PORTRAITJean-Marc Mormeck s'attaque à une montagne

Jean-Marc Mormeck s'attaque à une montagne

PORTRAITJean-Marc Mormeck affronte BOXE - Le Français est opposé à Wladimir Klitschko samedi à Düsseldorf pour le titre de champion du monde des poids lourds...
Jean-Charles Bares

Jean-Charles Bares

C’est son ultime défi. A 39 ans, Jean-Marc Mormeck touche du bout des gants un rêve de gosse: devenir le premier français champion du monde des poids lourds. Ceux qui l’ont croisé, ceux qui l’ont connu, ses proches nous racontent un boxeur atypique qui a toujours cru en son destin, malgré la défaveur des pronostics.

Sur le ring, ni flamboyant, ni virtuose - «Je l’ai longtemps observé à ses débuts à Noisy-le-Grand se rappelle Jean-Claude Bouttier, ancien champion d’Europe. Il y avait des piscines de sueur sur le sol! On ne peut pas dire qu’il ait été très doué à la base, mais c’est un immense travailleur.» A force, Mormeck s’est forgé un style parfaitement adapté à sa morphologie: simple, mais terriblement efficace. «Jean-Marc n’a jamais été un puncher. C’est un boxeur très compact, Il presse constamment l’adversaire, avec des séries de trois quatre coups très rapides» explique Cyril Seror, ancien champion de France des poids lourds.

Au talent pur, Mormeck oppose une condition physique hors-normes. «Chaque round qui passe, il monte en régime, et il étouffe son adversaire poursuit Cyril Seror. A l’époque de ses titres (2002-2007), personne ne résistait.» La griffe n’a jamais vraiment changé, mais elle a souffert le poids des années, et les 10 kilos pris par Mormeck pour monter chez les poids lourds en 2009.

Dans sa tête, envers et contre-tous - «Jean-Marc a toujours fonctionné au challenge, il se fixe des objectifs, note Jean-Claude Bouttier. L’avantage, c’est qu’il s’y tient.» Et peu importe si le duel semble particulièrement déséquilibré pour le «petit» français (1m83). «Wladimir Klitschko fait presque 2m, quinze kilos de plus que Jean-Marc, et il frappe comme une mule, explique Cyril Seror. Sur le papier, il n’a quasiment aucune chance». Mais Mormeck n’a pas peur des causes perdues, bien au contraire.

Quand on ne vit que pour repousser ses limites, on développe un certain gout pour la contradiction. «Si vous ne le croyez pas, il va vous prouver le contraire», ajoute Lucien Dauphin, son entraîneur et ami. «Jean-Marc est un champion, avec un gros égo, note Cyril Seror. Sa première qualité, c’est son mental. Il n’a pas peur de Klitschko, il ne reculera pas, c’est ce qui fait qu’il peut nous surprendre. Ses plus grands combats, il les a fait au moment où personne ne l’attendait.»

En dehors du ring, timide et exigent - Dans la vie civile, Mormeck est un homme «très réservé, pas le genre à parler pour ne dire», atteste Jean-Claude Bouttier. «Il faut du temps pour rentrer dans son cercle d’amis, confirme Lucien Dauphin. Il est méfiant, et si vous lui faites une crasse, je peux vous garantir que c’est fini.»

«Jean-Marc a parfois du mal à se livrer, à montrer sa sensibilité, même avec ceux en qui il peut avoir confiance, confie Frederic Roualen, son préparateur physique depuis 2004. Parfois, ça doit être lourd à porter.» Exigent, avec lui, avec les autres, dans la vie comme à l’entraînement, Mormeck et son idéal ne supportent guère la contrariété. «Oui, on peut dire qu’il est un peu susceptible, concède Lucien Dauphin. Mais avec son caractère, avec l’ambition qu’il a en lui, c’est presque normal.»