Sur la terre de Roland-Garros, Paul-Henri Mathieu a toujours été chez lui. Absent du circuit pendant plus d'un an après une lourde opération du genou, l'Alsacien ne s’est jamais vraiment éloigné de la Porte d’Auteuil durant sa convalescence. Consultant pendant le tournoi l’année dernière, puis en bleu de chauffe sur les courts annexes cet hiver, PHM a fêté sur le court 2 son retour en Grand Chelem, en s'imposant en cinq sets face à Bjorn Phau (2-6, 4-6, 6-4, 6-3, 6-0). Cela valait bien une petite larmichette et des remerciements appuyés au public qui l'a aidé à reverser le cours de ce match.

Après les soins intensifs, un réapprentissage de la marche à pied et quelques entraînements assis sur une chaise, le 258e mondial étonne la plupart de ses amis et adversaires en honorant lundi la wild-card de la fédé. «Ce qu’il réalise est vraiment exceptionnel, s’incline Arnaud Clément. Beaucoup étaient sceptiques sur son retour et aujourd’hui on voit bien qu’il fait des matchs de très haut niveau. C’est beau.» Raillé pour son mental évanescent, celui qui déclarait il y a quelques années vouloir «gagner Roland» a prouvé qu’il n’était pas prêt de capituler, même à 32 ans.

Enchaîner les matchs

«Paulo a une force en lui. Il n’a jamais rien lâché et je ne suis pas étonné de le voir ici», ajoute Julien Benneteau, qui se remet quant à lui d’une blessure au coude et à la cheville. Une vétille à côté de l’ostéotomie tibiale de PHM. Longtemps gêné par des hernies discales en début de carrière, Jo-Wilfried Tsonga a lui aussi fait chauffer sa carte vitale. Pour lui, le combat de Mathieu est admirable, mais il n’avait rien d’insurmontable. «Le revoir, ça ne m'étonne pas. On a tous des blessures. Quelque part c’est notre job. La blessure que j'ai eue, il n’y a pratiquement aucun joueur qui a continué, tous les joueurs qui ont eu la blessure que j'ai eue dans l'année qui a suivi ont pris leur retraite. Mais je suis toujours là et c’est ce que je souhaite à Paul-Henri.»

De son côté, Stanislas Wawrinka a beau se creuser la tête, il n’a pas le souvenir d’un retour à ce niveau après une telle opération. «C’est vraiment très beau à voir. Je me suis renseigné et c’est l’un des premiers sportifs qui se remet d’une blessure pareille. Forcément on est content de le revoir. J’espère qu’il va pouvoir enchaîner les matchs. Le niveau de jeu, il l’a. Les frappes aussi.» Après dix tournois et huit succès et un premier tour passé, il ne lui reste plus qu’à tenir la cadence sur d'autres matchs en cinq sets. Et pourquoi pas, rêver d'une autre victoire au prochain tour face à John Isner.