Euro 2012: Sergio Ramos contre Pepe, duel de bouchers
FOOTBALL•Adversaires mercredi, les deux très rugueux défenseurs de l'Espagne et du Portugal sont aussi coéquipiers au Real Madrid...Bertrand Volpilhac, à Donetsk
A eux deux, ils forment sans doute la meilleur charnière centrale du monde. Celle du genre à dégoûter les génies du Barça, qui s’y sont cassé les dents plus d’une fois cette saison. Pepe et Sergio Ramos, les deux bouchers du Real Madrid, s’affrontent mercredi soir en demi-finale de l’Euro. Et le duel risque d’être explosif.
Celui qui peut péter les plombs à tout moment: Pepe
Brésilien de naissance, Pepe n’a pas gardé grand-chose du style carioca. Défenseur rugueux, il a fait sa réputation sur quelques coups de sangs magistraux qui ont longtemps terni son image, lui que s'on coéquipier à Madrid Alvaro Arbelo juge comme «l'un des meilleurs défenseurs du monde, agressif, fort et rapide.» Comment oublier ce jour où il a roué de coups de pied un joueur de Getafe au sol? Comment oublier l’image de ses crampons entrant délicatement en contact avec la main de Messi lors d’un clasico, la saison passée? Comment passer sous silence ces insultes répétées aux arbitres, qui lui ont valu deux matchs de suspension en 2012? «Il confond parfois intensité avec violence, s’était un jour lamenté Xavi, le très élégant milieu espagnol. Quand Pepe écrabouille sciemment la main de Messi, ça n’a pas de sens. C'est un comportement brusque et lamentable.»
Celui qui risque se faire expulser: Sergio Ramos
Car la force de Pepe, c’est – quand il ne pète pas les plombs, donc – d’être rude sans se laisser emporter. Il sait mettre des coups, stopper des actions illégalement sans jamais prendre de rouges. Imaginez, depuis le début de l’Euro, il n’a fait qu’une faute. Sergio Ramos, lui, est un spécialiste du retour au vestiaire avant le coup de sifflet final. Un chiffre? En seulement 221 matchs, il est devenu avec onze rouges le joueur le plus expulsé de l’histoire du Real Madrid, devant les 10 en 439 matchs de Fernando Hierro. Elégant d’apparence, Ramos est surtout un boucher de véritable nature, le genre à découper son quota de tibias dans une rencontre.
Celui qui va débloquer la situation: les deux
Avant d’être le défenseur central qu’il est aujourd’hui, Sergio Ramos a débuté chez les jeunes comme attaquant, avant de faire l’essentiel de sa carrière pro en tant que latéral droit. Ce qui explique propension à souvent poursuivre ses actions vers l’avant et de se retrouver devant le but. Bon joueur de tête, il monte aussi sur tous les coups de pied arrêtés et marque souvent (28 buts avec le Real, 6 pour l’Espagne). Tout comme Pepe. Moins bon technicien que Ramos, son physique lui permet de prendre le dessus dans les duels aérien et de débloquer des situations, comme face au Danemark, à cet Euro (3-2). «J'ai pu aider à nouveau mon équipe, mais le plus important est le collectif, déclarait-il alors en toute modestie. On a montré un esprit de sacrifice pour l'emporter.» C’est effectivement bien son genre.