INTERVIEWPhilippe Lucas: «Laure Manaudou doit prétendre à une médaille aux Jeux»

Philippe Lucas: «Laure Manaudou doit prétendre à une médaille aux Jeux»

INTERVIEWL'entraîneur des nageurs du Lagardère Paris Racing dresse le bilan de ses championnats de France...
Propos recueillis par Romain Scotto, à Dunkerque

Propos recueillis par Romain Scotto, à Dunkerque

Pendant une semaine, l’entraîneur au marcel n’a pas arrêté les allers-retours en bord de bassin. Chrono à la main, Philippe Lucas n’a pas lâché d’une semelle ses nageurs, y compris pendant leur échauffement. Autant dire que rien ne lui a échappé dans le bassin de Dunkerque, où se terminent dimanche les championnats de France.

Quel bilan tirez-vous de vos nageurs du Lagardère Paris Racing?

Il y a eu du très bon, du moyen et du pas bon. Le très bon, c’était Leveaux. Il était capable d’enchaîner plusieurs courses à un certain niveau (12). Ça faisait longtemps qu’il ne l’avait plus fait. Il était présent quand il fallait être là, même si c’est dommage qu’il ne soit pas dans les deux sélectionnés du 100m. Il fait ses meilleurs temps. Ce sont de bons championnats.

On vous a senti souvent derrière lui pendant la semaine. Il ne fallait pas le lâcher?

Oui, il faut faire attention à la récupération, ne pas prendre un coup de froid. Quand vous enchaînez beaucoup de courses comme ça, il ne faut pas traîner. Je veux bien qu’il parle aux journalistes, mais il ne faut pas rester vingt minutes. A part ça, Momo, il faut toujours avoir un petit œil sur lui. Bon, c’est un grand garçon, il sait se préparer aussi. Il a quand même de l’expérience ce mec. Je ne suis pas derrière ses fesses toutes les deux minutes.

Comment expliquez-vous qu’il ne soit à son meilleur niveau que lors des années olympiques?

Oui, il a du mal à se motiver. Déjà toute l’année, c’est difficile. Il faut vraiment qu’il soit au pied du mur. Là, il n’avait pas le choix. Mais il a perdu beaucoup de temps quand même. Le plus dur avec lui c’est qu’il soit bon au quotidien à l’entraînement. Après, en compétition, on sait qu’il est talentueux, même si des fois, il peut faire n’importe quoi. Quand tu fais autant de courses que lui, t’as intérêt à avoir la caisse. En finale du 100m, c’était le seul mec qui avait déjà fait huit épreuves. Ce n’est pas facile tous les jours. Ça va peut-être le booster. Ou sinon, c’est le contraire. C’est Ibiza et c’est parti. Il va falloir qu’on ait une bonne discussion parce que je ne l’entraîne que s’il est sérieux et qu’il ne me fait pas chier. Autrement je reste chez moi avec mes potes.

Serez-vous présent à Londres?

Normalement. Pas avec l’équipe de France. Je me suis déjà engagé auprès de la fédération roumaine [il entraîne Camélia Potec, ndlr]. Je travaille avec eux depuis longtemps. Il n’y a pas de problème. Je serai quand même auprès d’Amaury, bien sûr.

Malgré sa qualification aux Jeux, vous n’étiez pas très impressionné par votre ancienne élève, Laure Manaudou…

Je savais qu’elle allait se qualifier, c’était sûr. Ce que je veux dire, c’est qu’avec les temps qu’elle a fait, il faut qu’elle élève son niveau pour les Jeux olympiques. Si elle continue pendant les quatre mois qui restent, pourquoi ne pas parler de titre olympique? Elle peut faire vraiment quelque chose à Londres. Elle a répondu présent en se qualifiant, c’est une étape. Maintenant, elle doit prétendre à une médaille, voire mieux.

Vous lui avez parlé pendant ces championnats?

Non, c’est «bonjour» quand on se croise. Mais c’est tout. On n’a pas de problème.

Votre avenir s’inscrit-il toujours à Paris?

Oui, je suis bien au sein du groupe Lagardère. J’ai tout ce qu’il faut pour bien m’entraîner. J’aime beaucoup Arnaud Lagardère, c’est quelqu’un de droit. Je veux rester là bas. Après les Jeux, je ne sais pas. Pour l’instant, j’ai beaucoup de nageurs qui vont arrêter [Potec notamment, ndlr]. Il faudra voir comment ça va se passer. Mais je ne suis pas inquiet.

Vous n’avez pas en tête l’identité du futur crack que vous entraînerez dans les années futures?

Je ne sais pas. Il n’est pas encore à Lagardère en tout cas. Ce n’est pas ça le problème. Si Lagardère veut quelque chose, il l’a. Personne ne peut rivaliser. Le problème, c’est que les gens veuillent bien s’entraîner avec moi. Ce n’est pas toujours le cas.