Londres 2012: Le grand saut de Renaud Lavillenie
JO / PERCHE•Le Français décroche le titre olympique dans la lignée de Pierre Quinon et Jean Galfione...Romain Scotto, à Londres
De notre envoyé spécial à Londres,
Ce n’était pas forcément un deal passé avec son coach, mais désormais Renaud Lavillenie a quartier libre. Sacré champion olympique à Londres, le Français a réalisé l’objectif de sa saison, voire de sa vie, et cela valait bien une petite permission de minuit, vendredi soir, avant d’enchaîner sur des journées un peu plus libres. «Il aura le droit de faire ce qu’il veut. Qu’il se lâche, qu’il profite, confie son entraîneur Damien Inocencio. Les perchistes sont fous et si on les bride trop longtemps ils sont malheureux. Il ne faut pas mettre un lion en cage. Alors laissons le s’amuser de temps en temps»
Grand amateur de sports à risques, le perchiste pourra donc sortir sa moto du garage autant qu’il le souhaite dans les semaines à venir. Mais surtout savourer ce titre olympique, le troisième de la perche française après les sacres de Pierre Quinon et Jean Galfione. Lavillenie en est l’héritier, lui qui a franchit 5,97m pour battre les Allemands Otto et Holzdeppe, vendredi soir à Londres. «C’est une histoire d’entraîneur, insiste Inocencio. Ce sont des gens comme Maurice Houvion (l'ancienc coach de Galfione) qui ont transmis des clés. Ils ne sont pas partis avec leur savoir. Ils nous ont appris des choses. On s’inscrit dans la durée grâce à ces gens là.»
Le meilleur perchiste français de l'histoire pour Mesnil
A vrai dire, jamais le jeune coach n’aurait imaginé travailler avec un futur champion olympique à ses débuts. Pour y parvenir, sa recette consiste à ne jamais se fixer de limite. 6,16, le record du monde? «Si ça ne tenait qu’à moi, je lui aurais dit de le tenter», glisse le plus sérieusement du monde l’entraîneur du Français. Comme si rien ne pouvait lui résister. Lavillenie, c’est un surdoué de 26 ans, capable d’enchaîner 50 sauts à l’entraînement quand ses adversaires se contentent de la moitié. Un compétiteur hors norme, capable de surmonter l’échec des Mondiaux de Daegu (3e en 2011) et d’être sacré quelques mois après une fracture du poignet.
«Il a pris des claques, tout le monde l’avait descendu mais c’était un mal pour un bien, relève le DTN Ghani Yalouz, euphorique après un titre que l’athlé français attendait depuis seize ans. Quand on pense qu’on est au-dessus du lot, c’est bien de descendre sur terre de temps en temps.» Sauf que cette fois, Lavillenie est monté très haut. Si haut que Romain Mesnil fait de lui «le meilleur perchiste français de l’histoire.» «Arriver en tant que favori, c’est dur. C’est une année de pression il faut en faire abstraction, raconte Renaud Longuèvre, entraîneur national qui a mangé avec lui l’après-midi de la compétition. Il avait alors affaire à un athlète détendu, lucide, sûr de lui et pas stressé pour un sou. Ni pour le grand saut.