De notre envoyé spécial à Londres,

Il faut avoir vécu le dernier Euro en Pologne pour se rendre compte du changement. En un an Céline Dumerc s’est métamorphosée selon ses proches de l’équipe de France. La joueue timorée, incapale de prendre le moindre shoot par manque de confiance et excès d’altruisme, est devenue en quelques mois une machine à scorer, l'élément clé qui maintient les Bleues à flot dans le tournoi olympique. Mardi contre la République tchèque, c’est encore un grand match de «Cap’s» (son surnom) qui a permis au Bleues de s’offrir une demie contre la Russie, jeudi prochain.

Toute retournée par la performance de sa meneuse, Isabelle Yacoubou n’avait qu’un mot pour la qualifier: «déesse». Edwige Lawson, l’autre meneuse de l’équipe, conseille déjà à la TP féminine de garder le DVD de la rencontre pour le montrer un jour à ses enfants. «Elle arrive à être au-dessus et gagner le mach à elle toute seule. Elle a été d’une adresse exceptionnelle. C’est l’un de ses plus gros matchs», explique-elle au sujet d’une joueuse auteur de 23 points et 6 passes.

A Londres pour s'amuser

Pour Pierre Vincent son coach, il y a une explication à cette prise de responsabilités soudaine. A Londres, la joueuse de Bourges est totalement libérée. La ferveur des JO, la possibilité de croiser d’autres athlètes et l’envie de profiter de l’événement semblent l’avoir débridée. «Elle est là pour s’amuser. Quand on donne le meilleur de soi même on n’a pas de stress, on n’est pas parasité et là, elle est juste phénoménale.» Ses démons? «Avoir peur d’être favori, peur de perdre quelque chose. Mais elle a grandi aussi.»

Ancien entraîneur de club de Dumerc, Vincent l’a pourtant déjà vu évoluer à ce niveau. Sous ses ordres, la meneuse des Bleus avait déjà réalisé des matchs «stratosphériques». «Mais c’était en 2008, 2009, à une époque où cela avait moins de répercussions parce que personne ne s’intéressait au basket féminin», enchaîne Florence Lepron, sa coéquipière. Trois ans plus tard, revoilà «Cap’s» en train d’aligner les paniers à trois points, de distribuer le jeu, ce qui subjugue aussi Lepron: «Elle nous fait vivre et elle nous fait survivre, c’est la fille qui marque les paniers importants. Quand elle rentre les tirs comme ça, l’équipe adverse ne peut pas faire grand-chose.»

Dédicaces sur le corps de Traoré

Après la victoire contre la Russie en poule, plusieurs joueurs de l’équipe de France masculine avait salué la qualité de jeu de la nouvelle star du tournoi. Certains lui avaient même demandé des dédicaces dont l’une sur un caleçon et l’autre sur le corps d’Ali Traoré, déjà fan de la meneuse. Dommage pour lui et ses coéquipiers opposés mercredi à l'Espagne, Dumerc n’aura pas le droit de jouer avec eux.