France-Angleterre: Le Crunch croustille-t-il encore?
RUGBY•Malgré l'absence de polémique, l'Angleterre n'est toujours pas un match comme un autre...Alexandre Pedro
Dimanche à 16 h, les Bleus ont rendez-vous à l’heure du thé avec l’Angleterre. L’occasion de raviver une fois de plus les épisodes qui fâchent entre les deux pays, de Jeanne d’Arc sur le bûcher à Bertrand Delanoë criant à la perfidie après l’attribution des JO de 2012 à Londres. Loin de toutes ces considérations historiques, les joueurs du XV de France préparent eux leur quatrième match dans ce Tournoi des VI Nations. «Franchement. Je m’en fous complètement de tout ce folklore», coupe Julien Malzieu. L’ailier dit même «n’avoir aucun contentieux avec les Anglais».
«Les Anglais, on ne les aime pas»
Impensable il y encore 20 ans, cette douce indifférence a gagné les esprits avec l’avènement du professionnalisme. Oubliez Brian Moore et ses «barbares français», l’époque n’est plus à l’échange de mots aigres-doux par journaux interposées comme l’explique Clément Poitrenaud. «Il y a toujours cette petite étincelle mais on n’a plus le temps pour la guerre des mots. On a deux entraînements par jour, la musculation, la vidéo. C’était possible à l’époque, plus maintenant.» Huit crunchs au compteur, Julien Bonnaire dresse le même constat. «C’est comme les derbys, la saveur n’est plus la même», constate le Clermontois «pas nostalgique pour autant».
France-Angleterre deviendrait-il alors un match comme un autre? Le plus britannique des sélectionneurs tricolores se veut rassurant. «Ce match dépassera toujours le cadre du rugby, rappelle Philippe Saint-André (champion d’Angleterre avec Sale). Quand Français et Anglais se mettent sur la courge, les gens ont envie de regarder.» Moins diplomatique que ses partenaires, le deuxième ligne Pascal Papé n’a pas l’intention de partager un cottage l’été prochain avec ses adversaires de dimanche. «Les Anglais, on ne les aime pas et ça tombe bien, eux non plus.»
Traumatisé par l’Angleterre des années 90
Si Julien Malzieu assure qu’une «défaite contre l’Ecosse ou l’Italie fait tout aussi mal», l’Anglais n’a pas son pareil pour la rendre plus cruelle. «Ils chambrent beaucoup quand ils sont devant, dénonce Bonnaire. Si on rate quelque chose, ils vont venir nous taper sur la tête. C’est le genre de petit détail qui agace.»
Comme le redouté «Sorry good game» cher à Will Carling, capitaine d’une imbattable Albion au début des années 90. Simple supporter à l’époque, Jean-Baptiste Poux en parle encore avec de l’effroi dans la voix. «Cette période m’a traumatisé, admet le pilier toulousain. Ils avaient toujours le truc pour nous battre et nous faire dégoupiller.» Doux ou âcre, le goût d’un premier Crunch reste très longtemps en bouche et ce n’est pas près de changer.