TENNISRoland-Garros: Mathieu et Benneteau, les éclopés déchaînés

Roland-Garros: Mathieu et Benneteau, les éclopés déchaînés

TENNISAprès leurs blessures respectives, les deux joueurs sont au troisième tour du tournoi. Inespéré...
Romain Scotto

Romain Scotto

Qu’est ce que la perte d’un point, d’un set, voire d’un match à côté d’une blessure de longue durée? Paul-Henri Mathieu est bien placé pour aborder le sujet, lui qui avait la jambe en morceaux l’année passée. De retour à Roland-Garros, le nouveau PHM s’apprête à disputer le troisième tour du tournoi, contre l’Espagnol Granollers, l’esprit totalement libéré. A 30 ans, le 258e joueur mondial n’a même jamais semblé si détaché. Interrogé à l’issue de son marathon face à Isner, il avouait même s’être fait à l’idée de quitter le tournoi, battu, mais heureux d’avoir participé.

«Même si j’avais perdu, j’avais passé une journée incroyable avec les gens sur le court. Je voulais gagner, mais j’étais prêt à perdre», lâche le revenant, qui savoure depuis quelques jours les «bienfaits» de sa convalescence. «Forcément ces blessures ont changé beaucoup de choses. J'ai pris beaucoup de recul. Avant, je voulais tellement gagner que parfois je me crispais.» Cette sensation de légèreté, d’indifférence face aux résultats, Julien Benneteau la connaît aussi. A côté de l’ostéotomie tibiale de Mathieu, l’élève de Loïc Courteau n’a eu qu’une fracture du coude et une entorse de la cheville à soigner juste avant le tournoi. Mais sa présence au troisième tour reste tout aussi improbable.

Au métier

Fatigué et en manque de repères après cinq semaines passées sur la table de son kiné, «Bennet’» n’a qu’une seule explication à sa réussite actuelle: «Je n'ai rien à perdre. Il y avait très peu de chance que je joue le tournoi et je suis là, ça change pas mal de choses.» En poussant un peu la logique, Guy Forget en vient presque à penser que la blessure a du bon pour les deux revenants. «On ne souhaite pas aux joueurs de se casser la jambe, mais les voir jouer comme ça prouve qu’ils ont franchi un cap. Ils jouent plus libérés», analyse le capitaine de Coupe Davis sortant.

Pour lui, la présence des deux joueurs dans le tableau masculin après six jours de tournoi ne relève pas du miracle, mais de «la très bonne surprise.» L’un et l’autre sont des garçons d’expérience et compensent leur manque de préparation physique par leur «capacité à gérer leurs émotions, jouer les points justes au bon moment. Le métier, c’est ce qui fait la différence.» Encore plus dans les grands rendez-vous.