Pourquoi la France n'aime pas Paris et le PSG

Pourquoi la France n'aime pas Paris et le PSG

FOOTBALLDe la Commune en passant par l'arrivée des Qataris, les raisons d'un désamour historique...
Alexandre Pedro

Alexandre Pedro

A en croire Carlo Ancelotti, il y a dans chaque Français un supporter montpelliérain caché qui rêve de voir la multinationale PSG coiffée au poteau par la PME héraultaise. Selon une indiscrétion du journal Le Parisien, l’entraîneur italien aurait demandé à ses hommes d’ignorer critiques et sarcasmes puisque de toute façon, les observateurs et le grand public souhaitent «voir Montpellier champion de France». Au-delà d’un début de parano, l’entraîneur du deuxième de la Ligue 1 saisit déjà mieux dans quel pays il vit désormais.

Avant d’être l’équipe des Qataris et des transferts à 42 millions d’euros, le PSG est le club de Paris, cette capitale omnipotente et mal aimée, à en croire Bernard Marchand. Auteur d’une livre au titre évocateur Les ennemis de Paris -La haine de la grande ville des Lumières à nos jours, cet universitaire donne un cours d’histoire accéléré à l’usage de Javier Pastore et ses partenaires. «Il existe depuis 1871 et la Commune de Paris une grande opposition Paris/province et même un certain ostracisme. Tout une partie de l’opinion (surtout à droite d’ailleurs) a considéré que les habitants des grandes villes n’étaient pas des vrais Français. Ce ressentiment est encore plus accru vis-à-vis de Paris. Cela dure encore, il suffit d’entendre Jean-Pierre Raffarin évoquer la France d’en bas.»

Paris paie pour la France

Pour l’instant, le PSG est en haut mais «tout le monde a envie de nous faire tomber», remarque le défenseur Christophe Jallet. L’explosion de joie du président de Nancy, Jacques Rousselot, illustre bien cette idée qu’une victoire contre le PSG vaut plus que trois points. «La province a l’impression de payer pour la capitale, reprend Bernard Marchand. Or, c’est exactement l’inverse. En France, 19 régions sur 22 sont subventionnées à 94 ou 95% par l’Ile-de-France, qui tient le pays à bout de bras. Plutôt que de remercier Paris et sa région, on préfère la détester parce qu’on lui doit beaucoup. C’est assez humain.»

Le rachat du PSG par les Qataris n’aurait fait que renforcer l’image d’une ville éloignée du pays réel. «Paris a toujours été vu comme une ville cosmopolite, donc pas française, juge Marchand. L’arrivée du Qatar renforce ce préjugé.» Heureusement pour les Parisiens, certains Provinciaux ne leur veulent aucun mal à l’image de… Louis Nicollin. Oui, le président de Montpellier. «Je leur souhaite vraiment de réussir, et même d’être champions. C’est un grand club, jure-t-il la main sur le cœur. Et puis bon, c’est quand même la capitale quoi.»