ATHLETISMELe débat autour de la remise à zéro des records d'Europe fait toujours rage

Dopage: Le débat autour de la remise à zéro des records d'Europe fait toujours rage

ATHLETISMEDepuis la proposition de la Fédération européenne début mai, chacun y va de son petit commentaire...
L'Allemand Thomas Rohler lors d'une compétition à Kawasaki, le 21 mai 2017.
L'Allemand Thomas Rohler lors d'une compétition à Kawasaki, le 21 mai 2017.  - Shizuo Kambayashi/AP/SIPA
Nicolas Camus

N.C. avec AFP

Le débat agite le monde de l'athlétisme depuis que la proposition a été mise sur la table, tout début mai. La Fédération européenne d'athlétisme (EAA) souhaiterait remettre à zéro tous les records d'Europe - et inscrire tous les records continentaux réalisés avant une date qui reste à définir dans la catégorie «anciens records d'Europe». Ce qui permettrait d'effacer des tablettes plusieurs records européens, qui sont également mondiaux, établis dans les années 80 et largement sujets à caution comme ceux de la Tchèque Jarmila Kratochvilova sur 800m ou de l'Allemande de l'Est Marita Koch sur 400m.

«Il est difficile de juger et de choisir entre les records»

La question a été posée à quelques athlètes ce vendredi en marge des Championnats d'Europe d'athlétisme par équipes. L'Allemand Thomas Röhler, champion olympique du lancer du javelot, a estimé que cette proposition «était un choix politique». «Tout ce qui aide à rendre le sport plus propre est une bonne chose. Mais il est difficile de juger et de choisir entre les records (ceux réalisés avec dopage et les autres). Ce n'est pas l'affaire des athlètes, qui doivent plutôt se focaliser sur le présent, mais du ressort des dirigeants», a-t-il souligné.

L'Allemand est devenu le 2e performeur de tous les temps le 5 mai à Doha avec un jet à 93,90m, loin néanmoins du record planétaire du Tchèque Jan Zelezny (98,48 m), établi en 1996.

Powell et Sotomayor indignés, la proposition débattue début août

Vice-championne olympique du disque, et connue pour ses prises de position sans concession à l'encontre des tricheurs, la Française Melina Robert-Michon est également perplexe. «On peut se poser des questions sur un record du monde à 76m [76,80 m par l'Allemande de l'Est Gabriele Reinsch] quand Sandra Perkovic [suspendue six mois en 2011] a un meilleur jet à 71m [71,08 m précisément]. Il est hyperdifficile de choisir les records. La question est difficile mais il faut aussi la poser», a indiqué la médaillée d'argent des Jeux de Rio.

Nombres de détenteurs de records mondiaux, comme Mike Powell (saut en longueur) ou Javier Sotomayor (saut en hauteur), se sont déjà insurgés contre cette idée. «C'est une solution radicale, c'est certain, avait souligné le président de l'EAA Svein Arne Hansen début mai. Mais les amoureux de l'athlétisme sont fatigués des doutes qui planent sur nos records depuis trop longtemps. Nous avons besoin d'une action décisive pour restaurer la crédibilité et la confiance». La proposition sera débattue lors du conseil de la Fédération internationale (IAAF), début août à Londres.