Londres 2012: Le porte-drapeau doit-il être issu du monde amateur?
SPORT•Plusieurs sportifs de l'Insep s'identifient plus à Laura Flessel qu'à Tony Parker...Romain Scotto
L’un n’a jamais participé aux Jeux mais clame son amour du maillot depuis des années. L’autre n’a pas l’aura internationale d’une star NBA mais compte l’un des plus beaux palmarès du sport olympique français. Entre Tony Parker et Laura Flessel, les deux favoris pour défiler le 27 juillet drapeau en main dans le stade olympique de Londres, le match des porte-drapeaux en campagne divise les six membres du comité de désignation. Avant que le nom de l’élu(e) ne soit dévoilé ce lundi à 15h au CNOSF, les deux athlètes auraient tous deux reçu trois voix lors d'un premier vote. Un second tour de table, sans Tony Estanguet, l'un des jurés, aurait permis de dégager une majorité. En attendant, du côté des sportifs français, le nom de Flessel, incarnation du mouvement olympique et du sport amateur, reçoit un peu plus d’intentions de vote que celui de TP.
Sans évoquer une fronde anti-Parker, l’escrimeur Gautier Grumier avoue ne pas s’identifier à une star du basket: «Je n’ai rien contre lui, je ne le connais pas. Ce qui se dit dans le milieu, c’est que c’est la première fois qu’il fait les Jeux. Est-ce qu’il est légitime pour porter le drapeau? Je n’en sais rien. Pour l’escrime, avec Laura Flessel on serait content.» Le vécu olympique de la «Guêpe» est aussi un argument de poids pour Adrien Hardy, champion olympique d’aviron en 2004, qui tranche sur Twitter: «Arrêtez vos conneries avec Tony, il aura bien le temps de l'être en 2016 après nous avoir donné l'or 2012.» Comme lui, les nageurs Camille Lacourt, Fabien Gilot et Laure Manaudou ont pris publiquement position en faveur de Flessel.
«Décider des priorités à mettre en avant pour représenter la France»
Lucie Décosse, dont le nom avait un temps circulé, a beaucoup réfléchi à cette guerre de clochers entre professionnels et amateurs. Mais la judoka médaillée d’argent de Pékin refuse de trop se mouiller: «Quand on est athlète issu des sports moins médiatisés, on a envie que ce soit quelqu’un qui nous ressemble. Le basket, c’est une autre sphère. Mais j’ai évolué. Beaucoup de pays ont pris des basketteurs comme porte-drapeau. Alors pourquoi pas?»
Dans la famille olympique, Parker bénéficie surtout du soutien de Tony Estanguet, qui l’a clairement adoubé. Le porte-drapeau sortant -qui est, comme lui, consultant RMC- fait partie du comité de désignation et souhaite dépasser le clivage amateurs – pros: «Je pense qu’il ne faut pas s’enfermer dans ce genre de comparaison. Est-ce que Tony Parker est légitime? Oui. Il a réussi dans son sport dont la référence est la NBA, Il faut prendre plus de recul par rapport à ça et décider des priorités à mettre en avant pour représenter la France.» En guise de réponse, Denis Masseglia répète souvent que les valeurs, le palmarès et le charisme, ne sont pas l’apanage d’un sport par rapport à l’autre. «Il s’agit avant tout de personnes qui vont à Londres pour une performance sportive.» C’est encore ce qui compte le plus quand on s’apprête à aller aux Jeux.