ça s’est calmé, je le vis mieux maintenant», confie Kevin Mayer

«Ça s’est calmé, je le vis mieux maintenant», on a parlé physique et notoriété avec Kevin Mayer

INTERVIEWLe décathlonien, catalogué «beau gosse officiel de l'athlétisme français» depuis les JO de Rio, explique pourquoi il refuse de nombreuses sollicitations...
Kevin Mayer lors de sa victoire en heptathlon lors des championnats d'Europe en salle de  Belgrade, le 5 mars 2017.
Kevin Mayer lors de sa victoire en heptathlon lors des championnats d'Europe en salle de Belgrade, le 5 mars 2017.  - Darko Vojinovic/AP/SIPA
Nicolas Camus

Propos recueillis par Nicolas Camus

L'essentiel

  • Kevin Mayer, vice-olympique et champion du monde de décathlon, fait partie des têtes d'affiche du Meeting de Paris Indoor, mercredi.
  • Sympa, beau gosse, il est perçu comme l'une des nouvelles stars de l'athlétisme français depuis les Jeux de Rio.
  • Il explique comment il vit cette notoriété, qui a ses bons et ses moins bons côtés.

Après des apparitions dans l’Eure et à Lyon ces derniers jours, Kevin Mayer sera l’une des têtes d’affiche du Meeting de Paris Indoor, mercredi, à l’AccorHotels Arena. Le vice-champion olympique et champion du monde du décathlon va se tester sur le poids, la longueur et les haies, alors que se profilent les Mondiaux en salle de Birmingham (du 1er au 4 mars).

Les championnats d’Europe de Berlin, en août prochain, restent son principal objectif de l’année. Tout le monde espère le voir battre le record du monde d’Ashton Eaton. « Moi j’ai envie d’être champion d’Europe avant tout. Tout le monde me parle du record du monde, vous les médias vous ne pensez qu’à ça, plus que moi j’ai l’impression, remarque-t-il en rigolant. Mais je ne me sens pas tout à fait prêt encore à aller le chercher, il reste du boulot. » En attendant, on a parlé bons et moins côtés de la notoriété avec « le beau gosse de l’athlé français ».

Vous retrouvez le public français sur un gros meeting, qu’attendez-vous ce meeting ?

Je suis en pleine préparation, donc pas encore dans ma meilleure forme. Mais j’y vais pour faire des bonnes perfs, je sais qu’à la maison j’arrive toujours à claquer des trucs pas mal. J’ai envie de m’amuser un peu avec le public.

Votre notoriété a explosé lors des JO de Rio, vous le ressentez encore aujourd’hui ?

Oui, clairement. Je n’ai jamais fait de grands championnats en France, que des meetings. Mais à chaque fois ça s’est super bien passé, c’est très plaisant d’être reconnu, d’être autant applaudi.

On a beaucoup parlé de votre physique à Rio, vous aviez fait comprendre que ça vous agaçait un peu…

C’était surtout une exagération des médias. Je ne disais pas que j’en avais marre, je disais juste que certaines personnes exagéraient un peu parfois et ne respectaient pas les gens dans leur vie personnelle. Mais ça reste un grand plaisir pour moi de voir que je suis reconnu pour mes titres et ce que je suis. Ça s’est calmé, je le vis très bien maintenant, ça va beaucoup mieux.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

On ne vous voit pas énormément dans les médias, est-ce un vrai choix de votre part ?

J’ai refusé beaucoup de sollicitations. Ce que les gens ne comprennent pas toujours, c’est que pour faire les résultats que je fais, j’ai besoin de beaucoup d’entraînement. J’habite à Montpellier, tout ce qu’on me propose est à Paris. Si je commence à aller à Paris toutes les semaines… ce n’est pas compatible avec mon entraînement.

Qu’est-ce qu’on vous a proposé de plus fou ?

Oh, j’en ai reçu pas mal, des propositions qui n’avaient rien à voir avec ce que je suis. On est venu me voir pour des émissions type « L’île de la tentation » ou des choses comme ça (il se marre). Bon, ils tentent hein, ça me fait plus marrer qu’autre chose.

Sans aller jusqu’à ces extrêmes, vous ne vous dites pas que vous auriez à gagner à vous mettre plus en avant ?

Si bien sûr, ça fait partie de ma réflexion. Je sais bien que plus j’aurais de la visibilité, plus je pourrais avoir des contrats et être plus confortable niveau financier. Mais je me dis surtout si je me laisse embarquer là-dedans, je ferais moins de résultats et alors on m’oubliera très vite. Et puis ma passion première, c’est le décathlon. Bien sûr que c’est utile de gagner de l’argent, c’est même primordial pour pouvoir m’entraîner dans de bonnes conditions et je veux bien optimiser ma carrière, mais il y a une manière de faire. Et je ne pense pas que répondre à toutes les sollicitations soit très bon. Il faut réussir à trouver le bon équilibre entre tout ça. Je fais l’un des sports les plus complets au monde, si je ne m’entraîne pas tous les jours, ça ne va pas marcher.

Beaucoup de gens ont découvert le décathlon avec vous, qu’est-ce que ça vous inspire ?

Ça, c’est une de mes plus grandes fiertés dans la vie. Je ne ferais pas autant de médias si c’était juste pour parler de moi. Je me sens redevable envers mon sport, c’est utile de l’amener au grand public et c’est pour ça que j’essaie d’en parler au maximum.

Ça se traduit comment au quotidien, cet attrait nouveau pour le décathlon ?

Je reçois beaucoup de messages où on me dit que des jeunes sont intéressés par ces disciplines, et ça me motive beaucoup. C’est ce que je cherche à faire, inspirer. Pour moi, le décathlon est une école de la vie, je suis persuadé que ça peut permettre à beaucoup de jeunes de se trouver.

On vous sollicite pour venir parler dans les clubs ?

Oui, beaucoup. J’essaie d’y aller quand c’est possible, mais c’est toujours pareil, c’est très compliqué de répondre positivement à toutes les demandes. Tout le monde me parle du record du monde, des titres à aller chercher dans les années à venir, mais on ne se rend pas compte je crois du travail que ça demande. En ce moment je calme beaucoup tout ça parce que oui, ça fera plaisir à plein de gens, mais dans un an si je ne fais rien on dira que je suis fini et on m’aura oublié.

Vous voulez des abdos? Mettez-vous au décathlon.
Vous voulez des abdos? Mettez-vous au décathlon.  - Marko Drobnjakovic/AP/SIPA

Qu’est-ce qu’ils vous disent ces enfants quand ils vous voient ? Que faire dix épreuves en deux jours c’est impossible ?

Ah oui, ils me disent ça souvent ! Avec les petits, c’est toujours hyper drôle. Franchement, c’est ce que je préfère. Je n’ai pas d’anecdote particulière mais leur regard, leur manière d’être toujours naturelle, leur façon d’apprécier la personne pour ce qu’elle est et pas juste vouloir briller à côté d’elle, ça me parle. Je vais bientôt créer un événement, pour eux comme pour les plus grands, pour prouver que tout le monde peut faire un décathlon.

Vous pouvez en dire plus ?

Non, pas pour l’instant. Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai envie de rendre le décathlon accessible, montrer que tout le monde, à son niveau, peut faire un décathlon. C’est un projet auquel je tiens.