CYCLISMELutte antidopage: Le bracelet électronique au chevet des cyclistes?

Lutte antidopage: Le bracelet électronique au chevet des cyclistes?

CYCLISMEPlus simple et moins contraignant que le logiciel Adams, il permettrait aux coureurs d'être localisés en permanence par les préleveurs...
Romain Scotto

Romain Scotto

Dans le peloton, la qualité première d’un coureur n’est plus sa rapidité au sprint ou sa giclette en montagne. Il s’agit avant tout d'apprivoiser Adams. Avec ce logiciel de localisation en ligne, il n’y a plus de place pour l’étourderie. Ce formulaire informatique, qui permet aux préleveurs de tracer les coureurs en cas de contrôles inopinés, a fait une nouvelle victime en début de semaine avec Yoann Offredo. Comme Grégory Baugé ou Jeannie Longo, le coureur de la FDJ a fait preuve de légèreté au moment de renseigner ses données. Victime de trois «no-show» en moins de 18 mois il n’a plus le droit de courir pendant un an. Cela lui laisse le temps de clamer sa bonne foi, se dire «triste, désabusé, meurtri», et grogner contre la complexité du logiciel Adams.

Indiquer heure par heure son emploi du temps sur un registre n’est pas vraiment adapté à la vie d’un cycliste de haut niveau. Les sorties annulées pour cause d’intempéries, les changements d’hôtels de dernière minute doivent pourtant y être répertoriés. Idem quand il s’agit de vacances improvisées ou d’une visite éclair chez une maîtresse. Quitte à bafouer leur vie privée, certains proposent un système beaucoup plus radical afin d’être pistés: le port d’un GPS ou d’un bracelet électronique, les déchargeant de toute les contraintes de renseignements.

Plusieurs coureurs en sursis

A l’origine, l’idée a été lancée par un directeur sportif, Jonathan Vaughters (dont l’équipe est sponsorisée par Garmin, un fabriquant de GPS), puis reprise par Thomas Voeckler. Le leader d’Europcar ne verrait aucun inconvénient à vivre avec «une puce de téléphone, un bracelet ou une puce sous la peau». Chez les Français, Jimmy Engoulvent apprécie aussi l’idée. Le coureur de Saur Sojasun en parle régulièrement avec ses coéquipiers et assure que «beaucoup y sont favorables.»

«Le port du bracelet électronique, c’est tout sauf une blague. Je suis très sérieux quand je dis ça. C’est tellement contraignant de s’occuper d’Adams qu’on préfèrerait ce moyen là pour être localisés. Il n’y aurait pas de malentendu», souligne l’ex-poisson pilote de Jimmy Casper. Chaque semaine, il passe au moins une heure à remplir son formulaire en ligne, vérifier les erreurs, sans avoir la certitude de ne pas se tromper. Chez Saur, le coureur est maître de son compte Adams. Un responsable de la logistique est juste chargé de lui indiquer les adresses des hôtels. Du coup, les imprécisions sont courantes. A ce jour, Engoulvent compte d’ailleurs un «no-show» dans la musette. Dans le peloton, il se cacherait plusieurs coureurs dans la même situation et même quelques-uns en sursis, avec deux avertissements. A quatre mois et demi du Tour de France, l’étourderie peut faire beaucoup plus de dégâts qu’un produit dopant.