TENNISRoland-Garros: Le double mixte, dernier bastion de la galanterie?

Roland-Garros: Le double mixte, dernier bastion de la galanterie?

TENNISFace aux femmes, les hommes ont parfois des scrupules à frapper très fort dans la balle...
Romain Scotto

Romain Scotto

A tous ceux qui n’ont pas fait leur choix entre les demi-finales des tournois masculin et féminin, le double mixte est un très bon compromis. La finale de l’épreuve, prévue jeudi, est l’une des rares occasions de voir hommes et femmes associés dans une épreuve sportive, en dehors des concours équestres, et des compétitions de patinage artistique, de voile ou de rallyes. Réservés aux spécialistes, ces matchs boudés par le public possèdent une spécificité unique en tennis: un code éthique implicite. Rien n’est écrit mais selon Michaël Llodra, le rapport de forces déséquilibré entre les sexes doit être pris en compte par les joueurs.

«Pour moi, il est impossible d’allumer une fille. Je ne peux pas, c’est contre nature.» Pour son ancien partenaire de double, Fabrice Santoro, «aucune femme ne pourrait retourner la balle de “Mika” s’il servait à fond». Vainqueur en 2004 du tournoi au côté de la Slovaque Hantuchova, le jeune retraité assure qu’il n’a jamais lâché ses coups en double mixte. Mais sur le circuit, tout le monde ne serait pas aussi scrupuleux que lui: «Il y a deux états d’esprit. Le gars qui joue pour s’amuser. Il considère que la courtoisie a sa place. Et celui qui ne fait pas de politesse. Il va regarder la femme comme si c’était un homme.»

«Si mon adversaire allume ma partenaire, derrière j’allume la sienne»

Sans les nommer, Santoro vise les purs spécialistes, qui ont fait de ces compétitions leur gagne-pain principal. Cette année, la paire victorieuse encaissera un chèque de 100.000 euros. La moitié pour les finalistes. Certains ont donc tendance à oublier les règles de courtoisie, comme l’explique Stéphanie Foretz, battue au deuxième tour avec Edouard Roger-Vasselin. «Il y a des mecs qui allument. Pour moi, il n’y a pas de règle tacite. Evidemment, on est beaucoup plus sollicité quand on est une femme sur le court.»

Pour Marc Gicquel, engagé avec Mathilde Johansson cette année, il n’est pas question de faire le moindre cadeau à un adversaire. Même féminin. Face à des joueuses de très bon niveau, il est obligé d’aller chercher chacun de ses points: «Sur la fille, je sers normalement parce que sinon, je prends des gros retours. C’est ce qu’il s’est passé cette année avec Vesnina. Elle renvoyait bien. Après, dans le jeu, si on a une balle facile, on va plus jouer fort sur l’homme que sur la fille, c’est normal. Si mon adversaire allume ma partenaire, derrière j’allume la sienne. C’est le jeu.» Un jeu auquel il ne vaut mieux pas défier Rafael Nadal ou John Isner quand on joue sur le circuit WTA.