BeIn Sport: «Plafonner à 400.000 abonnés serait un échec» selon Charles Biétry
TELEVISION•Le patron de la chaîne affirme ses ambitions...Avec Reuters
Si les chaînes payantes BeIN Sport ne dépassent pas le total des 400.000 abonnés dans un délai d'un an, le pari d'Al Djazira Sport en France sera un «énorme échec», a estimé mercredi Charles Biétry, leur dirigeant. Invité de l'Association des Journalistes médias, il a indiqué qu'il ne disposait pas encore des chiffres détaillés du nombre d'abonnés pour la chaîne BeIN Sport 1, lancée début juin juste avant l'euro de football. Sa joeur jumelle BeIN Sport 2 commencera à émettre le 27 juillet.
«Nous avons un relevé qui va arriver dans quelques semaines. Nous ne pouvons faire que des projections», a-t-il expliqué, en soulignant que le groupe attendait les chiffres en possession des distributeurs de la chaîne. «Ce qui est sûr c'est que la tendance était forte, très très forte et que les chiffres sont apparemment vraiment très », a-t-il ajouté, expliquant que la chaîne recrutait de nouveaux abonnés chaque jour. Interrogé sur l'estimation de 400.000 abonnés évoquée dans la presse, il a refusé de la confirmer, expliquant cependant qu'elle serait nettement insuffisante au regard des ambitions du groupe.
«Pour moi, ce serait un échec énorme si on s'arrêtait à 400.000 abonnés dans un an», a-t-il dit, tout en refusant de communiquer le seuil minimum d'abonnés nécessaires au groupe pour atteindre la rentabilité. Al Djazira Sport, qui a déboursé au total entre 300 et 330 millions d'euros pour l'acquisition de droits sportifs selon Charles Biétry, a choisi un tarif peu élevé pour le lancement de ses chaînes - 11 euros - en faisant le pari d'attirer une masse d'abonnés conséquente. Selon plusieurs analystes financiers, le groupe peut espérer capter 1,5 million d'abonnés au maximum quand il en faudrait plus de trois millions pour remplir son objectif d'atteindre la rentabilité d'ici quatre ou cinq ans.
Un accord avec Canalsat
Charles Biétry a toutefois souligné qu'il était trop tôt pour juger du succès de BeIN Sport moins d'un mois et demi après son lancement, et alors que le groupe vient tout juste de décrocher un contrat de distribution sur le bouquet satellite CanalSat, filiale du numéro un de la télévision payante en France Canal+. Nasser Al-Khelaifi, le président d'Al Djazira Sport, avait qualifié de difficiles les discussions avec le distributeur et BeIN Sport 1 était absente du bouquet CanalSat pour son lancement le 1er juin.
«Je n'avais absolument aucun doute sur l'issue de ces négociations», a déclaré Charles Biétry, qui a réaffirmé ne pas vouloir faire la guerre à Canal+ dont l'offre composite, conjuguant séries, cinéma et sport, n'est pas en concurrence directe avec la programmation 100% sport de BeIN Sport, a-t-il assuré. Plusieurs contentieux existent toutefois entre les deux sociétés en particulier sur le recrutement d'anciens journalistes ou animateurs de Canal+ par BeIN Sport. «Notre stratégie, elle est d'aller conquérir le plus d'abonnés possibles. CanalSat c'est entre 25% et 30% des abonnés potentiels qu'on peut avoir», a expliqué Charles Biétry. Prié de dire si le groupe pourrait viser de nouveaux droits, Charles Biétry a répondu que le groupe étudierait à chaque fois les appels d'offres quand il se présenterait, tout en se montrant vigilant sur leurs coûts. «Je pense que nous avons déjà tout ce que qu'il faut pour réussir», a-t-il toutefois précisé.